PERPIGNAN (Reuters) — Nicolas Sarkozy a souhaité hier une accélération de la réforme de l'hôpital et la mise sur pied d'un "nouveau modèle" de médecine libérale et des soins de premier secours en France, lors de ses vœux aux personnels de santé. Le Président de la République française s'adressait à environ 1.500 personnes, essentiellement des personnels et professionnels de santé, dans un palais des congrès aux abords strictement bouclés par les forces de l'ordre à Perpignan (Pyrénées orientales). Il a souhaité que l'ensemble des décrets d'application de la loi sur la réforme de l'hôpital soient publiés avant le premier anniversaire de la promulgation de ce texte, le 21 juillet 2009. Il a plaidé pour une amélioration de la performance de l'hôpital et réaffirmé son souhait de voir les établissements hospitaliers publics ramener leurs déficits à zéro d'ici 2012. "Ce n'est pas une question d'idéologie, c'est une question de bon sens", a-t-il expliqué. "Quand un hôpital est en déficit, il ne peut plus investir." Selon la Fédération hospitalière de France, citée par le quotidien Les Echos, les effectifs des hôpitaux publics ont baissé pour la première fois en 2009 depuis au moins 10 ans, avec 1.800 postes de moins — soignants et non soignants. L'Assistance publique Hôpitaux de Paris prévoit de supprimer un millier de postes en 2010 et plus encore les années suivantes et 900 médecins menacent de démissionner de leurs fonctions administratives si ces chiffres sont maintenus. Ailleurs, comme à Lyon, Nancy, Le Havre et Caen, les suppressions de postes prévues se comptent par centaines. Parallèlement à la poursuite de la réforme de l'hôpital, Nicolas Sarkozy a annoncé son intention de confier au président du conseil national de l'Ordre des médecins, Michel Legman, une mission de réflexion sur une refonte de la médecine libérale. "La médecine libérale doit être refondée à l'heure même où les demandes qui lui sont adressées n'ont jamais été aussi nombreuses", a déclaré Sarkozy, qui a souhaité recevoir les proposition du Dr Legman d'ici fin mars. Rééquilibrer l'assurance maladie Il a rappelé que le secteur de la santé, dans sa totalité, pesait en France 200 milliards d'euros et deux millions d'emplois mais que le nombre de médecins libéraux continuait de diminuer régulièrement en France. Le Chef de l'Etat a confirmé son intention de traiter la question du déficit chronique de l'assurance maladie dans le cadre de la conférence nationale sur les finances publiques qu'il lancera fin janvier. Cette conférence "évoquera la méthode pour rééquilibrer les comptes de l'assurance maladie, puis pour maintenir cet équilibre dans le temps", a-t-il expliqué. Nicolas Sarkozy a promis que les options qui seraient retenues feraient l'objet d'une concertation. Le déficit de l'assurance maladie a été de 11,5 milliards d'euros en 2009 et les prévisions actuelles l'évaluent à 14,5 milliards en 2010. Le Chef de l'Etat a de nouveau défendu hier les mesures prises par le gouvernement français face à l'épidémie de grippe A (H1N1), dont un programme massif de vaccination controversé. Il a estimé que le gouvernement avait fait "ce qu'il fallait" pour protéger la population sans en faire trop, malgré les reproches de commentateurs et de responsables politiques, en particulier dans l'opposition. Il a notamment assumé la décision de la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, d'annuler la commande de 50 millions de doses de vaccins sur les 94 millions initialement commandées. "On a trop de vaccins ? Eh bien on annule les commandes (...) On revendra ceux qu'on a en trop mais il n'y a pas un seul Français qui pourra dire à un ministre de la Santé, ‘‘je voulais être vacciné, je n'ai pas pu être vacciné''", a-t-il dit. Le Président de la République a enfin réaffirmé son engagement dans trois chantiers de santé publique : la prise en charge de la maladie d'Alzheimer, la lutte contre le cancer et le développement des soins palliatifs.