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Du bon usage de la tenue vestimentaire à l'université
Publié dans La Presse de Tunisie le 23 - 10 - 2011


Par Mohamed Larbi BOUGUERRA
J'ai suivi, éberlué et un tantinet incrédule face à la violence qu'elle a déchaînée, l'affaire du niqab à la faculté des Lettres de Sousse et, au final, je ne sais s'il faut en rire ou en pleurer.
Cette jeune étudiante en niqab — et toutes celles qui auraient la mauvaise idée de porter cet accoutrement — risque en effet de se casser la figure lors des sorties sur le terrain du département de géographie par exemple. Imaginez cette pauvre étudiante en niqab relevant des lignes de niveau dans un terrain accidenté ou prélevant des échantillons dans un cours d'eau. Elle risque à tout moment de se tordre le cou ! Plus généralement, une étudiante en niqab pourra-t-elle respecter les normes de sécurité au laboratoire de chimie ou de biochimie en faculté de Sciences ou en faculté de Médecine ? Pourra-t-elle herboriser dans le cadre d'un cours de botanique ou d'agronomie ?
Soyons sérieux. Cet accoutrement est bien loin de nos us et coutumes. Il vient du fin fond de la Péninsule arabique. Ce n'est pas ce lugubre chiffon qui fera d'une femme une bonne musulmane. Non ! Le cheikh Mohammed Abdou (1849-1905), de retour en Egypte après son exil en Europe, notait : « En Europe, j'ai trouvé l'Islam mais pas des musulmans. Ici, au Moyen-Orient, je trouve des musulmans mais pas d'Islam». Ce réformateur voulait dire que, ce qui compte, ce n'est pas l'observance mécanique des gestes et du rituel mais les actions et le comportement des gens. En un mot comme en cent, leur morale et leur éthique.
Mais quel gâchis et quelle perte de temps dans nos institutions universitaires autour de ces questions exhumées par certains pêcheurs en eau trouble !
La Science est, aujourd'hui, le moteur du développement, de la croissance et de la création d'emplois. Mais certains préfèrent discuter du sexe des anges. Or, que constate-t-on dans le monde, autour de nous? La Chine et le Japon, qui ont fait des pas de géant dans le domaine du savoir et du développement tous azimuts jusque et y compris l'espace, ont complètement laissé de côté la question religieuse. Mieux, la tolérance religieuse…est une religion au Japon, puisqu'on y naît bouddhiste et on meurt shintoïste si on le désire !
A l'heure où la science décide de la puissance des nations, il est criminel pour un petit pays sans autres grandes ressources naturelles que l'intelligence de ses enfants de porter atteinte à l'Université, à ses hommes et à ses équipements.
L'année 2011 a été déclarée «Année internationale de la chimie» par l'ONU. Peu d'échos hélas ! dans notre pays de cette célébration d'une science qui a fait, entre autres pays, la puissance de l'Allemagne (l'aspirine synthétisée par un chimiste allemand a donné ces mastodontes industriels que sont Bayer et la BASF), de la Grande-Bretagne (les colorants synthétiques de Perkin ont révolutionné un pan entier de l'agriculture et conduit à la ruine les paysans du sud de la France où l'on cultivait la garance pour en extraite l'alizarine, une teinture végétale), la synthèse de la quinine – médicament antipaludéen — par deux pharmaciens français a aidé à l'établissement de l'empire colonial africain de la France… Pour ce qui concerne notre pays, sitôt son protectorat imposé à la Tunisie en 1881, la France a commencé à exploiter le phosphate du bassin de Redeyef-Metlaoui dès 1883, car le vétérinaire militaire Philippe Thomas, féru de géologie et installé en Algérie, connaissait la valeur du minerai qu'il avait fait analyser à l'Ecole des Mines, Boulevard Saint Michel à Paris !
Plus près de nous, que voit-on ? Le Prix Nobel de chimie 2011 a été remporté par l'Israélien Daniel Shechtman et non par un barbu ou par une dame arborant niqab. Le seul Prix Nobel de chimie d'origine arabe vit et travaille aux Etats-Unis. La découverte par cet Israélien des quasi-cristaux en 1982 dans un alliage aluminium-manganèse lui a valu cette distinction. Elle couronne la ténacité d'un homme qui a tenu face aux idées admises en cristallographie qui réfutaient — à tort — sa découverte. La science peut être remise en question. Elle n'a point de certitudes absolues. Elle est une école d'humilité. Linus Pauling, le grand chimiste américain — deux fois Prix Nobel — enseignait aux jeunes de ne croire que «leur esprit» et qu'aucune «autorité» n'existe en science. Galilée, Lavoisier, Einstein...ont été remis en question.
Alors de grâce, si nous voulons rejoindre le concert des nations émergentes, voire développées, encourageons notre jeunesse à épouser les valeurs scientifiques et épargnons à notre Université ces débats et cette violence d'un autre âge ! Le grand journaliste Samir Kassir, traîtreusement assassiné par des lâches à Beyrouth en juin 2005, écrivait : «Par un extraordinaire dessein de la nature, les principaux champs d'hydrocarbures se retrouvent dans des pays qui ont été en marge de l'histoire arabe depuis des siècles et qui n'ont pas connu le même développement politique et intellectuel. Deux pays y font exception, l'Algérie et l'Irak… La manne pétrolière a donné davantage de moyens aux élites gouvernantes de ces pays pour chercher à agir dans le champ des relations interarabes. Si bien qu'avec la richesse pétrolière, le monde arabe a été rattrapé par l'arriération des pays de la péninsule arabique. ...Mais l'Arabie Saoudite a surtout nivelé par le bas le reste du monde arabe. Et le visage invisible des femmes qu'elle a réexporté un peu partout en est la plus triste preuve.» (Samir Kassir, «Considérations sur le malheur arabe», Actes Sud, Arles, 2004, p.86-87). Notre pays, notre Université et notre jeunesse se doivent d'effacer ce pénible témoignage qu'est le niqab !


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