L'événement sera sans doute de taille. Pour la première fois depuis sa fondation il y a 64 ans, la Ligue des Etats arabes organisera, d'ici la seconde moitié de 2011, un sommet axé exclusivement sur la culture dans les pays arabes. C'est ce qu'a annoncé M. Mohamed El Aziz Ben Achour, directeur général de l'Alecso, hier matin, au cours d'une conférence de presse donnée à l'Atce. A ses côtés, les membres de l'équipe chargée des préparatifs de ce sommet : Messieurs Soliman Abdelmoniem, secrétaire général de la Fondation de la pensée arabe, Mohamed Eddali et Mamdouh Al Maoussili, respectivement conseiller spécial et directeur de la division culturelle au secrétariat général de la Ligue des Etats arabes. La décision d'organiser le sommet découle d'une proposition qui avait été émise par le Prince Khaled El Fayçal, président de la Fondation de la pensée arabe, lors du sommet arabe de Syrte (Libye, mars 2010). Son annonce à Tunis s'avère être significative pour notre pays dont les choix stratégiques culturels, comme l'a souligné M. Ben Achour, lui valent une dynamique de la création et de la pensée citée en exemple. C'est aussi à Tunis qu'a eu lieu la première réunion de l'équipe des préparatifs du sommet qui répond à un vieux rêve des intellectuels arabes. Quelles seraient les motivations essentielles de ce sommet ? Comment se présentent ses préparatifs ? Quelles sont leurs options fondamentales ? Quelle méthodologie sera adoptée pour assurer la pertinence de ces préparatifs et du sommet lui-même ? Tour à tour, MM. Ben Achour, Abdelmoniem, Eddali et Maoussili ont répondu à ces questions. Concernant les motivations du sommet, il semble que la culture arabe passe par des difficultés intrinsèques, dans la mesure où elle est confrontée à des problèmes de croissance en tant que secteur en voie d'industrialisation. D'un autre côté, des défis extérieurs viennent souvent compliquer cette condition problématique. Ils menacent notre identité et notre patrimoine. Aussi sommes-nous redevables à notre culture d'un effort soutenu. Au niveau de l'analyse de sa condition, de l'établissement des diagnostics susceptibles de nous indiquer les orientations d'une intervention judicieuse et efficiente. Une consultation fédératrice Pour assurer l'efficacité des préparatifs du sommet, des options fondamentales ont été élaborées par l'équipe de l'Alecso et de la Ligue des Etats arabes. Il n'y aura aucunement de la place pour les démarches approximatives ni pour l'extrapolation. Le mérite de cette pléiade d'intellectuels doublés de penseurs de haute facture réside dans cette méthodologie rationnelle : seront impliquées dans l'approche de la condition culturelle de chaque pays arabe membre de la Ligue, les institutions publiques. Mais les organisations civiles ne seront pas pour autant exclues, et encore moins les individualités; cela aussi est une première dans le fonctionnement et l'état d'esprit des instances culturelles arabes. A l'instar de la démarche consultative adoptée par le modèle culturel tunisien, la totalité des ressources créatrices et pensantes seront traitées comme des potentialités référencielles. C'est pour ainsi dire d'un choix de proximité culturelle, d'une conception organique que les préparatifs du sommet se feront prévaloir. Non seulement ce choix est salutaire pour la culture arabe elle-même, mais en plus, il constitue une garantie pour la rigueur des dossiers à débattre. Qui plus est, ces dossiers seront renforcés par une étude de faisabilité englobant les dimensions humaine, financière et politique. D'ores et déjà, deux grandes questions font le consensus. Il s'agit de la création artistique et du patrimoine. D'autres questions ont été évoquées, et semblent susciter l'intérêt des organisateurs‑: la protection sociale des créateurs et des intellectuels et la préservation de la langue arabe. L'une des attentes du sommet est d'aboutir à la création d'une chaîne télévisée panarabe. Tout comme l'organisation d'un marché arabe des arts. L'opportunité‑: la célébration du dixième anniversaire de la fondation de la pensée arabe. Créateurs, intellectuels, chercheurs sont donc invités à se prononcer sur les défis qu'affronte la culture arabe. Ils sont également appelés à imaginer les voies susceptibles de relever ces défis, de restituer à leur culture ses titres de noblesse et de définir les moyens d'un nouvel élan en phase avec les mutations sociales culturelles, économiques et politiques tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de leur pays.