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Ce dogme qui veut gouverner l'université...
Retour des sit-inneurs à la faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de La Manouba
Publié dans La Presse de Tunisie le 11 - 01 - 2012

Ahmed Chawki a sacralisé l'enseignant au point d'en faire un prophète. De nos jours, on assiste à des conduites qui ne font que l'opprimer, le contrarier et le déshonorer. Voilà une crise des valeurs qui ne cesse de se propager au sein de nos universités et établissements scolaires. De ce point de vue, ce qui s'est passé lundi à la faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de La Manouba en est un témoignage vivant. L'histoire ?
Mme Amel Jiîdi, professeur chef du département anglais et membre du conseil scientifique, a fait l'objet d'une agression par une étudiante portant le voile intégral (niqab). Contactée, hier, à ladite université, elle nous livre sa version des faits : « L'incident s'est produit, hier, lundi, à 9h.30 devant la salle 323. On avait déjà entamé le cours quand une fille tout de noir vêtue s'est présentée en refusant de découvrir son visage, menaçant les étudiants que si elle n'était pas admise en cours, ce dernier n'aurait pas lieu. A ce moment-là, je suis intervenue, lui demandant gentiment de découvrir son visage, mais elle a refusé tout en m'insultant. Puis, ayant compris qu'il n'y avait pas moyen qu'elle assiste au cours sans découvrir son visage, elle m'a menacée de ramener toute la bande des salafistes et sit-inneurs qui étaient revenus depuis vendredi soir à la faculté des Lettres. Cinq minutes après, elle a débarqué avec près d'une vingtaine de barbus portant la tenue salafiste. Du coup, ils ont commencé à crier, à m'insulter et à me menacer. Je tiens à préciser, par la même occasion, que cette bande de salafistes était guidée par quelqu'un qui est connu pour son leadership au sein de la mouvance salafiste à l'intérieur de la faculté. Ce dernier a, ensuite, recommandé à ses compagnons de forcer le passage pour entrer en classe en m'agressant et, me poussant par derrière, j'ai failli tomber. Ce faisant, ils ont interrompu le cours pour insulter, par la suite, les étudiants en leur disant que si jamais cette sœur n'entrait pas en cours, ce dernier n'aurait pas lieu. A ce moment là, je me suis retirée avec mes étudiants et ils sont partis. L'après-midi, à 13h.30, j'étais dans mon bureau quand l'agent du département est venu m'informer qu'une collègue à nous venait d'être agressée dans la salle 313. En me rendant sur les lieux, j'ai trouvé la même bande accompagnée cette fois-ci d'autres individus qui n'appartiennent pas à la faculté et qui ne sont même pas des étudiants. En compagnie d'autres collègues, nous avons entamé une discussion avec eux, essayant de les dissuader de leur mauvaise action. Mais ils m'ont encore une fois agressée verbalement, puis, l'un d'entre eux s'est dirigé vers moi en me lançant qu'il s'agissait d'une affaire personnelle entre lui et moi et me menaçant de me liquider. Il m'a dit, à la lettre : «Moi, je ne parle pas beaucoup, je suis là pour agir»... Entre-temps, Mme Jîidi s'est tournée vers la justice : «C'est ce geste qui m'a poussée à porter plainte contre cette personne et le leader de la bande salafiste qui m'a agressée pour incitation à la violence. De surcroît, je trouve que le ministère de l'Enseignement supérieur est plus que jamais appelé à agir au plus vite pour trancher cette question. Autrement, si jamais notre ministère de tutelle ne prenait pas une position claire, il serait responsable de toute la violence qui pourrait se produire », conclut Mme Jiîdi.
Du temps gaspillé et après...
