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A propos d'une « mort » annoncée de l'UE
Chronique du temps qui passe
Publié dans La Presse de Tunisie le 26 - 09 - 2010


Par Hmida BEN ROMDHANE
Jean Monnet, Robert Shuman et Konrad Adenauer, les pères fondateurs de l'Europe, doivent se retourner dans leurs tombes et leur repos éternel doit être perturbé. Leur belle réalisation européenne, qui force l'admiration et l'envie un peu partout dans le monde, menace de prendre l'eau de toutes parts et de s'écrouler. C'est du moins ce que l'on comprend après la lecture de l'article de Charles Kupchan, publié dans le Washington Post le dimanche 29 août sous le titre : «As nationalism rises, will the European Union fall ?» (Avec la montée du nationalisme, l'Union européenne va-t-elle s'écrouler ?»
Charles Kupchan est un observateur assidu de la scène mondiale. Il enseigne les relations internationales à l'université Georgetown de Washington. Auteur de plusieurs livres et d'articles qui tournent pour la plupart autour de la politique étrangère américaine et des relations complexes entre les Etats-Unis et l'Europe.
Son dernier article, il le commence brutalement : «L'Union européenne est en train de mourir. Non pas d'une mort dramatique ou subite, mais lente et progressive. Un jour pas très lointain, nous pourrons regarder à travers l'Atlantique et réaliser que le projet d'intégration européenne, que nous avons pris pour argent comptant durant un demi-siècle, n'est plus.»
Son principal argument de cette mort annoncée de l'Union européenne est puisé dans la série des élections qui se sont déroulées ces derniers temps dans divers pays européens et qui ont abouti à des résultats assez substantiels réalisés par les partis d'extrême droite connus pour être d'un nationalisme à fleur de peau et viscéralement eurosceptiques. C'est ce qui a amené notre auteur à conclure que «de Londres à Berlin, en passant par Varsovie, l'Europe est en train d'expérimenter une renationalisation de la vie politique, avec des pays qui s'accrochent de nouveau à une souveraineté qu'ils avaient un jour volontairement sacrifiée au bénéfice d'un idéal commun.»
C'est un fait que depuis un certain temps, chaque fois qu'une élection a lieu dans un pays européen, l'extrême droite réalise des scores qui font rougir de jalousie (et de honte) la gauche et la droite classiques. Le dernier exploit de ce courant très nationaliste et excessivement xénophobe a eu lieu en Suède, un pays pourtant connu pour sa tolérance et sa générosité.
C'est un fait aussi que le traité établissant une Constitution pour l'Europe, le plus important depuis le Traité de Rome de 1957, a été rejeté par les Français et les Néerlandais en 2005, obligeant les technocrates européens à concocter en catastrophe un nouveau document beaucoup moins ambitieux, le Traité de Lisbonne, lui-même rejeté par les Irlandais en 2008, avant d'être finalement accepté à leurs conditions un an plus tard.
C'est un fait également que la crise financière qui a secoué récemment l'Europe a mis à nu les instincts primaires de l'égoïsme et réveillé les sentiments refoulés du nationalisme parmi les peuples de l'Union européenne. Les Allemands ont dit «Nein» à toute aide à la Grèce, allant jusqu'à proposer aux Grecs de vendre quelques-unes de leurs îles pour résoudre leurs problèmes financiers. Et si Mme Merkel a finalement accepté de signer un chèque, c'est moins par solidarité européenne que par peur que la crise grecque ne débouche sur de graves perturbations dans l'ensemble de la zone euro.
C'est un fait enfin que la génération, qui a vécu dans sa chair les affres des guerres dévastatrices en Europe, est de moins en moins représentée dans les centres de décision. Beaucoup de ceux qui décident aujourd'hui et tous ceux qui s'apprêtent à prendre la relève très bientôt ont une idée plutôt théorique et livresque des antagonismes nationaux qui avaient ravagé l'Europe au XXe siècle, et dont le désir de s'en débarrasser était le principal mobile derrière la création de structures intégrationnistes européennes.
Cela dit, tous ces motifs, aussi pertinents soient-ils, sont-ils suffisants pour annoncer avec certitude la mort prochaine de l'Union européenne ? La notion d'éternité étant étrangère à ce monde, tout ouvrage créé par l'homme est par définition temporaire. Et si, comme n'importe quelle autre structure, l'UE n'est pas éternelle, il n'est pas sûr que sa disparition sera aussi rapide que ne le prévoit ou ne le souhaite le courant de pensée américain qui voit en l'Europe un continent rival économiquement, ingrat politiquement et lourd à porter stratégiquement.
L'idée d'ingratitude de l'Europe est assez répandue aux Etats-Unis. Elle a pris de l'ampleur avec les guerres d'Irak et d'Afghanistan. Cette idée est entretenue par la supposition que les Etats-Unis avaient sauvé «la liberté et la démocratie» dans le continent européen en intervenant contre le nazisme et que les Européens n'avaient pas renvoyé l'ascenseur quand l'Amérique s'était engagée dans sa guerre contre l'Irak.
La vérité est que les Américains étaient intervenus seulement après que Hitler leur eut déclaré la guerre le 11 décembre 1945, qu'ils ont facturé toute l'aide militaire apportée à leurs alliés, y compris aux Britanniques qui ont payé à Washington leur dernière facture de la Seconde Guerre mondiale en… 2006. Sans oublier le fait que tous les Européens, à l'exception de Tony Blair, avaient mis en garde Washington contre l'invasion de l'Irak, mise en garde traitée avec mépris par Bush & Co.
Tout aussi répandue est l'idée que l'Europe est «un fardeau stratégique» pour les Etats-Unis du fait de la «démilitarisation» des pays européens et de leurs budgets de défense «insignifiants». Une idée qui, à la limite, pouvait se défendre du temps de l'Union soviétique, mais qui relève aujourd'hui du fantasme, car l'unique menace qui pèse sur l'Europe, le terrorisme, ne peut être combattue par des moyens militaires développés et des budgets de défense gonflés, mais plutôt par des services de renseignements efficaces et des appareils de sécurité aguerris.
Visiblement, l'Union européenne n'est pas la même quand on la regarde de l'autre côté de l'Atlantique ou de ce côté-ci de la Méditerranée. De ce côté-ci, on voit un groupement toujours dynamique et prospère. Ceux qui n'y sont pas encore continuent de frapper obstinément à sa porte. L'auraient-ils fait si, comme nous l'expliquait le professeur Charles Kupchan, l'UE était agonisante ?


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