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Comment redonner confiance aux jeunes
Aujourd'hui, fête de la Jeunesse
Publié dans La Presse de Tunisie le 21 - 03 - 2011

En ce 21 mars, fête nationale de la Jeunesse, la dernière en ce mois puisqu'elle sera, désormais, fêtée le 14 janvier de chaque année, en commémoration de la révolution, ils sont plusieurs à se demander ce que leur apporte cette fête et si elle ne ressemble pas à ses précédentes. Qu'adviendra-t-il de leurs revendications?
Comment s'annonce l'avenir? Quel visage pour la Tunisie demain ? Plusieurs questions demeurent en effet, émergentes, voire préoccupantes en cette période post-révolution et qui n'ont pas trouvé de réponses. «La Tunisie vient de chasser le tyran, va devenir un pays démocratique, et ses habitants fuient, comme c'est curieux», a-t-on lu dans des médias français à propos des vagues d'immigration clandestine de milliers de jeunes tunisiens. Pas si curieux, en réalité, si l'on sait que les revendications pour lesquelles les jeunes se sont révoltés, donnant leurs vies et leur sang, sont encore insatisfaites.
Qui sont les jeunes tunisiens ? Ils sont près de 2 millions 500 mille âgés entre 18 et 29 ans et représentent environ 24% de la population totale. Avec un taux d'alphabétisation de plus de 96%, dont 20,4% de niveau supérieur, ils sont la génération la plus instruite de toute l'histoire du pays. Presque la moitié des jeunes se trouvent concentrés dans deux régions, le Centre Est avec 24.6% et le Grand Tunis avec 23.3%, suivies de loin par le Sud avec 15.6% et le Nord Ouest avec 13.7%. La concentration dans les deux premières régions s'explique, essentiellement, par l'existence d'une carte universitaire plus variée avec un grand nombre d'institutions proposant toutes les spécialités avec environ 60% de l'ensemble des étudiants, et une forte concentration d'industries à haute valeurs ajoutées et génératrices d'emplois.
Ils ont volé nos richesses, mais ils ne voleront pas notre révolution
Cette jeunesse qui attend beaucoup de sa révolution semble, aujourd'hui, désorientée face à une situation extrêmement confuse et emmêlée. Tant il est vrai qu'au sortir d'une révolution, et en l'absence de feuille de route claire, non seulement au niveau politique mais aussi et surtout au niveau social et économique, plusieurs embûches pourraient entraver son aboutissement comme l'anarchie, la désunion, l'inquisition ou la chasse aux sorcières et beaucoup d'autres qui mettraient en danger jusqu'à ses propres valeurs et principes : dignité, liberté, justice et démocratie. Depuis la chute de l'ancien régime, le pays est entré dans une sorte de chaos économique et le gouvernement de transition, confronté à des violences, des dérapages et des pressions de tous bords, a eu du mal à gérer les revendications d'une jeunesse exaspérée et inquiète face à un avenir qu'elle croyait prometteur mais qui, au fil des jours, devient de plus en plus incertain.
Aussi bien à la Kasbah que devant la coupole d'El Menzah, ou encore dans plusieurs villes de l'intérieur du pays, les jeunes ont réclamé des réformes en adéquation avec leurs revendications politiques, économiques et sociales à savoir, rompre avec l'exercice arbitraire et absolu du pouvoir, en finir avec la corruption et le népotisme qui ont, longtemps, étouffé l'économie et affirmer leur droit à une vie décente.
«Ils ont volé nos richesses mais ils ne voleront pas notre révolution», ont-ils scandé sur la place du Gouvernement. Plus de deux mois après cette désormais historique journée du 14 janvier, nul besoin d'affirmer que dans cet imbroglio politico-médiatique qui règne dans le pays, les jeunes se sentent exclus de toute forme de participation dans la prise de décision et ne bénéficient pas de la priorité qui devrait leur être accordée. Plusieurs milliers d'être eux, plus de 10.000 d'après des sources d'information européennes, ont préféré prendre le large, avec tous les risques encourus, des dizaines parmi eux ont trouvé la mort, cela en dépit des efforts du gouvernement d'endiguer ce fléau d'émigration clandestine, en faisant échouer plusieurs tentatives. Ce désir d'émigrer et d'émigrer clandestinement a, toujours, constitué une réalité dans le milieu des jeunes et lors de la dernière enquête initiée par l'Observatoire de la jeunesse en 2010, 66,5% des enquêtés se disent prêts à partir à l'étranger si l'occasion se présente et 47% d'entre eux ont une préférence pour l'Europe. Ce phénomène est d'autant plus inquiétant que la motivation la plus citée est l'absence d'avenir en Tunisie puisque les raisons invoquées sont la recherche d'un emploi et l'amélioration de la situation sociale. La frustration et la déception face à cette réalité cruelle et crue ont remplacé l'euphorie qui a suivi les premiers jours de la révolution.