A qui profite le désordre ? Est-on conscient de ce précieux temps que l'on est en train de gaspiller ? Est-ce un vrai combat pour des principes et des valeurs, ou sommes-nous en présence d'une instrumentalisation politique tout simplement ? A-t-on essayé de déterminer le profil et le statut social des sit-inneurs ? Des questions que l'on se pose au vu des perturbations qui ne cessent de secouer nos facultés. S'attardant sur la question du temps, M. Habib Kazdaghli, doyen de la faculté des Lettres, des Arts et des Sciences humaines de La Manouba, précise que, contrairement à ce que l'on pense, le sit-in n'a pas été levé. Il a été interrompu suite à l'intervention du ministère de l'Intérieur pour prendre une nouvelle forme : «Les sit-inneurs ont choisi de procéder autrement, en se déplaçant en groupe d'une vingtaine de personnes, munies de caméras pour filmer tout ce qui peut se passer dans une salle contenant une étudiante portant le niqab. Une manière d'intimider l'enseignant ou l'enseignante qui refuse de se soumettre à leur volonté. Il faut dire, dans ce sens, que la décision prise par le conseil scientifique de la faculté, le 2 novembre dernier, stipule que toutes les parties concernées sont appelées à respecter les mesures en vigueur, dont l'interdiction du port du niqab en classe, pour des raisons pédagogiques, ainsi que la préservation d'une bonne relation enseignant-enseigné, sur la base du respect mutuel. En d'autres termes, les filles qui portent le niqab peuvent accéder à la faculté, à la bibliothèque ; elles peuvent circuler en toute liberté au sein de la faculté. Elles doivent néanmoins découvrir leur visage en entrant en classe pour des raisons de sécurité et pédagogiques. Or, il se trouve que ce règlement intérieur n'est toujours pas accepté par les sit-inneurs, qui nous font perdre du temps là où l'on œuvre tous à rattraper le rattrapable. Le scénario auquel nous assistons chaque fois est que, face au refus des filles portant le niqab de se soumettre à la loi en refusant de montrer leur visage, le professeur se trouve obligé de quitter les lieux devant l'impossibilité d'accomplir sa tâche dans les règles de l'art. Demander à une fille de se dévoiler est une exigence pédagogique à laquelle sont attachés tous les enseignants et pédagogues, faisant valoir qu'ils ont besoin de savoir à qui ils ont affaire. D'ailleurs, il faut que tous les acteurs de la société civile s'y engagent, et que les parents comprennent que cette exigence n'a pas d'autres soubassements que celui de l'intérêt des étudiants. De là, ils sont appelés à nous soutenir, en encourageant leurs enfants à respecter les lois en vigueur. Les différents syndicats nous soutiennent en cela», fait remarquer M.Kazdaghli.
A la question de savoir si, derrière ce sit-in, ce n'est pas l'oisiveté, mère des vices, qui agit en sous-main, M. Habib Mallekh, universitaire et ancien secrétaire général du syndicat général de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, répond que les sit-inneurs ne sont pas des étudiants oisifs qui occupent leur temps en faisant des sit-in : « Ce sont des étudiants qui ont un certain nombre de convictions qu'ils défendent. Une de ces convictions est que les étudiantes doivent porter le voile intégral au sein de l'université et dans les salles de classe. Ils cherchent à nous imposer cette position dogmatique, ignorant que les lois propres à l'institution l'interdisent strictement. Nous respectons leur dogme mais ils sont également appelés à respecter les règles séculaires de la profession. Lesquelles règles exigent des méthodes pédagogiques bien déterminées pour la transmission du savoir à l'apprenant. Ils ignorent peut-être qu'en assimilant l'enseignant à un «animal libidineux» qui ne songe qu'à ses appétits charnels en regardant une étudiante, ils le blessent dans son honneur. Nos parents avaient, dans les années 60 et 70, une confiance aveugle en l'enseignant, au point d'accepter la punition corporelle qu'il infligeait à leur progéniture. Il faut continuer à défendre ces bonnes valeurs », considère M.Mallekh. Un avis partagé par M.Néji Argoubi, professeur de géographie, qui affirme, sur un mode allusif, qu'il y a nécessité de revoir la structure universitaire et les systèmes d'enseignement adoptés, afin de préparer des hommes et des cadres aptes à prendre la relève pour la prospérité du pays et le bien-être des Tunisiens...
S'exprimant sur les événements secouant la faculté de La Manouba, un sit-inneur rencontré dans la cour de l'université fait remarquer que le port du niqab est un droit qui doit être respecté partout et à tout moment, vu que cela relève des libertés individuelles. Il pense également que leur cause «est juste tant qu'elle puise dans les préceptes de la religion islamique».


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