Le club Unesco Bardo vient d'accueillir un atelier d'écriture sur le thème de la Méditerranée, pour lequel il est partenaire avec l'association française Coup de soleil, dont l'un des objectifs est justement le rapprochement entre les deux rives de la Mare Nostrum. Cet atelier a débuté à Perpignan en France, avec des participants de la région Languedoc-Roussillon, avant de s'offrir une escale de l'autre côté de la Méditerranée, à Tunis. C'est ainsi que le projet a été conçu par Michèle Bayar, auteure pour enfants et adultes et membre de l'association Coup de soleil. Le thème «Méditerranée» n'est pas clairement affiché, il serait beaucoup plus une finalité qu'un point de départ. L'atelier porte d'ailleurs un nom plus poétique : «Fenêtres sur mer», dans l'espoir de nourrir une réflexion sur le regard que chacun porte sur l'autre ainsi que sur l'influence de la géographie sur le comportement. La moisson des deux ateliers sera publiée sur un blog créé pour l'occasion. Entre mars et juin, des échanges seront organisés entre les participants, à l'issue desquels des séances de lectures publiques des textes à Toulouse, à Perpignan, à Montpellier, à Paris, à Tunis, à Metlaoui et à Béja, sont prévues. Il faudrait d'abord avoir des écrits, et c'est dans la bonne humeur que l'atelier de Tunis a démarré, le 20 décembre dernier, au Bardo. Le groupe qui a accepté de se lancer dans l'aventure et de «se jeter dans le vide», comme le leur demande Michèle Bayar, est panaché, avec différents profils issus de différentes générations. L'auteur a commencé par annoncer la couleur : «Je ne vous apprendrai rien, leur dit-elle, mais je vous demanderai de vivre une expérience». Les participants se retrouvent donc livrés à eux-mêmes, devant la feuille blanche, avec une consigne simple : choisir un mot, à partir duquel il faut rédiger 10 lignes en 10 minutes. Méthode américaine, s'il vous plait, et aussi étonnant que cela puisse paraître, ça marche ! Le premier jet de textes est fabuleux. Des petites histoires, entre poèmes et fictions, très différentes les unes des autres. Mehrez, un retraité de l'enseignement, a écrit un poème sur «la traversée», Faten, ingénieur en génie énergétique et auteure pour enfants a nommé son texte «les diables masqués», Elyes, un élève de 17 ans, a fait l'éloge du poisson grillé, Chaïma, étudiante en audiovisuel, a raconté, en anglais, l'histoire d'un petit garçon qui veut devenir marin et Jonathan, également coordinateur de l'atelier, a imaginé un texte à partir du mot rocher. Dans cette ronde littéraire, l'animatrice se prête également au jeu et écrit dix lignes sur le klim. Après la lecture de chaque contribution, le groupe a choisi ensemble le mot sous lequel il s'inscrit le mieux, le but étant d'avoir, au bout du compte, un abécédaire. Au-delà de l'écriture, ce genre de rencontres favorise la communication et l'échange. Le don de soi par l'écriture peut même avoir des vertus thérapeutiques. Cet atelier appelle à connaître l'autre, celui qui vient de la rive opposée, à travers ce qu'il écrit et donc à travers sa sensibilité, loin des idées reçues, des clichés et des schémas établis. Si ce type d'échange se multiplie entre les deux rives, les choses changeront peut-être, au mieux. Même du côté Sud, longtemps privé de la liberté d'expression, de tels ateliers sont un bon moyen pour se réapproprier un outil important : le langage.