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Vérité et lumières sur l'histoire de deux peuples frères
Publié dans La Presse de Tunisie le 01 - 11 - 2011


Par Mohamed Naceur ABASSI
Tous les historiens s'accordent à désigner les premiers habitants de la Tunisie et de la Libye sous le nom de Libyens. Qui sont donc ces fameux Libyens pour avoir pu occuper un espace de 2 millions de km2 au centre de l'Afrique du Nord ?
Il est confirmé qu'après le Déluge et la grande dispersion des fils de Noë, une partie des enfants de Sem s'établit à Babylone, capitale des Sumériens, alors que le reste émigra le long du golfe arabo-persique et se dispersa au sud de l'Arabie. Pulsions climatiques, épidémies ou guerres obligèrent une grande partie de leur descendance à longer la mer Rouge vers le Nord, vers l'Egypte, la Palestine et la Syrie où leurs cousins sémito-babyloniens, Hyksos* ou Rois-Bergers maîtres de l'Egypte, leur facilitèrent l'émigration vers le couchant. Trois millénaires plus tard, les Fatimides, maîtres du pays du Nil, conformément à la règle qui dit que «les mêmes causes produisent les mêmes effets», se débarrasseront des hordes hilaliennes sorties de l'Arabie en les orientant vers l'Ifriqiya honnie.
Etablies le long des côtes tuniso-libyennes, ces peuplades sémites ou libyennes plus tard nommés communément par berbères ou amazigues parlaient à peu près la même langue que leurs cousins du Proche-Orient. Ils étaient bien avancés avant l'arrivée des Phéniciens autres sémito-babyloniens pour qu'ils eussent des villes telles Hyblé dans le voisinage de Carthage et Calamenthé près de la petite Syrte. Ils régnèrent même sur l'Egypte durant plus de deux siècles au temps du roi et prophète Salomon (970-931 avant J.-C.) qui épousa l'une des filles de Shèshonk, premier pharaon libyen.
Intégrés dans la marine marchande des Phéniciens ou dans leurs armées, les Libyens ou berbères formèrent l'essentiel de leurs troupes, ils hissèrent haut l'étendard carthaginois. En Espagne, Corse, Sardaigne, sud de la France et Sicile.
La chute de Carthage et la romanisation de l'Africa n'entamèrent en rien l'épanouissement de ses habitants punico-libyens. Le 2 juin 193 après J.-C. défiant ses rivaux, Niger en Asie et Julianus aux portes mêmes de Rome, le chef d'armée Septime Severe natif de Leptis Magna, Lebda près de Tripoli fut le premier empereur romain d'origine libyenne, autant dire sémite, sa patrie d'origine profita de son élévation, il y fit exécuter des travaux considérables, il peupla même de tant d'Africains le palais des Césars que l'on n'y entendait parler d'autres langues que la langue berbère.
Marcus Elah Gabal (218-222 après J.-C.) et Aurélius Alexandre Severe (222-235 après J.-C.) deux autres empereurs d'origine africaine (punico-libyenne) suivront Septime Severe aux palais des Césars. Par son administration éclairée, Aurélius Alexandre Severe rétablit les affaires de l'empire, l'Africa n'eut qu'à se louer de son gouvernement, elle fut dotée de nouvelles routes et sa population excédait les vingt millions de personnes, réparties sur deux cents villes prospères.
Deux siècles plus tard, la décadence de l'Empire romain ouvrit grandes les portes de l'Africa aux hordes vandales, puis ce fut le tour des troupes byzantines à occuper le pays, à partir des côtes libyennes. Un siècle plus tard, les mêmes Byzantins furent culbutés par l'Islam conquérant et égalitaire qui, suivant l'itinéraire millénaire des enfants de Sem, établit tout d'abord ses troupes en Libye puis Kairouan afin de soumettre l'Africa, le Maghreb occidental et l'Espagne.
Parlant à peu près la même langue et dérivant du même ancêtre Sem, les habitants de l'espace punico-libyen romanisé n'éprouvèrent aucune difficulté à s'intégrer aux nouveaux conquérants et formèrent un bloc si solide que ni les eaux furieuses de la Méditerranée ni les pics tranchants des Pyrénées n'arrivèrent à arrêter l'élan.
