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Chômage : les limites de la croissance...
Taoufik Rajhi, professeur agrégé des universités
Publié dans La Presse de Tunisie le 01 - 02 - 2012

Il faudrait mesurer le potentiel de l'économie tunisienne et la comparer à la croissance effective
• Des politiques macroéconomiques sont nécessaires pour augmenter la croissance effective ou potentielle et par conséquent réduire le chômage. Ce qui nécessite à la fois des politiques qui portent sur la demande, pour réduire la composante keynésienne du chômage, l'offre, pour réduire le chômage d'équilibre, et structurelle pour repousser les capacités de l'économie à créer l'emploi
«Est-il possible d'expliquer la persistance du chômage ainsi que son niveau élevé sans se poser la question du niveau de croissance potentielle du pays? Le taux de chômage de 13% est-il une fatalité représentant le taux de chômage d'équilibre? Le taux de croissance potentielle de la Tunisie, défini comme étant le taux de croissance de plein emploi le long d'un régime stationnaire de croissance, est-il assez élevé pour permettre des taux de croissance de 7% ou 8% d'ici 2016?», telles sont les interrogations posées par M. Taoufik Rajhi, professeur agrégé des universités dans un article où il tente d'établir le lien entre la persistance du chômage et les limites de la croissance potentielle en Tunisie.
Il précise, à ce propos, qu'«une arithmétique déplaisante pour plusieurs montre que la croissance en Tunisie est à 92% de son potentiel et que la plupart des promesses sont peu crédibles à moins que des politiques structurelles soient mises en œuvre».
Il note, dans ce même cadre, que l'appréciation du potentiel de croissance d'un pays consiste à détailler la croissance du PIB en deux composantes: une composante tendancielle qui exprime la tendance à long terme de la croissance effective et une composante conjoncturelle qui exprime les fluctuations du PIB autour de cette tendance. Il relève que le taux de croissance tendancielle de l'économie tunisienne durant la période 1990-2010 est de l'ordre de 4,8% et précise que cette croissance était plus élevée durant la période 1990-2000 que durant celle plus récente allant de 2000 à 2010. M. Rajhi note, par ailleurs, que le taux de croissance effective est un fait et qu'il résulte des capacités de l'économie et des politiques macroéconomiques des gouvernements successifs et qui, souligne-t-il, n'est pas seulement le résultat d'une gestion macroéconomique mais aussi la manière dont une économie a pu organiser ses capacités productives et institutionnelles. Il trouve, en outre, que le fait même que la Tunisie n'ait pas pu dépasser un taux tendanciel de 5% était intrigant et qu'il sème le doute quant aux promesses des uns et des autres concernant la réalisation de taux de croissance de 8% ou de 12%.
Le conférencier relève, par ailleurs, que même si les gouvernements précédents ont échoué à réaliser des taux de croissance tendanciels de plus de 5%, il serait judicieux de se poser un certain nombre de questions : est-ce que les 5% sont les limites de la croissance en Tunisie? Existe-t-il encore des marges non exploitées par les politiques macroéconomiques? « Dans le cas où la réponse à la première question est positive, il faudra se demander comment repousser les limites de la croissance tunisienne , dans le cas contraire, il faudra alors s'interroger sur les marges qui restent et les politiques macroéconomiques qui permettraient de les exploiter», pour répondre à ces questions, note-t-il encore, il convient de mesurer le potentiel de l'économie tunisienne et de la comparer à la croissance effective.
