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Le chômage en question
Publié dans L'expert le 22 - 09 - 2010

Intrinsèquement lié à l'idée du salariat, est chômeur l'individu qui souhaite vendre sa force de travail à un autre individu mais ne trouve pas preneur aux conditions qu'il exige. En tout état de cause, le problème de chômage peut-il être réductible à une seule dimension et à ce titre saurait-il donc être résolu par des mesures épousant un seul point de vue ?
Des historiens de l'économie soulignent que le chômage était finalement une invention de la fin du 19ème siècle allant de pair avec la constitution de la classe prolétaire urbaine. C'est à cette époque que « la frontière/non-travail devient une coupure nette entre deux mondes et est vécue comme telle, d'autant qu'elle est séparation de lieu, entre lieu de travail et lieu d'habitat. »
Définitions statistiques
Dans de nombreux pays, la statistique du chômage connaît la cohabitation d'une définition internationale proposée par le Bureau international du travail (BIT) et de définitions locales propres aux organismes nationaux.
Selon le BIT, est chômeur toute personne (de plus de 15 ans) qui remplit les critères suivants:
• « être sans travail », c'est-à-dire ne pas avoir d'activité, même minimale, pendant la semaine de référence ;
• « être disponible pour travailler », c'est-à-dire être en mesure d'accepter toute opportunité d'emploi qui se présente dans les quinze jours, sans qu'une tierce obligation soit une entrave au retour à l'activité ;
• « rechercher activement un emploi, ou en avoir trouvé un qui commence ultérieurement ».
Taux de chômage = chômeurs au sens du BIT
Population active
Typologie du chômage
Selon l'encyclopédie Wikipédia, la science économique distingue plusieurs types de chômages selon leur cause actuelle : mobilité volontaire des travailleurs ; niveau d'activité (conjoncture) et structures économiques et sociales.
• Le chômage de mobilité ou chômage frictionnel : les travailleurs employés sont en permanente mobilité. À tout moment, des individus quittent leur emploi pour changer d'entreprise, de région, de salaire, de poste, de conditions de travail. À la mobilité entre les différents emplois s'ajoutent les périodes de mobilité entre activité et inactivité.
• Le chômage conjoncturel est lié à l'évolution négative de l'économie, au ralentissement de l'activité. Le produit intérieur brut détermine le nombre d'emplois.
• Le chômage structurel découle de l'inadéquation qualitative entre l'offre et la demande de travail. Durant les périodes de mutation industrielle, certains secteurs déclinent rapidement au profit de nouveaux secteurs en développement. La consommation et la production entraînent inévitablement des entrées au chômage, les entreprises réduisent sensiblement leur volume de production. Or, les secteurs sinistrés pour résister aux secteurs en expansion, substituent du capital au travail, ce qui peut aussi constituer une cause de chômage structurel. Le coût du travail n'a cessé de croître depuis la Seconde Guerre mondiale, en raison d'une progression rapide des salaires, liée, entre autres, à la montée des cotisations sociales.
• Le chômage saisonnier, lié aux variations d'activité au cours de l'année dans certains secteurs économiques (exemple : le tourisme) et le chômage technique, subi par des travailleurs dont les moyens de production sont devenus inutilisables, sont à classer parmi les causes secondaires du chômage.
Sociologie du chômage
Certaines populations sont plus susceptibles de subir le chômage, soit parce qu'elles n'ont pas de « bonne » qualification, soit parce qu'elles ont une faible volonté de travailler, ou encore parce qu'elles subissent un phénomène de discrimination. Ces causes de chômage peuvent se combiner.
La volonté de travail se manifeste par la capacité de l'individu à accepter des postes peu désirés à de faibles salaires et à se résoudre à compenser les obstacles économiques à son emploi en acceptant certaines contraintes comme la mobilité.
Inadéquation des formations
Le chômage ne concerne essentiellement que les personnes non qualifiées, ou dont les qualifications ne correspondent pas à des besoins contemporains au sein de l'économie. Le taux de chômage est ainsi bien plus élevé parmi les non diplômés, et, pour les diplômés de l'enseignement supérieur, il varie fortement en fonction du domaine de formation, et de la réputation de l'université ou de l'école de formation.
Le chômage de longue durée et la coexistence simultanée d'offres d'emploi non pourvues pourraient être essentiellement liés à des problèmes d'inadéquation entre l'offre et la demande de travail.
Dans certains pays, le nombre de diplômés formés dans certains domaines (histoire de l'art, par exemple) ne correspond pas aux besoins réels de l'économie. Certains secteurs économiques connaissent, dans les pays développés, un déficit de main-d'œuvre (artisanat, personnel de maisons de retraite,…).
Peut-on éliminer le chômage ?
La réduction, sinon l'élimination, du chômage est un sujet politiquement sensible. La plupart des opinions exprimées sur le chômage prennent la forme de recettes simples, énoncées comme des conditions suffisantes. Pour certains, il suffit d'éliminer les rigidités du marché du travail; les propositions vont de la suppression des allocations chômage à la suppression du salaire minimum, en passant par une réforme des régimes de protection de l'emploi. Pour d'autres, le chômage n'est qu'un effet induit par une activité insuffisante ; il suffit de relancer la demande ou d'exiger une baisse des taux d'intérêt par les Banques Centrales.
