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Réalités et fictions
Jules Verne à Gabès
Publié dans La Presse de Tunisie le 23 - 08 - 2010

A l'Afrique nouvelle dont l'aube réconfortante se lève sur un monde assoiffé d'équilibre et de paix, la Tunisie vient d'offrir un ouvrage à la fois lucide et exaltant. On y trouve l'annonce de la réalisation prochaine des grandes espérances que l'humanité consciente de la valeur de l'Afrique mûrit au cœur de tant de penseurs, de constructeurs, de héros, de rêveurs…
L'Afrique, y lit-on, a de fortes chances de ne pas connaître le stade des patries renfermées sur elles-mêmes, des économies cloisonnées et des autarcies malthusiennes. De par l'ampleur de ses richesses naturelles et des moyens qu'il faut mettre en œuvre pour les exploiter, les travaux à réaliser dépassent tant les besoins que les moyens de l'Afrique. Les chantiers sont pour la première fois dans l'histoire à l'échelle du globe… Des projets grandioses de transformation de la nature, par exemple la création d'une mer intérieure au sud tunisien, apporteraient peut-être le bien-être à des millions de personnes.
Comme il est devenu courant de répéter que le roman de science-fiction est à la pointe de la prise de conscience par la littérature, empressons-nous de compulser l'œuvre du maître du genre.
«L'invasion de la mer»
Encore une fois, Jules Verne ne déçoit pas et encore une fois la Tunisie se révèle présente dans des pages insoupçonnées sinon méconnues.
Le chapitre quatre de son livre intitulé «L'invasion de la mer» est à ce propos tout à fait passionnant. Il a pour théâtre le casino de Gabès. Une assemblée composée de fonctionnaires et de notables est là suspendue aux lèvres d'un ingénieur aussi érudit qu'enthousiaste :
«Il faut en convenir Messieurs, dit-il, grâce aux progrès de la science, toute confusion entre l'histoire et la légende tend à devenir de plus en plus impossible. L'une finit par faire justice de l'autre. Celle-ci appartient aux poètes, celle-là appartient aux savants et chacun d'eux possède une clientèle spéciale. Tout en reconnaissant les mérites de la légende, aujourd'hui je suis obligé de la reléguer dans le domaine de l'imagination et d'en revenir aux réalités prouvées par les observations scientifiques».
«Nous le reconnaîtrons volontiers, les anciens étaient des gens d'imagination et les historiens ont habilement servi leurs goûts en faisant histoire ce qui n'était que traditions. Ils s'inspiraient dans ces récits d'un souffle purement mythologique.
«N'oubliez pas, messieurs, ce que racontent Hérodote, Pompenius Mélas et Ptolémée. Le premier, dans son Histoire des peuples, ne parle-t-il pas d'un pays qui s'étend jusqu'au fleuve Triten, lequel se jette dans la baie de ce nom ? Ne raconte-t-il pas, comme un épisode du voyage des Argonautes, que le navire de Jason, poussé par la tempête sur les côtes libyennes, fut rejeté à l'ouest jusqu'à cette baie du Triten, dont on n'apercevait pas la limite occidentale ? Il faudrait donc conclure de ce récit que ladite baie communiquait alors avec la mer. C'est d'ailleurs ce que rapporte Scylax dans son périple de la Méditerranée, relativement à ce lac considérable dont les côtes étaient habitées par différents peuples de la Libye et qui devait occuper l'emplacement actuel des sebkhas et des chotts, mais ne se raccordait plus avec la Petite-Syrte que par un étroit canal.
«Après Hérodote, c'est Pempenius Mélas, qui presque au début de l'ère chrétienne, note encore l'existence de ce grand lac Triten, nommé aussi lac Pallas, dont la communication avec la Petite-Syrte, qui est le golfe de Gabès moderne, a disparu par suite de l'abaissement des eaux dû à leur évaporation.
«Enfin, d'après Ptolémée, le niveau continuant à se déprimer, les eaux se seraient définitivement fixées dans quatre dépressions, lacs Triten et Pallas, lacs de Libye et des Tortues, qui sont les chotts algériens Melrir et Rharsa, les chotts tunisiens Djerid et Fedjedj, ces derniers souvent réunis sous le nom de sebkha faraeun.
Une mer saharienne ?
