Une année est déjà passée depuis le déclenchement de la révolution tunisienne. Un nouvel acte de naissance pour une Tunisie aux couleurs multiples: plus de partis, plus de liberté d'expression à tous les niveaux médiatiques, culturels… Aujourd'hui, la Tunisie post-révolutionnaire reprend tout à zéro pour définir ses objectifs politiques, économiques, sociaux et culturels. Regagner sa dignité et sa liberté par le travail est la voie toute tracée sur laquelle devrait s'atteler le prochain gouvernement pour faire réussir la révolution. Mais, est-ce suffisant ? L'enjeu politique de la culture n'a jamais été aussi important, car il y va même du modèle de société à venir. L'instrumentalisation de la culture par certains partis politiques ou mouvances religieuses peut représenter un péril pour la stabilité du pays. La Tunisie a toujours été, à travers son histoire, porteuse de connaissance, de savoir, de valeurs humaines et humanistes, de modernité et de tolérance. Ce sont ces principes qui garantissent la liberté, le respect des Droits de l'homme, de solidarité et de démocratie. Enfin, d'un vivre ensemble où chacun a droit à la différence. En tant que source de création et vecteur de liens entre les individus, la culture est une valeur ajoutée à l'essor des autres secteurs de la société. La croissance économique et sociale reste tronquée sans les considérations existentielles comme l'ouverture, le dialogue, la tolérance entre les autres cultures et les religions. L'attachement à la culture et à ses principes d'émancipation est un principe fondamental sur lequel il n'y a pas lieu de faire des enchères. A cet égard, le pari sur la culture et les intellectuels est un élément de base des choix d'avenir de la société tunisienne. La consolidation du secteur culturel, le renforcement de son rôle avant-gardiste ne peuvent être entrepris sans cette aspiration à la liberté, liberté gagnée par le sang versé des martyrs de la révolution. C'est cette aspiration qui conditionne le processus de démocratisation. Le choix de société érigé sur un certains nombre de fondamentaux, comme la liberté, la modernité et la tolérance, ne doivent pas être remis en question. Ils sont des composantes majeures du projet sociétal de la Tunisie nouvelle que nous souhaitons à l'image d'une mosaïque multiforme. Cette perception de la culture doit relever d'une ambition politique qui tend vers la promotion d'une société débarrassée des archaïsmes et de toutes les formes d'aliénation de l'individu et de son embrigadement. Une société où le soutien aux productions éditoriales, cinématographiques, théâtrales, picturales et chorégraphiques se fait sans condition d'appartenance politique, religieuse ou de classe. Des synergies d'action sont à entreprendre en des termes novateurs et révélateurs d'une ambition réelle que les artistes peuvent relever. Il y a donc révolution et révolution. La révolution de la dignité et de la liberté retrouvées ne peut demeurer sans la stimulation des énergies créatrices et sa contribution à l'action du développement global.