Sans la blessure de Issam Jemaâ, vendredi, contre la sélection catalane, on pourrait écrire que la mini-tournée espagnole a répondu aux attentes du staff de l'équipe de Tunisie. Un peu moins à celle des tifosi de l'EN En cette phase de préparation, avec des joueurs sortant à peine des championnats dans lesquels ils militent et dont on ne peut exiger qu'ils soient au top trois semaines avant l'échéance principale, on ne peut raisonnablement s'attendre à des miracles. Ceux-ci, il vaut mieux les réserver au moment opportun, à partir du 23 janvier à Libreville contre le Maroc pour les débuts de la 28e Coupe d'Afrique des nations. Les camarades de Mathlouthi ont été outrageusement dominés avant-hier par ceux de Fabregas. Cela ne surprend guère d'autant qu'on avait affaire à un ensemble truffé de footballeurs parmi les meilleurs au monde. L'équipe paya par ailleurs un peu la fatigue de la répétition des efforts en 48 heures, même si une large revue d'effectif a été faite. L'intérêt de cette semaine ibérique, au-delà des résultats positifs (une victoire 2-0 à Bilbao contre le Pays basque, et un nul 0-0 face à la Catalogne), a trait aux solutions recherchées dans tous les secteurs. En attendant Haggui, Allagui, Jemal et Ragued, le sélectionneur a pu dans la péninsule Ibérique multiplier les combinaisons. Voyons par secteurs quels en ont été les résultats obtenus et les leçons retenues. Défense : du solide, malgré tout Devant un Mathlouthi retrouvé, notamment à Bilbao où il eut paradoxalement davantage l'occasion de s'illustrer et de travail, l'axe central composé de Abdennour-El Ifa a été de loin plus serein et plus complémentaire que celui formé de Hicheri-El Ifa. Côté droit, Boussaïdi, un véritable spécialiste du poste, a été un tantinet plus à l'aise, notamment dans le replacement, que Yahia qui n'aura pourtant guère démérité face aux redoutables camarades de Bojan. On peut en dire autant de Chammam, légèrement plus performant qu'un Fatah Gharbi débordé dans le premier test, essentiellement en raison d'un manque flagrant de soutien. Milieu : Korbi, Darragi et Dhaouadi inquiètent Si Traoui a été égal à lui-même, on peut penser que Korbi, en retrait par rapport à son niveau habituel, doit impérativement retrouver son abattage et son dynamisme pour apporter cette qualité de récupération indispensable à la haute compétition. Baratli, entré en cours de jeu dans les deux rencontres, va gagner avec le temps en métier. Mais c'est déjà un élément prometteur et qui peut répondre présent à tout moment. Quant à Adel Chedly, avec un but à Bilbao et l'esprit d'entreprise qui le distingue, c'est une valeur sûre, et la tournée espagnole ne nous apprend au vrai rien que nous ne sachions sur son compte. Côté milieu offensif, Chikhaoui revient très fort. L'heure de jeu qu'il a pu accumuler sur les deux tests nous rassure quant au point de repère offensif auquel doivent nécessairement se référer ses coéquipiers. Les deux demis «sang et or» Msakni et Darragi traînent mentalement toujours les séquelles du fiasco japonais. Si le premier a réussi plutôt de bonnes choses, avec un but à Bilbao, et ce, malgré une tendance à trop porter le ballon, le second est bel et bien hors du coup. La CAN n'attend plus. Il sera dur de faire tourner la roue de la forme et chasser ce qui paralyse actuellement un Darragi qu'on ne reconnaît plus. Autre motif d'inquiétude : Dhaouadi, qui n'a réussi rien de bon dans les deux matches auxquels il a pris part. Ihab Msakni, lui, porte les promesses d'un joueur révélé sur le tard et très mûr. Attaque : black-out et frilosité C'est à coup sûr le secteur qui donne le plus de soucis au sélectionneur. Même les deux buts inscrits mercredi dernier le furent par deux demis. Jemaâ paye le tribut du temps de jeu famélique qu'il a accumulé avec son club d'Auxerre, et — comble de malchance — finit par se blesser 20 minutes après son entrée en jeu avant-hier. Une blessure musculaire qui peut avoir des conséquences sur son avenir gabonais. Chermiti a couru et pressé comme d'habitude, cherché les espaces et à donner de la profondeur. Mais les Aigles attendent davantage de lui. Chehoudi a livré une mi-temps plutôt opaque à Bilbao, se trouvant rarement dans le bon tempo. Franchement, ce n'est pas la joie du côté de la section offensive du team national. A quand le réveil ? Les 9 et 13 janvier à Dubaï, contre le Soudan et la Côte d'Ivoire, la sélection nationale doit impérativement montrer de meilleures ressources offensives sans lesquelles elle risque de ne pas faire un long chemin au Gabon. Les Dhaouadi, Jemaâ, Darragi et Chermiti tardent à retrouver une forme intéressante. Chikhaoui va-t-il être l'arbre qui cache la forêt offensive? Pourtant, d'aucuns savent qu'une hirondelle ne fait pas le printemps.