L'équipe de Tunisie de volley-ball s'est qualifiée de belle manière aux prochains Jeux olympiques de Londres 2012. Battre tous nos adversaires, alors même qu'il y a quelques mois, on ne pouvait même pas rêver d'un tel exploit. Dans l'interview accordée à notre journal, Fathi M'kaouer révèle le secret du succès et fournit des éléments de réponse à la question de savoir jusqu'à quand la compétition nationale sera à la traîne de notre six représentatif. Un jour, le célèbre acteur Rostislav Pliatt a déclaré qu'avec les années, un acteur devait passer de la proximité à une totale correspondance avec le rôle qu'il interprète. En regardant notre six national à Yaoundé et au Caire, on avait l'impression qu'il avait trouvé cette correspondance et que c'est pour cela qu'il a gagné... Je considère que Noureddine Hfaïedh et Garci jouaient déjà à un excellent niveau il y a dix mois. Et il en sera de même dans plusieurs années encore. Ce sont des personnalités dans le monde du volley-ball. Mais il n'est pas donné à tout le monde de jouer aussi bien. Est-ce que je pourrais me passer d'eux pour les Jeux olympiques de Londres? Jamais. Noureddine Hfaïedh symbolise notre progression et notre élan vers un avenir prospère pour le volley-ball tunisien qui a besoin de ce genre de succès pour se relancer. Après la qualification, les joueurs n'arrêtaient pas de parler du climat que vous avez réussi à créer au sein de la sélection. Quel est votre secret? A certains moments, je faisais des concessions. Bien sûr, on met des interdictions de façon bête et méchante. Mais l'équipe de Tunisie est déjà passée par là. Et on peut également faire des concessions qui, au final, n'ont aucune influence sur le cours des choses. Par exemple, le fait d'arriver un peu en retard… En même temps, je sais dire «non». Cela concerne des questions fondamentales qui sont relatives à l'entraînement et à la discipline du groupe. Si un joueur ne veut pas se soumettre à la discipline de groupe, il prend ses affaires et quitte le groupe. Nul n'est indispensable. C'est la règle du jeu. Flash-back : vous êtes le seul entraîneur à qualifier l'équipe de Tunisie aux Jeux olympiques… C'était en 1996, nous avions un bon groupe de joueurs doués et disciplinés. Ces derniers ont honoré le sport tunisien. En 2012, l'histoire reprend son cours. Avec un amalgame de joueurs expérimentés et de jeunes néophytes, nous avons réussi à nous qualifier aux Jeux olympiques de Londres 2012. Il est bon de souligner que pendant la période de 1996 à 2012, il y a eu quatre entraîneurs étrangers qui ont échoué alors qu'ils disposent d'une très bonne génération de joueurs doués. Comment avez-vous retrouvé l'équipe de Tunisie en juin 2010? En prenant les rênes de l'équipe de Tunisie, j'étais franchement choqué. J'ai retrouvé un groupe sans âme et sans identité, surtout après notre waterloo à Tétouan en 2009 lorsque l'équipe s'est classée à la 5e place. Un classement qui ne reflète pas le niveau de nos joueurs. Il a fallu changer les mentalités, instaurer une discipline pour faire avancer les choses, avec bien sûr l'aide du bureau fédéral. Ma priorité était d'évincer quelques joueurs qui n'ont pas voulu suivre nos directives. J'ai aussi instauré un esprit sain dans le groupe. En dépit de tout cela, vous vous êtes classés à la 3e place au Caire… Il faut être réaliste. Notre préparation a été perturbée par la révolution et ses conséquences sportives. Nous n'avons pas eu le temps nécessaire pour nous préparer à cette joute continentale. Il faut aussi souligner que pendant ce temps-là, l'Egypte était engagée dans un tournoi mondial et le Cameroun a fait appel à ses professionnels. Le fait d'être classé à la 3e place est déjà une consécration pour nous. «Nul n'est indispensable» Il a fallu se racheter à Yaoundé à l'occasion des éliminatoires qualificatives pour les Jeux olympiques… Après Le Caire, j'ai intégré dans l'équipe quelques joueurs doués et appliqués. Maintenant, j'ai déjà deux ou trois joueurs par poste, ce qui nous a aidés à surmonter tous les obstacles à Yaoundé. De ce fait, les blessures de Garci et Ben Slimane n'ont pas eu de conséquences néfastes sur le rendement du six national. Vous avez un peu pris votre revanche à Yaoundé? Cela n'était pas du tout difficile. En tout cas, j'ai des amis. Winston Churchill a justement dit : «Si tu n'as pas d'ennemis, tu ne signifies rien». Si je n'étais pas monté au sommet, tout le monde m'aimerait. Je ne me lasse pas de dire que la victoire à Yaoundé a fait plaisir à tous les Tunisiens. Quant à moi, ce qui m'a fait plaisir, c'est que j'ai fait ce pied de nez à quelques personnes mal intentionnées à mon égard. Vous revoilà aux Jeux olympiques. Y aura-t-il de nouveaux joueurs dans l'équipe? Oui. D'ici les Jeux olympiques, il reste quelques mois, je suis sûr que, pendant cette période, on verra apparaître de nouveaux joueurs en championnat, qui va reprendre ses droits. Je profite de cette occasion pour remercier les clubs et leurs entraîneurs qui m'ont permis d'avoir des joueurs préparés techniquement et tactiquement.