KINSHASA (Reuters) — Les violences qui ont émaillé les élections de lundi en République démocratique du Congo (RDC) ont fait au moins 18 morts, la plupart ayant été abattus par des soldats de la garde du président Joseph Kabila, rapporte hier Human Rights Watch. L'ONG basée aux Etats-Unis a établi son bilan à partir de récits de témoins oculaires et d'informations fournies par des associations locales de défense des droits de l'Homme. Les élections présidentielle et législatives ont été marquées par des problèmes d'organisation, des fraudes présumées et des affrontements entre membres des différentes factions politiques et les forces de sécurité. Les incidents les plus graves se sont produits samedi lors du dernier jour de la campagne électorale lorsque 14 personnes ont trouvé la mort après l'annulation par les autorités de tous les rassemblements politiques et l'intervention des forces de l'ordre pour disperser des manifestations dans les rues de Kinshasa, la capitale. HRW raconte qu'un convoi de la garde présidentielle a fait feu sur des civils, tuant 12 manifestants et en blessant plusieurs dizaines dont une femme enceinte. Les soldats auraient riposté après avoir essuyé des jets de pierres de la part de partisans de l'opposition. «Les élections ne peuvent être une excuse pour que les soldats tirent au hasard sur la foule», a estimé Anneke Van Woudenberg, membre d'HRW Afrique. Demandes d'annulation du scrutin «Les autorités devraient suspendre immédiatement les responsables de ce bain de sang inutile et les tenir pour responsables», a-t-elle ajouté. Le ministre de la Sécurité, Adolphe Lumanu, avait affirmé mercredi à Reuters que la garde présidentielle n'avait pas été déployée pendant les violences à Kinshasa. «Il pourrait s'agir de personnes déguisées ou portant des uniformes de la garde présidentielle mais aucun élément de la garde présidentielle ne se trouvait dans les rues», a ajouté Lumanu. D'autres incidents se sont produits dans plusieurs régions du pays dont l'agression au marteau d'un candidat de l'opposition dans sa résidence et le passage à tabac d'une femme qui surveillait le déroulement du scrutin et qui était accusée de fraude. Les résultats préliminaires de la présidentielle devraient être publiés la semaine prochaine. HRW a joint sa voix à celle de l'Onu pour lancer un appel au calme, en particulier à Kinshasa qui est globalement favorable à l'opposition. «A mesure qu'approche la proclamation des résultats de l'élection, il est essentiel que tous les chefs de file, vainqueurs ou vaincus, se comportent d'une manière responsable et pacifique», a jugé Van Woudenberg. Principal adversaire du président sortant Joseph Kabila, l'opposant Etienne Tshisekedi a dit qu'il n'accepterait pas la défaite tandis que trois autres candidats ont demandé l'annulation du scrutin en raison, selon eux, de vastes fraudes orchestrées par le gouvernement.