Ce sont toujours les consommateurs qui paient les frais d'une mauvaise organisation des circuits commerciaux à travers le pays. Certains commerçants, peu scrupuleux, n'hésitent pas, en effet, de pratiquer des méthodes détournées en vue de gagner plus. Ils profitent, par exemple, de l'absence des agents de contrôle économique pour ne pas afficher les prix, voire pour augmenter ces prix et recourir à la vente conditionnée. Il suffit qu'un produit connaisse un manque – comme ce fut le cas récemment pour le lait et l'eau minérale – pour que les spéculations fassent leur apparition. Autant d'infractions qui sont, en principe, sanctionnées par la loi, mais qui sont constatées dans plus d'un point de vente à travers le pays. Durant leurs rondes de contrôle routinier, les agents de contrôle économique, relevant du ministère du Commerce, rédigent souvent plusieurs procès-verbaux à l'encontre des contrevenants et les invitent à régulariser leur situation dans les meilleurs délais. Mais cela ne semble pas les dissuader, dans la mesure où ils continuent à tromper les consommateurs de diverses manières. Sans généraliser, bien entendu, il y a des commerçants qui sont dignes de confiance et sont soucieux de respecter la réglementation en vigueur en offrant les meilleures prestations à leurs clients. En tout cas, le ministère de tutelle a bien fait de préparer une feuille de route relative à la modernisation du secteur commercial. Une législation claire et peu contraignante Le commerce intérieur fera l'objet d'une mise à niveau à la faveur d'une réadaptation professionnelle des intermédiaires opérant au niveau de la chaîne d'approvisionnement comme, à titre d'exemple, les marchés municipaux, les marchés de gros et les abattoirs. Ces intervenants – dont plusieurs ont appris le métier sur le tas – ont besoin, en fait, d'enrichir leurs connaissances dans le domaine commercial pour mieux servir les consommateurs. Il s'agit aussi d'instituer un système de gestion et de monitoring des chaînes et des prix en vue d'éviter toute forme de corruption. Parfois, les prix atteignent un niveau très élevé pour la simple raison qu'il existe un manque d'approvisionnement et cela ne permet pas aux consommateurs à revenus limités de satisfaire leurs besoins. Certes, la Tunisie a opté pour la loi de l'offre et de la demande et de l'ouverture économique, mais pas pour la corruption et le gain facile aux dépens des consommateurs à faibles revenus. Le commerce parallèle n'obéit, quant à lui, à aucune réglementation et concurrence sérieusement, et de façon déloyale, le commerce organisé depuis des années. D'où la nécessité d'assurer l'encadrement de ce genre de commerce en l'intégrant dans le circuit formel pour être soumis au contrôle et aux impositions sur la base d'une législation claire et peu contraignante. Les consommateurs ont recours aussi aux grandes chaînes commerciales qui se trouvent dans plusieurs zones. Elles offrent des prix avantageux, mais ne manquent pas d'irrégularités, comme l'absence d'affichage des prix. L'implantation des hypermarchés et des supermarchés et l'exploitation des enseignes est favorisée non seulement dans le Grand-Tunis, mais aussi dans certaines régions intérieures. Plusieurs gouvernorats comptent d'ailleurs de tels espaces commerciaux qui ont pu durant des années satisfaire les besoins de consommation des habitants, tout en créant une dynamique socioéconomique. Cet effort d'implantation des grandes surfaces devrait se poursuivre dans les régions pour renforcer le rythme des activités économiques. L'organisation des marchés hebdomadaires, qui commercialisent des produits à prix abordables, est également souhaitée. Un grand nombre d'habitants attendent la tenue de ces marchés pour faire leurs emplettes à petits prix. Cependant, les vendeurs ne respectent pas parfois l'espace qui leur est réservé et occupent indûment la propriété publique destinée en principe aux piétons et aux véhicules. Il est possible aussi d'organiser des foires commerciales à certaines périodes de l'année – au cours du mois de Ramadan, de la rentrée et autres périodes de grande consommation – pour regrouper les différents commerçants dans un espace approprié pendant quelques jours pour répondre aux demandes des consommateurs.