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Résultats d'un premier grand test
Démocratie tunisienne
Publié dans La Presse de Tunisie le 27 - 10 - 2011

Neuf mois après la chute de la dictature, les Tunisiens sont allés voter et ils l'ont fait très massivement à concurrence de plus de 75 % des électeurs (inscrits volontaires) et près de 15% des électeurs non inscrits, et ils l'ont fait dans une proportion de 40% (87 sièges) — aux dernières nouvelles — pour une formation islamiste (Ennahdha) à grande incrustation dans le tissu social, fortement réprimée par la dictature et les dernières années de Bourguiba, et aigrement critiquée par la gauche moderniste au lendemain du 14 janvier. Ils ont voté en proportion bien moindre — près de 20% (40 sièges) — pour un parti de centre le CPR (Congrès pour la République) proche d'Ennahdha et à moins de 10% pour un parti de gauche modérée Ettakattol (Forum pour le travail et les libertés) qui ont tous deux revendiqué l'identité musulmane de la Tunisie et n'ont pas concentré leur campagne sur une critique d'Ennahdha. Les Tunisiens ont très faiblement plébiscité les modernistes et les libéraux. Ils ont exclu les listes indépendantes quelles que soient leurs idéologies et leurs promesses, sauf une...
Hechmi Hamdi dans l'angle noir des sondages et de tous...
Grande surprise du vote du 23 octobre, les Tunisiens ont voté à plus de 10% la «Pétition populaire pour la liberté, la justice, le progrès et l'égalité...». Une formation indépendante fantôme qui a mené une campagne généreuse, invisible et fulgurante de la toute dernière heure, héritant sur le terrain de circuits de persuasion quasi similaires à ceux du RCD. Aucun acteur politique n'a vu venir la «Pétition», qui est aujourd'hui au centre d'un large mouvement de contestation, de plusieurs projets de recours devant le tribunal administratif (concernant la médiatisation de sa campagne), outre la position de l'Isie qui n'exclut pas l'éventualité d'une invalidation de ses listes au cas où le rapport de la Cour des comptes viendrait à remettre en cause la justesse du financement de sa campagne et outre les zones d'ombre qui entourent la personne même de l'artisan de la pétition ; Hechmi Hamdi et surtout la physionomie de ses listes, ses têtes de liste et de son électorat que beaucoup partagent entre démunis manipulés et orphelins du RCD. Quelles que soient les conjectures du moment, aucun acteur politique, aucun sondage n'a vu venir la « Pétition...».
Pour le reste, les sondages ont vu juste, sauf sur l'essentiel : les proportions réelles de la victoire d'Ennahdha, les écarts avec les partis qui lui succèdent directement et la dégringolade quasi accidentelle du PDP, formation traditionnelle de gauche, classée deuxième après Ennahdha dans les intentions de vote des plus sérieux de ces sondages.
C'est à peu près ce que révèlent les grands traits du paysage post-électoral dessiné à la lumière des résultats, encore partiels mais sans équivoque, de ce tout premier grand test de démocratie qu'est l'élection de l'Assemblée constituante.
Outre ses surprises, la première épreuve de démocratie tunisienne révèle un autre trait dont on écarte a priori l'ampleur : irrégularités et dépassements que les médias dénoncent et les observateurs minimisent, en attendant les bien-fondés des uns et des autres. Car même si, aux dernières estimations, la fraude n'aurait aucunement influencé le cours du vote et ses grandes tendances, la rumeur qui l'entoure, alimentée par le retard de l'Isie à annoncer les résultats primaires, commence à procèder du malaise. Malaise auquel l'Isie devra répondre imminemment par des rapports de contrôle exhaustifs sur lesquels elle va statuer et dont on saura exactement dans quelles proportions la fraude aurait été présente dans ce vote.
Les vraies garanties et le vrai signal fort attendus d'Ennahdha
Mais tout compte fait, le visage de la Tunisie révélé à la lumière des résultats du scrutin du 23 octobre, du mode de ce scrutin, des listes en lice et leurs campagnes, ne réside pas dans ses surprises, aussi troublantes soient-elles, ni dans ses zones d'ombre, mais bien dans ses faits établis et ses certitudes. Et il y en a, pour l'heure, au moins, quelques-unes réunies à la faveur des réactions et des différentes lectures faites aux résultats des urnes.
