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Un printemps sans bourgeons
REPORTAGE - Tourisme — Région du Sahel
Publié dans La Presse de Tunisie le 29 - 04 - 2011

A Sousse, Monastir, et El Jem, les touristes brillent par leur absence. Le constat est là, éloquent. Pas besoin de chiffres pour en parler. Le tourisme à Sousse et au Sahel d'une façon générale est, en effet, sinistré. Jamais de mémoire d'homme cette activité qui donne toute sa vigueur à cette région aux multiples richesses et potentialités n'a enregistré de si médiocres performances.
En ce début de la moyenne saison, la Perle du Sahel, Monastir, El Jem… donnent l'impression de roupiller sous ce soleil radieux. Celui-là même qui a poussé les jeunes à goûter aux délices des baignades précoces dans une mer sans rides sur la plage légendaire de Sidi Boujaâfar.
Tout le tourisme y compris les activités qui l'accompagnent sont touchés par la guigne. Cafés, restaurants, centres commerciaux, location de voitures, artisanat,… souffrent en effet de la quasi-absence de touristes étrangers. Même les simples citoyens habitués à arrondir leurs fins de mois en louant de petites propriétés sont aujourd'hui K.O.
A part un soupçon de tourisme intérieur timide et moins dépensier que d'habitude, rien ne vient réanimer le secteur.
Prendre son mal en patience
Le choc nous l'avons reçu en pleine figure l'autre week-end. Port El Kantaoui, samedi soir vers 19h30. Il fallait se pincer pour s'assurer que l'on ne rêvait pas, ou plutôt que l'on ne vivait pas un cauchemar. Se pincer aussi pour s'assurer que le couvre-feu a bien été levé il y a belle lurette.
Un silence lourd et angoissant régnait sur la marina. A part quelques commerces timidement ouverts, le quai, lui, était envahi par l'obscurité.
«Les gens ont encore peur de sortir dès la tombée de la nuit», nous confie un commerçant en parlant des autochtones. Quant aux touristes, ils ont déclaré la guerre aux chats.
Déjà à l'heure du déjeuner, dans les restaurants touristiques de Sousse, en file indienne depuis le mausolée de Sidi Boujaâfar et jusqu'à la route de Jawhara, on s'exerçait à «chasser les mouches» ou presque. La fréquentation était en effet nettement en deçà de la normale surtout à cette époque de l'année et par ce beau temps enivrant. Même les supérettes qui pullulent tout le long de cette artère subissaient ce revers.
«On ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre», nous confie un restaurateur ayant pris son mal en patience. Et de poursuivre: «La liberté et la dignité ont un prix, et chacun de nous doit consentir un minimum de sacrifices. La crise passera et les affaires seront je l'espère plus florissantes que celles de l'époque d'avant le 14 janvier».
Médina, où sont tes amoureux ?
Bien fréquentée, la Médina souffrait elle aussi de la quasi-absence de touristes. Et le musée des traditions du palais de la Kobba était désert. Bien entretenu, intéressant à visiter, le musée se drapait de silence et se laissait aller à la torpeur. Les touristes le fréquentaient pourtant bien ces dernières années. Autre indicateur au pif du marasme que vit le secteur.
Une chose nous a, par ailleurs, choqués. Elèves et étudiants sont obligés de payer pour y accéder. A l'heure où notre patrimoine et notre identité sont menacés, faire payer ces deux catégories relève d'une ignorance certaine pour ne pas dire autre chose.
«Ces tarifs sont appliqués depuis de longues années par la municipalité», nous a expliqué le préposé au guichet. Car le musée dépend de la ville de Sousse et non de l'Agence de mise en valeur du patrimoine.
Même les commerçants de prêt-à-porter de la Médina accusent un manque à gagner flagrant. «Une bonne partie de notre clientèle est composée de touristes étrangers de différentes nationalités y compris nos voisins car nos articles sont nettement moins chers qu'ailleurs». C'est ce que nous a expliqué un vendeur visiblement rongé par l'ennui et la solitude et prêt à marchander jusqu'au bout.
Tous les commerces ont été également frappés de plein fouet par l'absence de la clientèle libyenne en raison de la tragédie que vivent nos frères et voisins. La location de gré à gré d'habitations privées meublées qui fait vivre bon nombre de familles à Sousse et banlieues est terriblement atteinte par ce fléau.
«D'habitude les locataires libyens se bousculaient pour décrocher un séjour», nous a déclaré M.A.G. propriétaire d'une petite villa à Khezama, quartier qui jouxte la zone touristique, qu'il avait aménagée pour cette activité lucrative tout au long de l'année. «Aujourd'hui c'est le désert total».
Quelques familles tunisiennes sont venues solliciter ses services, mais le marchandage a fini par le fatiguer. A cela vient s'ajouter le cas d'un locataire (concitoyen bien sûr) qui a pris la poudre d'escampette sans s'acquitter de son dû. Cela a fini par le persuader de laisser sa propriété fermée à clé, donnant ainsi sa pleine signification à notre fameux dicton qui dit «Magasin fermé vaut mieux que mauvais locataire».
