• Plus de 100 «boîtes» ont mis la clé sous le paillasson à cause d'une crise d'une ampleur sans précédent… A l'instar de ce qui se passe ailleurs, le secteur de la location de voitures continue de manger son pain noir. Plus qu'une morosité aux effets généralement passagers, c'est à une crise d'une ampleur sans précédent qu'il a affaire. Retour de manivelle pour un secteur jusqu'ici en bonne santé et dont la prospérité illustrée par le nombre sans cesse croissant d'investisseurs s'en trouve désormais érodée. Au point que, depuis le 14 janvier dernier, plus de cent sociétés de location de voitures ont déclaré faillite. «Aujourd'hui, il est plus facile de remettre la clé que d'espérer une issue à la crise», lance laconiquement un professionnel du métier qui assure être davantage réaliste que pessimiste. Explication : «Il n'y a pas photo. Notre secteur agonise sous le poids d'une crise aiguë matérialisée par la chute libre des réservations et, par voie de conséquence, par l'augmentation galopante de nos dettes aussi bien envers les banques que les entreprises de leasing. Tout cela sans compter les charges quotidiennes et les surprises désagréables (chèques impayés des clients, accidents de la circulation, actes d'escroquerie, etc.)». Le pourquoi de la crise Les investisseurs dans ce secteur s'accordent à dire que «nous sommes en train de payer cher la facture de la révolution». En effet, depuis le 14 janvier, la clientèle a subitement brillé par son absence. En ce sens que les rares réservations ne s'effectuent que le week-end. De surcroît, les touristes connus tant pour leur affluence sur le «rent a car» que pour leur solvabilité ont, comme on le sait, déserté la Tunisie. Et le marché libyen, diriez-vous ? «Laissez-moi en rire», répond le tenancier d'une agence de location de voitures qui précise que «les Libyens représentent 10% de notre clientèle, étant donné qu'ils viennent généralement dans notre pays au volant de leurs véhicules». Le cadeau des…élections A l'aéroport Tunis-Carthage où les box «rent a car» constituent l'épine dorsale du secteur, la morosité est à son comble : bureaux désespérément vides, attentes interminables et dans l'anxiété de l'arrivée de «l'oiseau rare», carnets de réservation «blancs comme neige !» Dehors, dans l'immense parking de l'aéroport, on compte plus de voitures de location que de voitures particulières. Misère ! «Et dire que les tarifs qui nous sont imposés pour la location de box et le stationnement dans le parking de l'aéroport coûtent les yeux de la tête», déplore un professionnel du métier qui indique que «seules les dernières élections de la Constituante nous ont apporté une bouffée d'oxygène inespérée. Une bouffée hélas éphémère, puisque, depuis notre traversée du désert a repris, comme si de rien n'était». L'épée de Damoclès Pour certains, fermer boutique était un pas facile à franchir. Pour d'autres, l'hypothèse n'est pas non plus à écarter. «Nous sommes pris en tenailles entre les banques et les sociétés de leasing qui nous ravitaillent en véhicules et dont les préavis continuent malheureusement de pleuvoir sur nos bureaux», se plaint l'un d'eux qui estime, visiblement désappointé, que «nous vivons nos jours à la merci de ces deux parties dont l'épée de Damoclès est devenue, pour nous, un véritables cauchemar». Et de conclure par un SOS : «Nous espérons vivement que l'Etat interviendra, dans les plus brefs délais, pour essayer de nous sauver d'une grave crise qui nous a rendu la vie difficile, pour ne pas dire insupportable. Car, il y va de la survie d'un secteur stratégique et des milliers de familles qui en dépendent».