• Le record d'autorisations octroyées depuis la révolution a provoqué saturation et anarchie dans ces deux secteurs. Un… puzzle difficile à reconstituer ! Le secteur des taxis (individuels et collectifs) et des louages connaît, aujourd'hui, une «explosion» d'une ampleur jamais égalée par le passé. Cela s'est traduit, bien évidemment, par une saturation qui frise désormais l'anarchie. C'est d'autant plus vrai que, paradoxalement, la révolution n'a fait qu'empirer la situation, dans la mesure où, depuis le 14 janvier dernier, et au plus fort des grèves et sit-in, les autorités concernées ont dû, à leur corps défendant, octroyer un nombre incalculable d'autorisations dans ce secteur. Un «mal nécessaire», quand on sait que, dans la plupart des régions du pays alors traversées par une crise sociale houleuse, des gouverneurs et des maires ont été contraints de délivrer, abusivement, des autorisations, afin de se prémunir contre les grèves, les sit-in et les… tentes de protestation plantées devant leurs Q.G. ! «Est-ce sage de procéder de la sorte, soi-disant pour calmer la colère des manifestants ?», s'interroge un taximan qui assure que «notre unique source de vie et de survie s'en est tragiquement ressentie. Au point que nos gains ont effectué une dégringolade de l'ordre de 50%». Pour un autre taxi-driver non moins râleur, «il est révoltant de constater que cette hémorragie est doublée d'une pratique intolérable, à savoir l'octroi d'autorisations à ceux qui ne les méritent pas. Un simple contrôle des services concernés permettrait à ceux-ci de démasquer des individus en possession de deux, voire trois autorisations. Et dire que d'autres en attendent une depuis plus de trois ans.» Même son de cloche chez les louagistes que «l'invasion des nouveaux collègues» semble avoir mis à mal, sur fond de concurrence de plus en plus impitoyable. «Non content de voir notre métier saturé et affaibli, l'Etat continue, aussi étonnant que cela puisse paraître, de distribuer des permis, à gauche et à droite», se plaint un louagiste qui fait état d'une nouvelle fatalité qui s'installe. «Hier, explique-t-il, nostalgique, je faisais cinq à six courses par jour entre Tunis et Sousse. Aujourd'hui, messieurs, je me contente de deux, à tout casser; Cela s'appelle “aller dans la gueule du loup”, au nom de la sacro-sainte révolution.» Un autre louagiste qu'on a approché tient le même langage contestataire. «Je connais, indique-t-il, des fonctionnaires étatiques qui ont impunément renforcé nos rangs depuis le 14 janvier. Au nom de quelle loi ont-ils bénéficié de ce permis et, par là, de ce cumul?» Et d'ajouter «Entretemps, les taxes que nous endurons continuent de monter crescendo. Veut-on, par hasard, nous jeter dans la rue pour aller rejoindre les 700 mille chômeurs du pays?». Le bout du tunnel ? Cependant, l'heure semble être à la dédramatisation au ministère du Transport où l'on promet de «résoudre incessamment ces problèmes, avec la collaboration étroite des parties concernées (gouvernorats et municipalités) et, plus particulièrement, avec la Fédération générale des transports», celle-ci ayant déjà pris les choses en main, dans la perspective d'assurer l'assainissement des secteurs des taxis et des louages et, par conséquent, de mettre fin à l'anarchie qui y prévaut en ce moment. Acceptons-en l'augure.