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Fantasmes
Publié dans La Presse de Tunisie le 20 - 11 - 2011


Par Hmida BEN ROMDHANE
Le Petit Robert nous apprend que le fantasme est une «production de l'imagination par laquelle le moi cherche à échapper à l'emprise de la réalité». Cette définition pourrait nous aider à comprendre certains comportements et quelques-uns des discours qui font monter la température de l'atmosphère politique, déjà bouillonnante, que connaît le pays depuis plusieurs mois.
La semaine qui vient de s'écouler a été marquée par une puissante controverse engendrée par les surprenantes affirmations de M. Hamadi Jebali relatives au «sixième califat» et, dans une moindre mesure, à ce qu'il faut bien appeler la fanfaronnade par laquelle l'orateur pose comme objectif la «libération d'Al Qods (Jérusalem) à partir de la Tunisie».
L'une et l'autre de ces affirmations relèvent incontestablement du fantasme. Celui-ci, par le fait même qu'il soit l'expression de notre impuissance à atteindre l'objet de notre désir, reste généralement confiné dans la sphère secrète de notre vie. Pour réduire l'intensité de la frustration générée par les désirs dont la satisfaction est au-dessus de nos moyens, notre moi a trouvé la parade en trichant avec la complicité de l'imagination. Quel être humain dans le monde n'a pas laissé la bride sur le cou à son imagination pour vivre, rien qu'en fermant les yeux, avec ou dans l'objet de son désir, inatteignable dans la dure réalité ?
Le sixième califat et la libération de Jérusalem sont de toute évidence des fantasmes politiques avec lesquels M. Jebali, compte tenu de son long parcours de militant islamiste, a dû vivre pendant des années. Dimanche dernier à Sousse, consciemment ou inconsciemment, il a démontré que ces fantasmes sont toujours fortement vissés à sa psyché.
M. Jebali, représentant du principal parti politique du pays, est visiblement déchiré entre le système de la Khilafa qu'il adore et le système démocratique qu'il abhorre. Car, quoi qu'ils disent et quelques assurances qu'ils produisent, les responsables et les militants des partis islamistes, dont Ennahdha, ne peuvent pas se défaire sans se renier du dogme qui veut que la source de tout pouvoir est Dieu et non le peuple, et par conséquent tout système qui se réfère au second est au mieux illégitime et, au pire, impie. Contrairement au Khilafa dont le chef, en tant que «représentant de Dieu sur terre», est le seul habilité à gérer «légitimement» les affaires de la communauté des croyants.
Le problème pour tout projet politique islamiste est que le système de la Khilafa est, depuis longtemps, classé dans les archives poussiéreuses de l'histoire, et la démocratie est, depuis au moins la Seconde Guerre mondiale, considérée comme le meilleur ou plutôt, comme l'observait pertinemment Churchill, le moins mauvais des systèmes que l'humanité ait expérimentés jusqu'à ce jour. C'est pour instaurer cette démocratie et arracher toutes les libertés qui lui sont inhérentes que la révolution a eu lieu un certain 14 janvier. Il n'y a qu'à étudier les slogans brandis par les centaines de milliers de manifestants dans les villes tunisiennes en janvier dernier.
Ces slogans, il faut bien le rappeler, réclamaient tous sans exception des réalisations en étroite relation avec la démocratie, la liberté et la justice. Toute référence à un système islamique quelconque, et encore moins à la Khilafa, était absente de l'esprit de ceux qui ont détrôné le dictateur. C'est la soif de justice et non de religion qui a soulevé les masses contre le régime corrompu de Ben Ali. Pour eux, la question de l'identité ne se posait pas puisque nous sommes tous arabes et musulmans. L'écrasante majorité des Tunisiens veulent vivre dans un système qui assure les libertés fondamentales et d'où la corruption, la concussion et le clientélisme seront bannis. A ce niveau, on peut dire sans risque d'erreur qu'une bonne partie de ceux qui ont voté pour Ennahdha ne l'ont pas fait pour instaurer une République islamique ou la Khilafa, mais parce que, pensent-ils, les représentants de ce parti «craignent Dieu» et, par conséquent, ne permettront pas la réinstallation d'un système d'affairisme effréné et de corruption généralisée.
L'extraordinaire tintamarre médiatique vécu cette semaine par les médias nationaux, amplifié par les réseaux sociaux, est donc dû à l'imprudence du futur Premier ministre d'avoir, volontairement ou involontairement, déplacé son fantasme politique de la sphère de la vie privée vers celle de la vie publique. A un moment où le pays est menacé d'effondrement économique, il est pour le moins inopportun de perdre son temps et son énergie à discuter des fantasmes politiques des futurs dirigeants. Ceux-ci sont priés de garder leurs fantasmes pour eux et de retrousser leurs manches pour se pencher d'abord sur les urgences économiques et sociales, et pour entamer ensuite la construction de la démocratie dont rêvent tous ceux qui ont participé à la révolution du 14 janvier dernier.
Quant au fantasme de la libération de Jérusalem à partir de la Tunisie, M. Jebali l'aurait très probablement gardé pour lui n'eût été la présence au meeting de Sousse de la représentante palestinienne du Hamas. En tant que responsable appelé à exercer de très hautes fonctions dans l'Etat tunisien, M. Jebali n'a guère le choix que d'agir désormais non pas conformément à ses désirs, mais à la réalité.
Dans le cas d'espèce, Jérusalem ne pourra pas être libérée par la force ni à partir de la Tunisie ni à partir de n'importe quel autre pays arabe ou musulman. La raison est simple: nous n'avons pas la force nécessaire pour contraindre l'occupant à quitter la ville sainte. Salaheddine el Ayyoubi l'a fait il y a près de neuf siècles parce que les conditions historiques de l'époque et le niveau de développement des forces en présence le permettaient. Maintenant tout est en notre défaveur. L'occupant israélien est assis sur au moins deux cents têtes nucléaires, il a une industrie de guerre performante et le montant de son excédent commercial dépasse à lui seul le budget de l'Etat tunisien, sans parler des puissants de ce monde qui le soutiennent aveuglément. Par conséquent, nous n'avons guère le choix que de tenter de récupérer la moitié Est de Jérusalem par la négociation, ou alors attendre que l'histoire fasse un mouvement de 180° en notre faveur, ce qui, pour le moment, relève du...fantasme.


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