Les faits essentiels
Peut-on accorder du crédit aux données statistiques sur le chômage ? La réponse est, sans hésitation, affirmative pour les pays de l'Union européenne, où les définitions et méthodes sont maintenant normalisées et l'on n'a donc plus à craindre de biais sur ce point. Il reste bien des possibilités de jeux comptables consistant à pousser des chômeurs potentiels vers les programmes de formation ou vers la préretraite, à décourager des demandeurs d'emploi qui donc, ne se signaleront plus comme tels, à réduire la durée du travail, ce qui crée un chômage partiel non enregistré, etc. Mais on peut considérer que ces biais n'affectent pas notre évaluation, dans la mesure où ces formes de chômage déguisé sont utilisées plus amplement dans les pays et les périodes où le chômage officiel est également plus élevé. Par conséquent, comparer les données de chômage issues de ces pays est un point de départ utile et justifié.
Taux observé vs. Taux naturel
A court et moyen termes, d'un trimestre à l'autre ou d'une année à l'autre, l'évolution du chômage est déterminée par l'évolution de la demande agrégée. Les mesures appropriées pour contrôler les variations de l'emploi conjoncturel sont les mesures traditionnelles de politique budgétaire et de politique monétaire.
Sur des périodes plus longues, le taux de chômage tend vers un taux d'équilibre tel que les demandes des salariés sont compatibles avec les salaires que les entreprises sont prêtes à payer. A la suite des travaux de Milton Friedman, ce taux de long terme est appelé « taux naturel », expression malheureuse dans la mesure où il dépend en réalité de beaucoup de choses peu naturelles : les institutions en place pour régler les problèmes d'emploi, le comportement des syndicats, le pouvoir de monopole des entreprises sur le marché des biens et services, etc. Pour changer ce taux naturel il faut donc des mesures structurelles agissant sur les demandes des salariés ou sur les offres des entreprises et, plus généralement, sur l'encadrement institutionnel de l'économie.
Il est donc essentiel de comprendre à quoi est dû un taux élevé du chômage observé. Est-ce parce que le chômage est « naturellement » élevé dans le pays concerné, c'est-à-dire parce que le taux observé est proche du taux naturel mais celui-ci est élevé ? Ou est-ce dû à un écart significatif entre le taux observé et un taux naturel faible ? Dans le premier cas, il ne sert à rien d'engager des politiques conjoncturelles alors que dans le second cas, elles seront plus efficaces que des politiques structurelles.
Mais la réponse à ces questions n'est pas immédiate car le taux naturel de chômage ne se laisse pas facilement photographier. En effet, ce n'est pas une grandeur statistique observable directement. De plus, contrairement à une idée qui a prévalu dans les années 1970-1980, ce taux n'est pas constant. Donc son évaluation pour une période donnée peut être sans valeur pour une autre période. Une difficulté additionnelle vient d'un phénomène d'hystérésis: le taux naturel est partiellement déterminé par le taux observé, par exemple parce que les chômeurs de longue durée deviennent difficiles à réemployer. Dès lors, le taux naturel d'une période donnée peut avoir des déterminants issus des conjonctures précédentes. Enfin, le taux naturel et le taux observé sont affectés par des facteurs communs, par exemple les taux d'intérêts : plus ces taux sont élevés, plus ils dépriment l'activité, donc poussent le taux observé de chômage à la hausse en même temps qu'ils réduisent l'investissement, donc la productivité et les salaires que les entreprises peuvent payer, ce qui doit se traduire par une hausse du taux naturel de chômage pour que ces ajustements soient compatibles avec les aspirations salariales des travailleurs.
On peut cependant utiliser le raisonnement économique pour évaluer le taux naturel de chômage en prenant comme pivot le taux d'inflation. En effet, si le taux observé de chômage est égal au taux naturel, les demandes de salaire des travailleurs et les offres de salaire des entreprises sont compatibles et il n'y a donc pas de pressions d'un côté ou de l'autre sur l'inflation. Si le taux observé est inférieur au taux naturel, il y a pression à la hausse sur les salaires à prix donnés et sur les prix à salaires donnés ; il y aura donc augmentation de l'inflation. A l'inverse, quand le chômage observé est plus grand que le chômage naturel, la pression sur les prix et les salaires est à la baisse ; il y aura donc diminution de l'inflation.
Implications
Quelques leçons se dégagent de ce survol. Tout en restant prudent quant à leur universalité, on peut mettre l'accent sur les points suivants :
La protection sociale est compatible avec un chômage bas, dès lors qu'on sait la rendre efficace. Ainsi, pour protéger l'emploi, il faut pousser les entreprises à plus de responsabilité financière et réduire le rôle joué par les autorités judiciaires. Une solution consiste à faire payer une taxe à l'entreprise qui veut licencier plutôt que d'utiliser la menace d'une sanction judiciaire comme c'est le cas actuellement dans les pays développés.
La coordination des décisions de salaire au niveau national est essentielle. Elle est essentielle en cas de chocs défavorables. Mais elle ne peut fonctionner que si elle est déjà en place quand le choc se produit, et donc si elle est en place de façon permanente. Les retournements du chômage nécessitent souvent des ajustements difficiles pour les entreprises, l'Etat, et les salariés. Ces ajustements ne sont possibles que s'il y a concertation au niveau national. Cette coordination passe par une meilleure compréhension des mécanismes économiques en jeu et des choix macroéconomiques à réaliser.
Enfin, il faut faire en sorte que, si les politiques précédentes provoquent une réduction du chômage naturel, le chômage observé diminue lui aussi. Pour cela, il ne faut pas hésiter à utiliser une politique de demande, c'est-à-dire une politique conjoncturelle de réglage budgétaire et monétaire pour accompagner la diminution du chômage. On peut estimer que, dans ce domaine, l'on a péché par excès de prudence dans le passé récent.


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