En réponse à ces interrogations, le spécialiste souligne que le taux de croissance potentiel, moyen de l'économie tunisienne, a varié de 5 à 5,2% durant la période 1990-2010 comparé à un taux effectif moyen variant entre 4,6% à 4,8%. «Ce constat, souligne-t-il, nous amène à faire trois remarques essentielles, la première est que la croissance potentielle de l'économie en Tunisie est limitée et n'est pas du ressort d'une croissance comme celle de la Chine ou du Singapour», il pense, à cet effet, que promettre dans ces conditions des taux de croissance de 8% ou de 12% relève du manque de rigueur en matière d'analyse économique et de pure spéculation. «La deuxième remarque, note-t-il, est cruciale car elle relie le problème de persistance du chômage en Tunisie aux limites de sa croissance économique potentielle», partant du fait que la baisse du chômage est tributaire de la croissance effective et potentielle et que l'économie tunisienne a exploité 92% de son potentiel, il souligne qu'une économie dont le potentiel de croissance dépasse à peine les 5% est incapable de réduire un chômage de masse de 14% et de le ramener à 8%, voire à 10% en cinq ans. «Il n'empêche que des réformes structurelles sont urgentes pour se donner un potentiel de croissance plus élevé; restructurer l'économie est donc crucial pour lutter contre le chômage», conclut-il.
La troisième remarque relevée par M. Rajhi concerne le fait que, la plupart du temps, la croissance effective tunisienne est en dessous de son potentiel. «En effet, en moyenne 0.8% de croissance est perdu et l'économie est à 92% de son potentiel. Cette sous-utilisation relative du potentiel de croissance est le résultat de l'incapacité des politiques monétaires et budgétaires à exploiter ces possibilités. Elle laisse entrevoir alors la possibilité d'adopter des mesures conjoncturelles pour améliorer la croissance et réduire le chômage. D'une manière générale, des politiques macroéconomiques sont nécessaires pour augmenter la croissance effective ou potentielle et par conséquent réduire le chômage. En particulier, cela nécessite à la fois des politiques qui portent sur la demande, pour réduire la composante keynésienne du chômage, d'offre pour réduire le chômage d'équilibre et structurelle pour repousser les capacités de l'économie à créer l'emploi».
Réformes institutionnelles
Il note, d'un autre côté, que même si la croissance potentielle actuelle ne peut pas faire baisser le chômage à un niveau raisonnable, on devrait s'interroger sur le taux de croissance nécessaire pour réduire le chômage à un niveau raisonnable, sinon ambitieux, d'environ 8% d'ici 2016, c'est-à-dire dans cinq ans. «Il est clair que la réponse dépend du taux de croissance de l'emploi, variable clé pour la réduction du taux de chômage. En utilisant les projections de la croissance de la population active tunisienne qui montrent une augmentation décroissante avec un taux de croissance moyen de 1.6%, il est possible de concevoir trois scénarios. Le premier est celui du statu quo avec un taux de croissance de l'emploi de 2.2% conduisant à un taux de chômage de 12% en 2016. Un scénario alternatif de 2,9% conduirait à un taux de chômage de 9%, alors que celui de 3,1% conduirait à un objectif ambitieux de 8%.
Dans le dernier scénario, l'écart de la croissance de l'emploi par rapport à celui de la population active serait en moyenne de 1.5%, ce qui représente cinq fois l'écart enregistré durant la période 2000-2010. Une partie de cet écart est facilitée par la baisse naturelle de la population active, mais le reste exige un effort supplémentaire de la part des entreprises», souligne-t-il, ajoutant que pour le dernier scénario, un taux de croissance effective moyen d'au moins 6% durant les cinq prochaines années est nécessaire. Objectif qu'il juge ambitieux mais réalisable à deux conditions : mener des politiques de restructuration de l'économie basées sur la réorientation sectorielle et régionale de l'investissement public, privé et étranger ainsi que l'amélioration du climat des affaires afin d'augmenter le taux de croissance potentiel de l'économie tunisienne et en particulier la productivité potentielle. L'impact serait sûrement à moyen et long terme mais en aucun cas à court terme. L'objectif est de mener des politiques conjoncturelles pour augmenter la demande sans conduire à des tensions inflationnistes avec un dosage adéquat de la politique monétaire et budgétaire et mener des politiques d'offre dont l'objectif principal est de s'attaquer au chômage d'équilibre en incitant les entreprises à embaucher davantage. Dans ce cadre, les réformes fiscales et institutionnelles en général et de la TVA sociale en particulier seraient des instruments privilégiés, note-t-il enfin.


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