Almohades, Moravides et Hafsides, dynasties maghrébines du Moyen Age, gérèrent tant bien que mal l'ensemble maghrébin et surtout son aile orientale (Tunisie, Tripolitaine) jusqu'à l'arrivée des Espagnols venus secourir les derniers Hafsides dont la dynastie en pleine décomposition ravivait leurs convoitises territoriales sur les rives méridionales de la Méditerranée, c'était sans compter sur l'expansion de la Turquie ottomane dans la Méditerranée et l'Europe orientale qui les chassa de nos contrées, contrées qu'elle découpa en provinces.
Les Ottomans nommèrent à la tête de ces provinces un Dey à Alger, un Bey à Tunis et un Pacha à Tripoli dépendant directement d'Istanbul durant le cours des siècles et la faiblesse de l'Empire turc. Les liens entre Istanbul et ses provinces africaines devinrent de plus en plus lâches. Cela permit aux roitelets qui les gouvernent, dont la plupart sont constitués de renégats chrétiens convertis à l'Islam, de vivre de la traite des esclaves, de la course (*) et de la cruelle imposition des indigènes écartés de la vie publique.
Les roitelets sus-indiqués iront même jusqu'à tracer des frontières artificielles entre les provinces, frontières qui ne répondent à aucun paramètre rationnel, si ce n'est une volonté de rapacité dévorante et mesquine, mais cela n'entama en rien le déplacement des habitants d'une province à l'autre lors des guerres, troubles, famine ou prospérité et ce jusqu'à nos jours.
Je n'oublierai jamais l'image de cette jeune mère libyenne originaire du Djebel Nafoussa (retransmise par la télévision tunisienne) qui remerciait de tout cœur les médecins tunisiens après son accouchement en terre tunisienne dans des conditions respectables le 4 mars 2011. J'ai eu les larmes aux yeux parce que cela me rappelle l'histoire de la naissance de mon grand-père paternel en terre libyenne et précisément au Djebel Nafoussa en 1882 où sa famille ayant fui les steppes tunisienne natales devant l'invasion des troupes françaises y trouva refuge et sérénité.
Je n'avais que dix ans lorsque mon grand-père ému m'a parlé de la bonté des Libyens et Libyenne qui ont prodigué soins et tendresse à sa mère lors de sa naissance.
Les peuples, à l'instar des eaux en furie des rivières, se souviennent toujours de leur lit et ne tiennent compte d'aucun obstacle ni frontières.
La prise d'Alger par les Français en 1830 sonna le glas des Ottomans au Maghreb et l'avènement de la pénétration européenne dans nos contrées appauvries par tant de spoliations. Tunis ne fit que survivre en 1881 sous la même emprise des Français, la soumission de Tripoli en 1911 par l'Italie ne tarda pas à se réaliser. Lors de cette invasion italienne, de nombreuses familles de Tripoli, Zouara, Zaouia, Tarhouna, Ouerfella, Ghdames, Gharian, Tajoura, Mosrata, Rojbane, Gmata et Fezzan trouvèrent refuge et hospitalité sincère auprès des Tunisiens, ils obtiennent même la nationalité du pays tout en gardant comme nom celui de leurs régions d'origine.
Bourguiba, le Mosrati, dont la famille a quitté Mosrata pour Monastir au début du 19e siècle, n'est que l'illustre exemple de cette unité de destin. Punico-libyen, il le fut, il défendit la cause tunisienne avec pugnacité et diplomatie si bien que la France, excédée, supprima en 1956 son protectorat forcé et proclama l'indépendance de la Tunisie. Cinq années plus tôt, après la défaite de l'Axe, la Libye avait déjà recouvré son indépendance, puis ce fut la manne de pétrole avec ses dix milliards de barils qui firent de ce pays aux moyens très limités une puissance pétrolière de premier ordre aux portes de l'Europe industrielle. La Tunisie n'eut qu'à se louer de son voisinage et de sa profonde parenté avec le pays du nouvel Eldorado permettant à quelques milliers de ses citoyens de trouver un travail digne et bien rémunéré.
