La grande famille du Club Africain a accompagné avant-hier Cherif Bellamine jusqu'à sa dernière demeure. Décédé à 71 ans suite à une longue maladie, Bellamine passe pour être l'un des plus anciens dirigeants sportif puisqu'il a passé plus de quatre décennies au service du sport et, plus particulièrement, du club de ses premières amours, le Club Africain. Un amour transmis en famille de père en fils, le paternel n'étant autre que feu Abdelhamid Bellamine, un des fondateurs du club «rouge et blanc». En plus de cette fonction de filiation, l'espace géographique a énormément compté pour beaucoup : à Ras Eddarb, près de Bab Mnara, on est prédestiné à cette vocation, à ce sacerdoce. Bellamine a vu le jour dans ce bastion clubiste. Il allait gravir une à une les marches des responsabilités au sein de plusieurs bureaux directeurs. Ainsi, du temps de la terre battue, bien avant que ne sortent de terre les salles couvertes, le bonhomme, facilement repérable, écumait les terrains de handball en compagnie de la fabuleuse génération des Khalladi, Hamrouni, Zaïbi, Yakoudi, Oueslati… Avant d'entourer de ses égards paternalistes l'équipe des Ben Samir, Belhaj, Boughattas… En 1992-1993, Si Cherif assura pour la première fois la présidence du club, prenant de la sorte une autre dimension qui le fera d'ailleurs accéder un jour au bureau exécutif de la Fédération tunisienne de football (FTF). A partir de là, il jouera les pompiers, éteignant le feu des crises cycliques qui allait traverser le club de Bab Jedid, volant au secours de celui-ci, chaque fois où se produisait un blocage empêchant de trouver un président. Car, au tournant des années 1990, cette tâche ressemblait de plus en plus à une entreprise sisyphienne. Ainsi, reprendra-t-il le collier entre 1997-2000, entre 2002 et 2005, et, pour finir, en 2010 lorsqu'il succéda le 14 juin à Jamel Atrous lequel effectua un passage éclair de tout juste une dizaine de jours. Gravement malade, il sera opéré et cédera le poste à Atrous qui sortira vainqueur des premières élections de l'après-révolution. Parfois abandonné par les bailleurs de fonds traditionnels du club, ce qui le contraignait à mener un bras de fer avec le cercle des caciques détenteurs du pouvoir financier, Cherif Bellamine laissera le souvenir d'une lutte désespérée contre un certain carcan. Une sorte de Don Quichotte en rouge et blanc. Que l'âme du défunt repose en paix.