Bons prix, mauvaises surprises…
Profitant de ce week-end printanier et des prix de groupe plusieurs familles tunisiennes ont afflué vers Sousse remplissant tant bien que mal les hôtels qui ont choisi de ne pas fermer.
Cinquante dinars la nuitée en demi-pension et en chambre double pour une personne dans un cinq étoiles, prix fort intéressant offert par des agences de voyages. Soit près de 65% de moins que les prix affichés dans les chambres.
Bonne occasion donc pour décompresser ? Que nenni ! Cela allait sans compter avec le manque de civisme de nos chers compatriotes et le nombre remarquable d'enfants jeunes et moins jeunes qui ont transformé le grand hall luxueux en un centre d'attractions. Se comportant comme s'ils fréquentaient un village de vacances et non un palace, nos concitoyens ont semé ainsi la pagaille dans des lieux destinés pourtant au calme et à une ambiance feutrée. Partout c'était la foire, et l'on ne se privait pas de s'interpeller à haute voix dans les couloirs à des heures tardives.
Dans le restaurant self-service c'est la course effrénée à l'amoncellement de la bouffe sur les tables. Une ruée vers l'amassage des plats pire que celle rencontrée au cours du mois saint. Et les serveurs chargés de garnir les plats étaient parfois malmenés par certains goinfres invétérés. Même le parterre en souffrait, devenu gluant et glissant à cause de cet inlassable chassé-croisé digne d'une colonne de réfugiés fraîchement sauvée.
«Nous aurions eu honte s'il y avait des Occidentaux parmi nous», nous a confié Yassine, chef de rang avant de nous décrire le grand respect de ses clients d'outre-Méditerranée pour la nourriture et leur retenue face aux délices de la table. «Les gens là prennent juste ce qu'il leur faut et sont soucieux de leur santé. Pourtant grâce à nos principes à nous et les recommandations de notre religion nos clients locaux auraient dû se comporter d'une manière beaucoup plus civilisée».
Dans la piscine couverte c'est encore la foire. On criait, ou barbotait, on se bousculait… Bref, on se défoulait. Logique après tant de stress. Mais là où le bât blesse c'est quand certains quittaient les lieux, dégoulinant pour aller rejoindre leurs chambres en traversant le plus normal du monde le hall de l'hôtel, ainsi que les couloirs, dont le parterre est recouvert de moquettes. Cela sans oublier nos concitoyennes qui plongeaient voilées dans la piscine.
…A cause du manque de civisme
«Le tourisme intérieur, oui, mais à condition que cela se fasse en conformité avec les convenances communément admises dans les unités touristiques classées», nous explique M. Mohamed Chetioui, directeur dudit cinq étoiles. Et de nous faire remarquer que bon nombre de nos compatriotes se comportent d'une manière qui dénote parfois un manque de civisme flagrant.
Il nous a été permis de constater par exemple que l'un des multiples ascenseurs de l'hôtel est tombé en panne à cause sans doute de l'usage abusif de la part de groupes de résidents tunisiens adoptant un comportement assez anarchique.
Pire que cela nous apprend notre interlocuteur : «Un client est venu nous informer qu'en se dirigeant pour s'installer dans la chambre octroyée, il a trouvé la porte de celle-ci défoncée.
Or après enquête, il s'est avéré que c'est lui-même qui avait défoncé la porte après avoir échoué plusieurs fois en voulant l'ouvrir». Vandalisme et mensonge. Beau titre pour un film d'horreur. Et les dégâts se sont élevés à près 200 DT. Soit plus que le prix du séjour.
«Le plus beau, renchérit le responsable, est que le réceptionniste s'est appliqué à expliquer à tous les clients la méthode la plus simple pour ouvrir une porte grâce à la carte magnétique. D'ailleurs, il a à sa disposition un modèle identique à portée de main pour les démonstrations».
Une incursion à Monastir puis à El Jem nous a conforté dans nos constatations. Le tourisme est vraiment exsangue. Aucun touriste étranger ou presque dans le Ribat de Monastir. Aucun touriste près ou dans le Colisée d'El Jem, l'un des monuments les plus visités par les étrangers lors de leur séjour en Tunisie.
Si la crise a touché de plein fouet les hôteliers, dont la situation était déjà problématique avant le déclenchement de la révolution, elle n'a pas épargné pour un sou le secteur paratouristique qui malgré sa relative atrophie parvenait tant bien que mal à s'en sortir.
Le calme qui revient petit à petit et la douce brise de la liberté qui caresse nos terres sauront attirer plus de touristes et sans aucun doute de meilleure qualité. Peut-on, avouons-le, faire une omelette sans casser d'œufs ?
L'essentiel est que le tourisme intérieur devienne l'un des plus solides piliers du secteur. Pour cela l'encadrement adéquat est nécessaire.


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