Alors que la Tunisie peinait sous le fardeau du collectivisme, faute de capitaux et de moyens matériels durant la fin des années 60 du siècle dernier, un jeune capitaine de l'armée libyenne, Kadhafi, renversa le roi Idriss Essenoussi (sept. 1969), proclama la République et se réclama panarabe.
Socialiste, anti-impéraliste, puis panafricain, chassant d'un main des milliers d'ouvriers tunisiens et égyptiens, détruisant de l'autre, les postes frontières de Ras Jedir et de Salloum pour signaler son panarabisme, se proclamant roi des rois de l'Afrique, le fou de Tripoli, comme aimait à l'appeler le président Sadate, épaula le dictateur tunisien Ben Ali avec lequel il partagera la mégalomanie. Appauvri, spolié, dépourvu de liberté, le peuple tunisien se souleva un certain 17 décembre 2010, revendiquant sa dignité avant son pain, alors que le dictateur se prélassait à Abu Dhabi avec sa famille de triste mémoire. Pour toute réponse à leurs doléances, les contestataires seront mitraillés durant quatre semaines. Cet état de fait ne trouva son épilogue que le 14 janvier 2011 lors de la fuite honteuse de Ben Ali. Ce même Ben Ali que Kadhafi aurait conseillé aux Tunisiens de garder au pouvoir pour le bien de leur pays.
Kadhafi ne crut pas ses oreilles lorsque le peuple libyen se souleva deux mois plus tard à son tour et réclama le travail, la liberté et la fin d'une dictature qui n'a que trop duré et qui a dilapidé les ressources du pays aux quatre vents. Comme son acolyte tunisien, le fou de Tripoli mitrailla le peuple sans pitié, il donna carte blanche à ses phalanges formées essentiellement de mercenaires afin de décapiter le soulèvement et ce fut des batailles effroyables où personne ne fut épargné. Cela contraigna des centaines de milliers de réfugiés de se déverser sur la Tunisie encore en pleine effervescence révolutionnaire, ils étaient asiatiques, subsahariens et arabes affamés et apeurés, ils se bousculèrent aux postes frontières tuniso-libyennes. Là, ces masses humaines furent reçues à bras ouverts, avec courage et fraternité.
Précisons que le 1/10 de cet exode est formé de Libyens. Ces derniers trouvèrent refuge au sein même des familles tunisiennes avec lesquelles ils partageront le toit et le pain quotidien durant les mois de braises des deux révolutions sœurs. Pauvres hier ou riches aujourd'hui.
Les Libyens sont toujours les bienvenus dans leur deuxième patrie. Que le Tunisien sache une fois pour toutes que la Libye, loin d'être un pays étranger, constitue au contraire la première patrie de ses ancêtres depuis la nuit des temps et que son droit au travail en Libye est un droit naturel qui ne doit être entravé par aucun obstacle.
La Libye, seize fois plus vaste que la Tunisie, 1,8 million de km2 contre 0,163 million de km2, est deux fois moins peuplée, 5,5 millions d'habitants contre 11 millions pour la Tunisie, cela dénombre probablement que l'ensemble de ces deux pays aura une population de 20 millions d'ici l'an 2025 avec deux cents villes d'importance appréciable, comme jadis, il y a dix-huit siècles, lorsque trois de ses enfants furent sacrés empereurs de Rome, logeant aux palais des Césars.
Eu égard à tout ce qui a été rappelé sur l'histoire de ces deux entités humaines et géographiques, je persiste et signe que l'avenir de la Tunisie et de la Libye doit être élaboré selon un consensus tuniso-libyen dans l'élaboration d'une forme de gouvernance très proche de la confédération, cela évitera aux deux peuples les affres de l'après-pétrole qui, à mon sens, pointera à l'horizon d'ici une trentaine d'années, et ce, en investissant ensemble, alors qu'il est encore temps, dans l'infrastructure, l'agriculture, le savoir et la technologie, condition sine qua non, tout développement de cette partie du monde est vouée à l'échec.


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