Lorsque les Aigles prendront leur envol jeudi prochain pour le Gabon, ils seront partagés entre confiance et inquiétude. Autant le test soudanais les a rassérénés malgré la valeur assez modeste de l'adversaire, autant celui ivoirien , sans remettre en question tout ce qui a été accompli, appelle à la plus grande prudence. La Coupe d'Afrique des nations démarrera donc pour le onze national samedi prochain avec plusieurs points d'interrogation suspendus dans le ciel de Libreville. Certes, en face, il n' y aura pas toujours ces Eléphants dégageant une superbe force et une sérénité de futur lauréat. De plus, le sélectionneur national parut avant-hier être toujours à la recherche de son onze rentrant comme le prouve le remplacement au bout de seulement 36 minutes de jeu de Adel Chedly sans que celui-ci soit blessé. La consigne était bien évidemment d'éviter tout risque de blessure dans cette deuxième rencontre aux Emirats. Néanmoins, par rapport à la semaine espagnole, au lieu d'afficher ses progrès et ses certitudes, l'équipe semble avoir fait marche arrière.D'ailleurs, le sélectionneur national Sami Trabelsi était le premier à déplorer que trois à quatre joueurs soient passés à côté de leur match : «Lors de la mini-tournée ibérique, nous étions certes diminués par l'indisponibilité de certains joueurs, mais nous avons été meilleurs. Aujourd'hui (vendredi), nous avons rencontré l'un de nos adversaires potentiels à la CAN, et on ne peut tolérer autant de défaillances individuelles. Nous avons grandement besoin de compter sur notre faculté de dépassement, il nous faut jouer à plus de cent pour cent. Autrement, l'équipe ne dispose pas de grosses individualités auxquelles elle peut s'en remettre pour faire la différence», a-t-il analysé vendredi soir. Six à sept titulaires en force Aujourd'hui, les seules certitudes au niveau du onze de départ concernent les postes de gardien de but (Mathlouthi), la charnière centrale défensive (Abdennour et Haggui), le demi défensif (Traoui), d'avant de pointe (Khelifa) et celui de meneur de jeu (Chikhaoui). Car, pour le reste, c'est la bouteille à l'encre.Dans les couloirs, El Ifa et Jemal, titularisés vendredi face aux Oranges de Drogba et Kalou, ne s'étaient guère imposés.Ils furent timorés et très insuffisants sur le plan de la manœuvre offensive qui fait aussi partie de leurs prérogatives.C'est surtout le cas Jemal qui inquiète tant sa présence devant a été insuffisante, ne réussissant jamais à déborder son vis-à-vis ou à réussir un centre décent. En attaque, les ailes restent à prendre, avec néanmoins un léger avantage pour Dhaouadi, capable des tours les plus étourdissants quand il est inspiré et qu'il est aligné côté gauche, sa position de départ naturelle (contre le Soudan, lundi dernier). Chapitre équilibre d'ensemble, le jeu en bloc ne fonctionna guère.Pis encore, souvent l'équipe se retrouva coupée en deux, offrant l'image d'un large fossé entre la défense et l'attaque. L'on apprend toujours de la défaite, et la contre-performance de vendredi tire subitement le staff technique de la satisfaction des tests espagnols et de celui contre le Soudan pour le plonger dans un océan d'interrogations. Celles-ci ne concernent pas tant l'implication et l'envie de l'ensemble qui restent intactes, mais plutôt la forme et les dispositions de ses hommes.Il est cruel que dans un secteur aussi névralgique que le milieu de terrain, la seule valeur sûre s'appelle Mejdi Traoui, égal à lui-même durant toutes les phases de la préparation, aussi bien dans la péninsule ibérique que dans le Golfe.Il faut d'ailleurs prier afin que le demi «sang et or» n'arrive pas à la CAN lessivé par la cascade de rencontres jouées aussi bien avec son club qu'en sélection, car la demi-saison a été pour lui une interminable série de rudes combats. Trabelsi, du reste, risque d'avoir du mal à lui trouver un complément idéal : Ragued a étalé vendredi toutes ses limites malgré l'âme de guerrier qu'on lui connaît; Chedly n'a plus la fraicheur de ses vingt ans, et une échéance aussi exigeante que la CAN proposant des matches rapprochés dans le temps n'est pas faite pour rassurer dans son cas ; Korbi ne semble plus rentrer dans les grâces de son entraîneur; Saihi ne s'est pas véritablement imposé et éprouve des difficultés à s'adapter au nouveau contexte proposé malgré toutes les qualités qu'on lui connaît. Dans le secteur offensif, la paire espérantiste, Msakni (une heure de jeu) et Darragi (une demi-heure) était venue brouiller les cartes du staff technique en se montrant vendredi plus tranchante.Menaceraient-ils par hasard les Dhaouadi et Allagui, sachant qu'une place derrière le premier attaquant devrait revenir à Chikhaoui quand bien même le joyau du FC Zurich ne paraît pas avoir 90 minutes dans les jambes ? Bref, bien malin celui qui peut deviner la formation qui foulera la pelouse du stade de Libreville le 23 janvier contre le Maroc pour le baptême du feu tunisien dans la 28e édition de la CAN.Chemin faisant, au fil des rencontres, les défaillances décelées par Trabelsi au cours du test ivoirien au niveau du placement, du jeu en mouvement, de la maîtrise du ballon et du rythme peuvent être résorbées.L'essentiel sera de rester totalement concentrés (ce qui n'a pas été le cas de tout le monde, vendredi) et surtout de trouver la bonne formule et les joueurs idoines. Soit le complément de Traoui à la récupération, et les joueurs de couloir aussi bien derrière que devant. A l'heure qu'il est, les Aigles de Carthage ne figurent ni parmi les trois ou quatre grands favoris (Ghana, Côte d'Ivoire, Sénégal, Maroc), ni parmi les bonnets d'âne du tournoi (genre Soudan, très faible lundi dernier face aux nôtres).Mais l'édition 2012 paraît à ce point ouverte que tous les espoirs sont permis.