La Presse — Journée extraordinaire que celle d'hier. Du côté du Bardo, aussi bien à l'intérieur de l'édifice de la Chambre des députés qu'alentour, le climat était celui des grands jours, de ces jours que l'histoire consigne en lettres d'or dans ses archives. Bien sûr, démocratie oblige, la rue grondait de ses propres sonorités et s'animait de ses propres discours et revendications... Une certaine agitation n'en était pas absente. A l'intérieur, en revanche, l'heure était à la solennité. L'ouverture de la séance inaugurale de l'Assemblée nationale constituante a été assurée par celui qui est encore le président de la République, à savoir M. Foued Mebazaâ, dont l'allocution a été applaudie... M. Béji Caïd Essebsi était de la fête également, avec les autres membres du gouvernement. On se souviendra de ce moment où tous les élus ont entonné d'une même voix l'hymne national, puis celui où ils ont récité la Fatiha en hommage aux martyrs... On se souviendra de la figure du doyen des constituants, M. Tahar Hmila, à qui est échue la présidence de la séance, avec à ses côtés les deux benjamins, un jeune homme et une jeune femme. Les journées qui viennent seront également chargées pour la Constituante. Mais, d'ores et déjà, l'Assemblée s'est donné son président en la personne de M. Mustapha Ben Jaâfar, qui a recueilli 145 voix sur 213, Mme Maya Jeribi, secrétaire générale du Parti démocratique progressiste, recueillant pour sa part le reliquat, soit 68 voix. Ainsi donc, après l'étape cruciale des élections le 23 octobre dernier, voici franchie celle de la séance inaugurale qui nous éloigne encore plus de l'ère de la dictature et qui va plus avant dans la réponse aux objectifs de la révolution.