L'atelier de formation sur les techniques de la communication politique qui a démarré, hier, à Tunis, et qui se poursuit jusqu'à demain, fait surgir à l'esprit bien des questions. Parmi lesquelles celle-ci : pourquoi cet atelier en ce moment précis de l'histoire du pays ? Nos politiciens sont-ils de bons rhéteurs ? Qu'est-ce qui leur manque pour convaincre quand ils communiquent ? Toutes ces interrogations seront certainement soulevées lors de cet atelier organisé au profit des partis politiques nationaux par l'Institut de presse et des sciences de l'information (Ipsi) ainsi que l'Institut arabe des droits de l'Homme (Iadh), en collaboration avec la Konrad-Adenauer-Stitfung (KAS). Au menu de cet atelier relevant d'un projet financé par l'Union européenne, des interventions et des conférences-débats sur des questions ayant trait à la transition démocratique et aux droits de l'Homme. Le programme de cette session sera fondé sur les techniques de la communication politique dont ont besoin les partis afin de développer un discours fluide et cohérent à l'intérieur de leurs structures et avec le public. De ce point de vue, M. Moëz Ben Messaoud, chef du département de la communication à l'Ipsi, observe que le but de ce projet destiné aux partis politiques et aux organisations de la société civile (ONG) est d'apporter un certain appui aux différents acteurs de la scène politique nationale : «Aujourd'hui, on en est à notre troisième session de formation. Le projet contient quatre sessions et l'on compte en organiser une cinquième afin de permettre au public cible d'avoir une idée sur les outils nécessaires en matière de communication politique. L'objectif étant également de baliser le terrain devant les partis politiques afin qu'ils puissent mener et gérer leurs campagnes électorales conformément aux normes requises. Cet atelier leur permettra aussi de bien communiquer avec les médias, et ce, en évitant toutes sortes de fioritures qui ne font que nuire à leur crédibilité auprès du large public. L'apport de l'Ipsi aux travaux de cet atelier serait peut-être grand, vu que cet institut dispose d'un département de communication et qu'il est l'un des concepteurs de ce projet. Par ailleurs, les interventions seront diversifiées en fonction de la spécialité de chacun des organisateurs. Du côté de l'Institut arabe des droits de l'Homme, on va focaliser sur les droits de l'Homme, la transition démocratique et la justice transitionnelle. Tandis que l'Ipsi axera les interventions sur la communication politique et la communication avec les médias. La Konrad-Adenauer-Stiftung s'attardera, pour sa part, sur le rôle des commissions indépendantes telles que l'Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) dans le processus de transition démocratique en Tunisie». Débattant de l'état des lieux de la communication politique en Tunisie, M. Fathi B'chir, journaliste tunisien requis en qualité de formateur en matière de communication politique, établi à Bruxelles, note que jusqu'à maintenant la Tunisie communiquait un peu trop de manière personnalisée et d'une façon peu méthodique. Cela dit, «à l'époque de Bourguiba comme à celle de Ben Ali, la communication se faisait d'une manière descendante, étant donné qu'il n'y avait aucune remontée de l'information. Cette communication était également amputée du principal instrument de la démocratie, à savoir les médias, la presse et les journalistes, qui ne fonctionnaient pas normalement. En fait, nous étions malades : aujourd'hui, nous sommes convalescents. Espérons bien que l'on guérira un jour complètement et que les vitamines qu'on nous donne soient bonnes. Tout cela pour dire que la communication existait, mais qu'elle était malsaine et mal formatée. Les hommes politiques ont tout à apprendre aujourd'hui. Si l'on prend l'exemple des démocrates progressistes qui ont perdu la bataille électorale, on peut dire que ces derniers étaient en panne de bonne communication susceptible de toucher leurs cibles. D'ailleurs, ils ont parlé entre eux et n'ont pas su atteindre le peuple».