Ils sont sept, héritiers d'un savoir-faire séculaire, virtuoses en leur domaine, gardiens d'une tradition, réunis sous la bannière «Artisanat de Tunisie», et fermement résolus à en défendre les couleurs et les spécificités au salon Maison et Objet à Paris. C'est là, sur cette plate-forme où le monde entier se rencontre, se confronte, échange, et découvre les tendances de l'art de vivre, qu'ils ont choisi de faire leurs preuves. Ils viennent d'horizons différents, et traceraient à eux sept une véritable carte de la Tunisie, mais aussi un résumé de son histoire, car chez nous, plus qu'ailleurs, toute forme d'art artisanal est liée à l'Histoire. Ils ont en commun l'excellence puisque c'est sur cette base que l'ONA, qui parraine la manifestation, les a sélectionnés. «L'Office national de l'artisanat, qui parraine cette participation à travers la mise en avant de l'excellence des savoir-faire artisanaux et de la recherche constante de la qualité, en a fait une véritable vitrine qui évolue au gré des mutations des marchés et des tendances de la décoration et de l'art de vivre actuel». Nos sept chevaliers de l'artisanat, aujourd'hui baptisés designers, sont donc à Paris, au salon, dans le hall Ethnic Chic Mic. Chacun d'entre eux évolue en virtuose dans le matériau qu'il a privilégié, et auquel il donne une vie actuelle, inscrite dans une tradition dont il assure la relève. Il y a une Mahdoise qui raconte, en fils d'or et d'argent, l'histoire de la cité des deux mers, capitale au somptueux passé. Mais qui sait aussi, par un regard novateur porté sur les tissages et les broderies, en habiller les meubles, en relever les accessoires, en styliser les luminaires. Il ya un Tunisois, orfèvre du cuivre, qui, au fond de son atelier, trace des volutes subtiles et des jours aériens sur des feuilles de métal. Et que Leïla Menchari a découvert la première, lui offrant, suprême consécration, les vitrines d'Hermès à Paris. Il y a une Kerkennaise bien sûr, derrière laquelle notre amie Fatma Samet traque inlassablement la mémoire des femmes de son île, cette Kerkennah qui se trouve au carrefour des routes de la mer, et qui a recueilli toutes les tendances, toutes les influences. De cette mémoire retrouvée, elle tisse des châles, des étoles, couleur du temps. Il y a aussi un Nabeulien qui a décidé de sortir de la tyrannie de la céramique pour l'allier à la fibre végétale, et redonner ainsi un souffle nouveau à cet héritage de ses ancêtres andalous qui doivent être fiers de lui. Il y a encore ceux qui ont recueilli la tradition parfumée et le culte de la rose de l'Ariana où ils sont installés. Et qui distillent avec bonheur la rose bien sûr, mais aussi le jasmin, la fleur d'oranger, la lavande...., réussissant un heureux alliage entre l'aromathérapie, et la parfumerie traditionnelle. Il ya également celle qui a su redécouvrir avec intelligence et élégance le cuivre martelé des «douzaines» de nos grand-mères, et leur donner un coup de jeune en l'alliant au verre soufflé, au bois et à la céramique. Il y a enfin celui qui expose pour la première fois en ces assises. Là, on crée une ligne de meubles et d'objets qui allie harmonieusement matériaux traditionnels et formes contemporaines, introduisant des techniques anciennes telles que la gouge ou le métal martelé. Le salon Maison et Objet est un des plus courus des manifestations de ce genre, et un des rendez-vous les plus attendus par les décorateurs et les «déceleurs» de tendances. Aussi est-il légitime de penser que l'artisanat tunisien, art artisanal dont on a choisi de présenter les meilleurs témoignages, aura des lendemains qui chantent.