Les membres fondateurs du Forum universitaire tunisien ont organisé, hier à la Cité des sciences, leur première assemblée générale, en présence d'un grand nombre de professeurs universitaires, hommes et femmes, venus soutenir leurs collègues agressés dans différentes institutions de l'enseignement supérieur par des étudiants. Placé sous le signe «Pour le respect de la dignité et de la liberté des universitaires», cette rencontre qui a réuni un grand nombre d'universitaires qui enseignent dans plusieurs établissements, se veut un espace de débat et de concertation, dont la mission consiste en la promotion de l'université et la contribution à la mise en place de réformes. A la lumière des évènements survenus dans maintes institutions universitaires, notamment les dépassements et les agressions qui ont touché aussi bien les enseignantes que les étudiants et étudiantes dans les facultés de Sousse et de La Manouba, le forum qui se veut neutre et n'appartient à aucun parti politique, a jugé indispensable de mettre fin à ces actes de violence et toutes formes d'agressions verbales ou physiques, appelant le gouvernement provisoire et le ministère de tutelle à prendre une décision ferme pour protéger le corps enseignant et les étudiants et garantir la sécurité optimale. Lors de l'assemblée, plusieurs universitaires ont apporté leurs témoignages suite aux derniers événements, en relatant les effets tels que vécus dans différentes institutions de l'enseignement supérieur. Devant un parterre constitué majoritairement de femmes, les participants à ce forum ont plaidé pour un arrêt immédiat de tout acte d'agression et de violence effectués par des étudiants appartenant au courant islamiste et des étudiantes portant le «niqab», qui «ne cessent de menacer leurs collègues et gagnent du terrain», souligne l'une des professeurs. C'est la panique et l'angoisse qui règnent dans les couloirs des universités et des facultés un peu partout. «Ce problème est un problème d'hommes et de femmes, nous devons organiser des réunions plus élargies dans toutes les institutions pour passer le message à tout le corps enseignant et à nos étudiants. C'est inacceptable. En tant qu'universitaires, on est contre la violence, mais la mobilisation doit être générale. Il faut agir à l'unisson, envisager un travail de fond, mobiliser tout le monde, introduire des leçons de tolérance et de savoir-vivre au-delà des casquettes politiques et idéologiques», s'exprime en masse la majorité des universitaires. Ils ont à l'unanimité exprimé leur inquiétude quant à l'absence de sécurité aussi bien pour les professeurs que pour les étudiants. «Il faut que l'université demeure neutre, un lieu du savoir et les étudiants, quelles que soient leurs appartenances, doivent être également nos alliés et non nos ennemis ou complices pour un front ou un autre». D'autres enseignants ont suggéré quatre modalités d'action. Il s'agit en premier lieu de renouer avec le lien avec l'étudiant, rompu depuis des années, introduire le débat au sein de l'université, créer un observatoire qui recueille tous les dépassements et appeler le ministère de l'Enseignement supérieur à se prononcer et apporter la protection aux enseignants, aux étudiants et même aux fonctionnaires de l'administration, et exiger dans le même contexte que la question de sécurité des enseignants soit posée comme un problème politique. Le corps enseignant proteste aujourd'hui, pour avoir subi de telles agressions. Révoltés, les universitaires s'activent ces jours-ci pour mettre fin à ces dépassements et appellent leurs collègues à une forte mobilisation pour protéger les universitaires, quelle que soit leur appartenance, les étudiants, et même les élèves.