«Messieurs, il y a à prendre et à laisser, surtout à laisser dans ces légendes de l'antiquité qui n'ont rien à voir avec la précision et la science contemporaines. Non le vaisseau de Jason n'a pas été rejeté à travers cette mer intérieure qui n'a jamais communiqué avec la Petite-Syrte, et il n'aurait pu franchir le seuil du littoral qu'à la condition d'être muni des puissantes ailes d'Icare, l'aventureux fils de Dédale ! Les observations faites dès la fin du XIXe siècle démontrent péremptoirement qu'une mer saharienne couvrant toute la région des sebkhas et des chotts n'a jamais pu exister, puisque sur certains points d'altitude d'une partie de ces dépressions dépasse parfois de quinze à vingt mètres le niveau du golfe de Gabès, principalement pour celles qui sont le plus rapprochées de la côte, et jamais cette mer, au moins pendant les temps historiques, n'aurait eu l'étendue de cent lieues que lui attribuaient des esprits par trop imaginatifs.
Un canal de 227 kilomètres
«Toutefois, Messieurs, en la réduisant aux dimensions que permet la nature de ces terrains des chotts et des sebkhas, il n'était pas impossible de réaliser ce projet d'une mer saharienne qui serait alimentée par les eaux du golfe de Gabès».
«Aussi, tel est le projet que formèrent quelques savants audacieux mais pratiques, dont après maintes péripéties, l'exécution n'a pu être menée à bonne fin, et c'est son historique que je désire rappeler à vos souvenirs, ainsi que les tentatives vaines et les cruels déboires qui ont duré tant d'années».
«Mais, que la nature eût heureusement disposé les dépressions pour recevoir les eaux de la Petite-Syrte, cela ne pouvait être établi qu'après un travail sérieux de nivellement. Or, dès 1872, pendant une expédition à travers le désert saharien, M. le sénateur d'Oran, Pemel, et l'ingénieur des mines, Recard, prétendirent que ce travail ne pourrait être exécuté, étant donné la constitution des chotts. L'étude fut alors reprise dans des conditions plus sûres, en 1874, par le capitaine d'état-major Roudaire, auquel revient la première idée de cette extraordinaire création».
«Dans le principe, Messieurs, on avait paru croire que cette mer nouvelle pourrait s'étendre sur quinze mille kilomètres carrés. Or, de ce chiffre, il a fallu en retrancher cinq mille pour les sebkhas tunisiennes, dont le niveau est supérieur à celui de la Méditerranée. En réalité, d'après les évaluations du capitaine Roudaire, c'est à huit mille kilomètres carrés que doit être réduite cette superficie inondable des chotts Rharsa et Melrir, dont l'altitude négative sera à vingt sept mètres plus bas que la surface du golfe de Gabès.
«Tel fut, le travail géodésique accompli dans ces régions. Mais si huit mille kilomètres carrés, par suite de leur cote négative, étaient assurément dans les conditions pour recevoir les eaux du golfe, le percement d'un canal de deux cent vingt-sept kilomères, étant donné la nature du sol, ne dépasserait-il pas les forces humaines?…
«Et pourtant, reprit le conférencier, bien que ce projet d'une mer intérieure ait été étudié avec un soin scrupuleux, bien que la plus rigoureuse attention eut présidé aux opérations géodésiques, de nombreux contradicteurs voulurent nier les avantages que la région tirerait de ce grand travail.
«Je n'ai pas à entrer, ici, dans des considérations rétrospectives sur les opérations de cette compagnie sur l'énergie qu'elle déploya, et sur les travaux considérables qu'elle entreprit, vers plus de hardiesse que de réflexion. Elle opérait, comme vous le savez, sur un territoire très vaste, et le succès ne faisant pas pour elle l'ombre d'un doute, la compagnie se préoccupa de toute autre chose du service forestier auquel elle avait donné pour mission de fixer les dunes, au nord des chotts, en exécutant par des moyens identiques à ceux qui en France, dans les Landes, avaient été employés pour protéger les côtes contre le double envahissement de la mer et des sables. C'est-à-dire qu'avant la réalisation de ces projets, il semblait nécessaire, indispensables même, de mettre les villes existantes ou à fonder, ainsi que les oasis, à l'abri des surprises d'une mer future qui ne serait certainement pas un lac tranquille, et dont il était prudent de se défier d'avance.
«En même temps, tout un système de travaux hydrauliques s'imposait pour l'aménagement des eaux potables. Ne fallait-il pas aussi, non pas creuser, mais installer des ports dont le cabotage, vite organisé, tirerait immédiatement profit ?
«Pour ces opérations entamées de tous côtés à la fois, des agglomérations de travailleurs, des villes provisoires s'étaient subitement élevées là où régnait la veille, pour ainsi dire, la solitude à peu près complète.
L'ingénieur continua longtemps son magistral exposé. Puis il déclara en guise de conclusion.
«Nous réussirons, je vous le garantis, là où ont échoué nos devanciers. Avec une entière confiance dans le succès et une constante énergie, dont vous ne doutez pas, le reste ira de soi !
N'y a-t-il pas dans cette page de Jules Verne des accents prophétiques et ne devrait-elle pas mériter plus de renommée et l'admiration du public tunisien ?


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