Les amoureux du flamenco se sont rendus nombreux au Théâtre municipal, mercredi dernier, pour assister au spectacle “Ahora” (maintenant), donné par le trio Rosario Toledo (danse), José Valencia (chant) et Miguel Iglesias (guitare). Conçu et réalisé par Toledo, ce spectacle, célébrant la Journée mondiale du flamenco (le 16 novembre), propose une vision contemporaine de cet art d'origine andalouse, dont il met en relief la beauté. Danse, chant et musique, relevés par plusieurs formes de chorégraphies (palos,toques...), développent la façon dont ce trio sent et transmet le flamenco d'aujourd'hui. Le spectacle a été ouvert par la prestation du chanteur et du guitariste qui nous ont enchantés par un chant folklorique rythmé, “Solea”, qui célèbre, comme son titre l'indique, la solitude qui ne peut qu'entraîner le chagrin. La ballerine a ensuite fait son apparition pour nous présenter une danse violente. Habillée d'une robe noire de style oriental, devenue étincelante sous le feu des lumières, elle a fait parler son corps avec beaucoup de souplesse, exprimant gravité, douleur et rage, dégagées par une vibration appuyée sur les notes de la guitare, les battements des mains et des talons. Dans un deuxième tableau dense et coloré, la danseuse, toujours en noir, mais en pantalon et chemise, style toréro, nous a offert une danse populaire, inspirée du patrimoine classique espagnol. Soutenue par des chants célébrant la joie, l'honneur, le triomphe et la gloire, elle a été plus que séduisante dans ses mouvements et dans sa manière de faire «parler» son corps, tantôt violente, tantôt langoureuse. Le spectacle se poursuivit avec un troisième et dernier tableau exécuté sous un éclairage vif qui enveloppait la salle dans un rouge quasi identique à celui de la robe, très élégante, de la ballerine. Par des claquements appuyés de talons et des battements de mains, la danseuse tournoyait, faisant, de temps à autre, voler sa robe, dans le style frénétique propre aux Gitans. De quoi susciter les applaudissements enthousiasmés du public. Les chansons qui l'accompagnaient, “Alegrias”, “Belberias” et “Martinete”, nous ont transmis la joie de vivre, l'amour, la séduction... Le spectacle fut un mélange de tradition et de modernité, un métissage d'actualité nourri et inspiré de genres populaires de plusieurs continents et cultures. Le trio nous a démontré que le flamenco est davantage qu'une danse, il est l'expression de la tourmente, du bouleversement, du chagrin, de la douleur, de la joie, de l'extase... Bref, des états d'âme de l'être humain.