Par M'hamed JAIBI Les négociations entre les trois partis politiques qui se proposent de gouverner en coalition, durant la durée de la Constituante, battent leur plein autour des «présidences» : celle de la République, celle de la Constituante et celle du gouvernement. Cette bataille des présidences est parfois mal appréciée par les citoyens et certains médias qui y voient un combat indigne pour un partage «des postes». Mais il ne faut pas oublier que dans le système républicain, des leviers essentiels obéissant au fonctionnement démocratique des institutions permettent d'assurer l'équilibre entre les forces et d'harmoniser les mécanismes du pouvoir. On parle de M. Marzouki comme président de la République. Mais cette fonction est tributaire de la place précise qui lui sera dévolue dans le système provisoire d'organisation des pouvoirs que décidera la Constitution. De sorte que Ennahdha, Ettakatol et le Congrès pour la République sont, en fait, en train de s'entendre à propos de ce système provisoire, lequel préfigurera le type de gouvernement et même l'ossature du régime avant même que l'Assemblée n'en ait discuté. Puisqu'elle ne s'est pas encore réunie. On semble s'être d'ores et déjà mis d'accord sur le nom de M. Hammadi Jebali comme Premier ministre et même en qualité de «président du Conseil». Ce qui signifie que le régime provisoire sera parlementaire. Voire parlementariste, dans la mesure où une déclaration nahdhaouie parle de gouvernement élu. Les négociations à ce niveau sont plus que légitimes et ne concernent nullement un «partage du gâteau» mais un équilibre républicain. Est-ce que c'est le président de la République qui nomme le Premier ministre pour qu'il forme le gouvernement et le soumette à l'approbation de l'Assemblée. Ou bien la Constituante va-t-elle voter pour l'un et l'autre, les mettant dos à dos, en tant que deux expressions de l'exécutif. Enfin, il semblerait que M. Mustapha Ben Jaâfar soit pressenti comme président de la Constituante. Un tel choix est en soi rassurant, dans la mesure où il porterait en lui un maximum de garanties quant à la nature de la future Constitution, à sa durée et à l'étendue du consensus qui est appelé à la porter. Il est important de voir l'opinion publique comprendre que derrière un combat de coqs pour le partage des pouvoirs, se dresse l'échafaudage d'un système politique en formation. Sachant qu'Ennahdha qui pourrait prétendre à plus, apparaît clairement ici comme à la recherche d'un compromis historique libéral, qu'il faut bien saluer. Tout en restant vigilant.