Les Tunisiens ont voté très massivement et ont fait un choix tout aussi majoritaire pour une formation aux antipodes de l'ancien régime, dans quelque chose qui, au-delà même de la soif de participation, relèverait aussi de l'imbrication entre l'élan et le choix. Mais ça il faudra du temps et des postures de la sociologie politique pour l'établir.
L'importance de l'électorat d'Ennahdha renseigne plus immédiatement et plus sûrement sur le large spectre qu'il embrasse et les motivations qui le traversent et qui vont du domaine de la croyance pure à celui des valeurs, passant par le traumatisme de la révolution, le besoin de sécurité, le besoin d'adhésion, le besoin d'engager au plus vite un anti-Ben Ali au visage familier, la peur du vide et surtout la crainte de l'inconnu et d'une aventure démocratique sans nom et sans visage connus.
Autre fait, les jeunes Tunisiens ont, certes, fait la révolution, mais c'est une catégorie d'âge autrement plus mûre — que l'analyse des taux de participation par âge nous démontrera avec plus de précision – qui règne sur le vote du 23 octobre.
Les résultats des urnes du 23 octobre pointent aussi du doigt les erreurs structurelles et stratégiques des partis de gauche qui n'ont pas réussi à produire sur le terrain et dans la communication du rêve moderniste là où Ennahdha s'est proclamée à même les profondeurs de la société d'un projet «conservateur moderne».
Dans le nouveau paysage et les nouveaux équilibres des forces, il est, en conséquence, des partis qui tirent des leçons et projettent des alliances et il en est qui célèbrent des réussites. Des négociations s'engagent et des propositions de candidats à la tête et aux différents portefeuilles d'un gouvernement d'union nationale que d'autres voudraient qu'il soit simplement d'intérêt national.
A ce stade, c'est le nombre de sièges à la Constituante qui naturellement détermine cet équilibre des forces. Le bénéficiaire de cet équilibre, le parti majoritaire d'Ennahdha, multiplie les déclarations, appelle au consensus, désigne ses candidats au futur gouvernement. Et en tout, sur toutes les ondes et toutes les chaînes, ses leaders tiennent le même discours rassurant, tranquillisant quant aux libertés des Tunisiens, aux acquis des Tunisiennes, aux universaux des droits. Comme à son entrée dans le paysage politique de l'après-14 janvier et tout au long de sa campagne électorale, le parti Ennahda prolonge ce discours apaisant en réponse à des peurs et des terreurs et formule ses garanties. Des garanties basiques de campagne qu'il urge aujourd'hui au parti vainqueur des premières élections démocratiques tunisiennes de dépasser vers d'autres gages, d'autres engagements et d'autres signaux forts.
Les partis modernistes ont, au long de leur campagne, reproché à ce parti son double discours. Seulement ce qu'ils n'ont pas vu c'est que Ennahdha ne tient pas un double discours. Mieux, il laisse le flou planer sur le fossé qu'il y a entre sa modernité au sommet et le radicalisme de sa base accumulée le long des années de dictature et d'inspiration satellitaire.
Ce que les Américains sont en train d'inventer comme top et down des pouvoirs, des contre-pouvoirs et de la base, Ennahdha l'a naturellement et spontanément par la force de l'histoire et de la géographie sociale. C'est sa base aussi mieux que son sommet qui mène le jeu et qui détient les pouvoirs. La forme qu'a pris la campagne électorale de ce parti en milieu rural et dans les ceintures périphériques de la capitale le prouve. En conséquence, son discours moderniste réconfortant au sommet ne peut être indéfiniment entendu par l'ensemble des Tunisiens sans que la base de ce parti n'en soit réellement convaincue. Sans qu'il soit accompagné d'un autre discours et d'une vraie pédagogie à l'adresse de cette base.
Trêve de réconfort sur des acquis irréversibles, quelle pédagogie claire tiendra au plus tôt Ennahdha envers ses militants radicaux prêts à gouverner, envers ceux qui ont fait campagne en son nom dans les maisons, les quartiers et jusque dans les mosquées et qui lui doivent aussi des comptes et des garanties ?... Voilà les vrais engagements et les vrais signaux forts qu'Ennahdha doit aujourd'hui envoyer à la Tunisie.


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