Les jeunes d'aujourd'hui sont-ils plus politisés?
Pendant ce temps, le spectre, dans son sens physique et non fantomatique, politique s'élargit de plus en plus et l'on se bouscule au portillon pour déposer des demandes de visa de partis, lesquelles demandes ont atteint, à ce jour, la centaine. Le débat se focalise, essentiellement, sur des sujets politiques avec l'émergence de nouveaux discours, véhiculés par des médias longtemps sevrés de liberté, allant jusqu'à la remise en question de certains fondamentaux de cette révolution elle-même comme l'intangibilité des droits de l'Homme, et la remise en cause des acquis de la République tel le code du statut personnel.
Les jeunes d'aujourd'hui sont-ils plus politisés ? Bien que l'on ne dispose pas de données nouvelles sur les différents aspects de la participation de la jeunesse post-révolution, l'enquête précédemment citée a montré un faible taux de participation qui n'atteint même pas les 9% dont 3% seulement au sein des partis politiques, ce qui confirme la désaffection des jeunes envers la politique dont les champs et les formes étaient, jusque-là, très limités. Lors des élections d'octobre 2009, moins de 25% de la tranche d'âge 18 et 29 ans ont déclaré avoir voté. Cette faible implication dans la vie politique et sociale a engendré une absence de participation active des jeunes aux processus de décision aux niveaux national, régional et local. Mais ce qui est réconfortant dans cette enquête, c'est qu'une forte majorité d'entre eux considère la sauvegarde de l'indépendance du pays (76%) et la défense de ses intérêts (68%) comme des devoir absolus et qu'ils placent l'amour de la partie au premier rang de l'échelle des valeurs suivie de la liberté et du travail, et il est vraisemblable que ce sentiment se soit renforcé après le 14 janvier.
Qu'en est-il aujourd'hui ? En l'absence de nouveaux éléments et en partant des faits constatés ces dernières semaines, on peut dire que les jeunes sont beaucoup plus dans la contestation que dans la politique et semblent beaucoup plus préoccupés par leurs problèmes personnels, en premier lieu l'emploi. Certains, avec qui nous avons soulevé cette question, ont le sentiment d'être tenus à l'écart du débat sur la transition démocratique et pensent que la plupart des hommes politiques actuels ne portent pas leurs voix. Et même s'ils se montrent critiques à l'égard du système, ils ne le rejettent pas en bloc. Ils pensent que le gouvernement actuel doit se pencher en priorité sur l'emploi et l'amélioration du niveau de vie.
Y a-t-il un projet pour la jeunesse?
Les partis, dont le nombre ne cesse de s'allonger de jour en jour, doivent se rendre à l'évidence : les jeunes s'intéressent à la politique autrement. Ils ne vivent pas les mêmes expériences que les générations précédentes, eux qui ont fait la révolution. Tout a changé, la société, les repères, les valeurs et les grandes problématiques. Ils ont de nouvelles formes d'expression, sur la Toile notamment, autour de nouvelles attentes et sont à la recherche d'autres modes d'action pour marquer leur différence et leur singularité. Mais tout n'est pas, encore, clair dans leurs esprits quoi qu'ils semblent témoigner un attachement profond aux valeurs républicaines et démocratiques. La participation des jeunes dans la vie publique de manière générale est tributaire des changements dans la manière de la perception de la société à leur égard et sa capacité à les intégrer dans les différents circuits. Le niveau de participation pourrait varier entre la pure manipulation et la mise en place de véritables programmes conçus et réalisés par les jeunes eux-mêmes. Les démarches ponctuelles doivent être écartées et il faut penser à insérer les stratégies de participation de la jeunesse dans un cadre institutionnel et structurel ainsi que dans les processus de développement politique, social et économique.
Alors y a-t-il un projet pour la jeunesse ? Pour le moment, le souci des acteurs de la nouvelle scène politique nationale est ailleurs. Le gouvernement de transition, qui a hérité d'une situation difficile, essaie de parer au plus urgent. Et bien qu'il soit difficile, dans l'immédiat, de pouvoir mettre en place un véritable projet pour les jeunes, il faudra, néanmoins, remettre la question de la jeunesse au cœur de l'actualité nationale. Le gouvernement pourrait, dans une première étape, donner mandat à une équipe d'experts pour lui préparer un rapport sur l'état des lieux de la jeunesse comprenant un diagnostic des problèmes et des préoccupations de cette catégorie sociale, avec des données statistiques réelles en vue de la mise en place d'un véritable plan d'action à moyen et à long terme pour répondre à la diversité des attentes des jeunes ainsi qu'à la diversité de leurs situations. Les champs d'action prioritaires devraient être définis, avec des objectifs stratégiques ayant pour finalité redonner confiance aux jeunes et les accompagner vers l'autonomie et la responsabilité.


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