Suite à la parution de notre reportage sur la découverte archéologique effectuée accidentellement sur un chantier à la Goulette (La Presse du 28 novembre dernier), nous avons reçu de M. Azzedine Chadi le mail suivant : J'ai lu avec intérêt votre article intitulé « La Goulette de Charles Quint livre un nouveau secret ». Effectivement, comme vous le dite si bien la « Carrâka », ou pénitencier, était avant tout, une forteresse imposante. Cette forteresse a été construite peut-être même avant la construction de la ville. Une pente, à l'intérieur des murailles, permettait de faire accéder au-dessus des murs des pièces d'artillerie de gros calibres, avec leurs boulets . Notons également qu'après 1777, la Tunisie ayant reconnu l'Indépendance des Etats-Unis d'Amérique, les bateaux marchands américains en Méditerranée venaient souvent s'abriter sous les canons de la forteresse de La Goulette. La Goulette, Radès et La Marsa sont des ports, donc au niveau de la mer. En revanche Sidi Bou-Saïd, de par sa position surplombant le port de plaisance actuel, permettait de contrôler l'accès de la baie de Tunis. L'implantation, bien plus tard, du phare de Sidi-Bou-Saïd le confirme. La Tunisie occupait donc une position géographique et politique charnière entre les puissances occidentales chrétiennes et les puissances arabes ou turques de l'époque, autrement dit, entre l'Islam et la Chrétienté. Charles Quint était venu à la tête d'une coalition d'armées des puissances occidentales chrétiennes, dont celle du Vatican. Il se trouvait aussi que l'un des tout derniers princes hafçides, l'abominable Moulay Hassan, qui avait fait assassiner ses propres frères pour monter sur le trône, avait conclu un accord avec les puissances occidentales, notamment avec Charles Quint, afin que ce dernier le remette sur le trône duquel il avait été chassé en payant ce «service» d'une façon ou d'une autre... De même qu'il avait donné son accord pour, entre autres, implanter des églises en Tunisie. Notons également que, du temps de la colonisation française du pays, une voie d'eau, entre la forteresse et le «lac de Tunis», servait de port de pêche où vivait une dense communauté italienne, encouragée sans doute par Garibaldi, alors professeur à l'Ecole militaire du Bardo. La colonisation française n'était intéressée que par Bizerte. La voie d'eau ou port de pêche ne fut comblée qu'après l'Indépendance du pays. Il n'est donc pas étonnant que les historiens et chercheurs trouvent quelque chose en cet endroit en rapport avec le patrimoine... (à encourager !) Il y avait aussi (paraît-il) deux petites forteresses, ou tours de garde fortifiées, espacées d'environ 10 km, placées aux extrémités du canal, dont l'une (probablement) construite au niveau des voies du T.G.M (à Tunis). Elles permettaient, avec la forteresse de l'îlot Chikli, d'isoler totalement ‘la Médina de Tunis. Incontestablement, la Tunisie manque encore de chercheurs et d'historiens... Beaucoup de choses doivent être dévoilées au grand public !