Que vaut l'enseignement supérieur, chez-nous? Répond-il, réellement aux exigences communément admises de la formation universitaire? Existe-t-il des relais de coordination entre la formation d'une part et le marché du travail d'autre part? Les problèmes de l'enseignement supérieur ont-ils été identifiés et inventoriés? Quelles seraient les priorités d'une éventuelle réforme? A les décanter, les dossiers qui ont longtemps végété vont des programmes de l'enseignement jusqu'à la relation étudiants-professeurs et étudiants-administration, en passant par l'orientation universitaire, le système d'évaluation, les ressources administratives, les revendications syndicales des enseignants, le régime LMD, les œuvres universitaires... Des dossiers volumineux qui en disent long sur le malaise ayant parcouru l'institution universitaire et qui a été scotomisé au gré des discours pompeux accompagnés de simulacres de consultations sur les problèmes des jeunes. Ce secteur n'aura pas non plus échappé, tout au long des dernières décennies, à l'instrumentalisation et au népotisme régnants. Pour un secteur où devaient primer la compétence, l'exigence scientifique et la rigueur, le clientélisme a eu un effet de dépravation qui s'est répercuté sur la qualité de la formation, sur le climat scientifique et intellectuel de l'université. A telle enseigne que celle-ci est devenue l'arrière-cour de la classe dirigeante. Un grand nombre d'enseignants, d'administrateurs y trouvaient largement leur compte, certes, pour les autres, les appels à la réforme n'ont eu pour seule réponse que l'exclusion de leurs auteurs. Entre-temps, la valeur des diplômes, la consistance de la formation ont atteint un tel degré de dévaluation que les différentes élites promues sont devenues peu convaincantes en termes d'employabilité. Le régime LMD est venu enfoncer le clou en faisant fi de toutes les réticences . La chape de plomb soulevée, l'université, pour avoir étouffé autant de difficultés, de paradoxes et d'abus n'est pas aujourd'hui au bout de ses tribulations. Il a fallu, à peine quatre mois après la révolution, relever le défi des examens, évitant de justesse une année blanche qui aurait été une estocade. Après les vacances de l'été qui ne l'ont pas été réellement, la rentrée s'est présentée sous les auspices de la transition démocratique. Des élections transparentes et démocratiques ont rétabli la confiance en les dirigeants des différentes institutions et le besoin de réforme semble trouver un répondant : enseignants , administrateurs et étudiants, sans oublier les syndicats, sont résolument décidés à mettre les bouchées doubles et à repartir du bon pied, sinon pour cette année, du moins pour la prochaine saison universitaire. Notre enquête.