Après la révolution de la liberté et de la dignité du 14 janvier et après la mise en place de la Constituante, la nouvelle étape de transition exige le rétablissement concret d'un dialogue social sincère. Une étape que toutes les catégories sociales souhaitent qu'elle soit marquée par une mobilisation accrue face à une inquiétude liée à la menace et la survie de milliers d'emplois. Pour un grand nombre d'ouvriers, l'inquiétude est le sentiment le plus partagé. Des ouvriers qui avaient, à maintes reprises, donné le ton en protestant et manifestant à l'annonce de leur sortie brutale de leur poste de travail. Après plusieurs sit-in et grèves, les travailleurs exerçant dans plusieurs secteurs, notamment privés, — mis en chômage ou menacés de l'être à l'avance, et au moment où les organisations syndicales cherchent à calmer la situation —, dénoncent encore et toujours la mauvaise foi et la volonté manifeste de toute direction de créer une situation de confrontation par l'utilisation du dilatoire dans le traitement des revendications des ouvriers. Alors qu'on croyait savoir que l'expérience de la sous-traitance a été arrêtée et où des pans entiers d'activités ont déchu sans aucune transparence de gré à gré, on découvre, ces derniers jours, que ce système persiste au sein de quelques entreprises publiques comme l'Office national de la poste. Environ une centaine d'ouvriers-sous-traitants travaillent comme chauffeurs-facteurs, dans des entreprises, jusqu'à aujourd'hui. Payés souvent moins que le SMIG, avec des contrats renouvelés donc non titulaires, sans déclaration fiscale ou couverture sociale et facturés jusqu'à plus de 3 fois leur coût, ces ouvriers travaillent en contradiction flagrante avec le Code du travail. Après le 14 janvier, sous pression des syndicats (date à laquelle la direction centrale de l'Ugtt a commencé souvent à être inspirée), des mouvements de grèves et de sit-in ont exigé la cessation de toute sous- traitance dans tout le secteur public et privé et l'intégration des employés notamment dans le secteur du gardiennage, du nettoyage et transport et du catering des sous-traitants dans les entreprises d'origine avec des exigences d'alignement des salaires et avantages. Ces chauffeurs sous-traitants exerçant dans l'Office national de la poste, ayant une ancienneté allant de trois à treize ans et tous des pères de familles, continueront à travailler dans des conditions précaires jusqu'au 31 décembre 2011, où leurs entreprises sous-traitantes mettront fin à leurs contrats. Ces ouvriers ont manifesté leur mécontentement à maintes reprises, auprès du syndicat de la Poste, de l'Ugtt et la direction générale de l'Office national de la poste, mais en vain. Que des promesses. Aujourd'hui, ils n'accordent plus de crédit aux promesses de ceux qui continuent à les ignorer, notamment la direction de leur entreprise d'origine. Ces ouvriers s'inquiètent de jour en jour sur leur avenir et s'interrogent sur la possibilité de leur intégration dans leur établissement d'origine, et souhaitent que la relation triangulaire — employeur employé — intermédiaire soit remplacée par une relation professionnelle ordinaire fondée sur deux parties — l'employeur et l'employé — où tous les ouvriers bénéficieront des droits garantis par la loi, y compris celui de la titularisation au sein de l'entreprise.