• Après «l'euphorie syndicale» de 2011, nos policiers remettent enfin les pieds sur terre. Fini le dur apprentissage… L'on sait qu'au lendemain de la révolution, l'appareil sécuritaire du pays a subitement, et pour la première fois de son existence, remis ses pendules à l'heure du syndicalisme. Question de prouver, à sa manière, qu'il s'est enfin libéré, lui aussi, du joug de la dictature qui l'avait longtemps paralysé puis étranglé. Hier, robots manipulés à sa guise, et selon l'humeur du jour, par un pouvoir mafieux, nos policiers avaient, après le 14 janvier 2011, mille fois raison de réclamer justice et réhabilitation professionnelle, et de tenter de gommer l'image de terreur et de haine qu'ils présentaient, peut-être à leur corps défendant, auprès de la population sous l'ancien régime. Abus syndicaux Or se rebiffer est une chose, en abuser en est une autre. Hélas, c'est à la dernière qu'on a eu finalement droit. Avec, à la clé, l'émergence d'un pluralisme syndical qui allait prendre graduellement les allures d'une explosion. En témoigne le nombre sans cesse croissant de syndicats créés, au fil des jours, au sein des différentes structures des forces de sécurité intérieure. Au point qu'on compte aujourd'hui quelque… 42 syndicats en exercice ! Un nombre anormal, presque fou, dans la mesure où il a plutôt donné l'effet contraire, à travers l'éclatement des désaccords, la montée des rivalités et l'apparition de luttes d'intérêts. Avec autant de disparités et d'oppositions, le nouveau… bébé syndical commence à souffrir de problèmes d'allaitement : des séances de travail syndicales se sont déroulées dans une ambiance houleuse, des assemblées ont failli s'achever en queue de poisson, d'autres ont dû être reportées sine die, en raison de la tension alimentée par les querelles de clans. Dans la foulée de cette fuite syndicale inévitable, la désolidarisation a été telle que des sit-in lancés par des syndicats policiers ont été boycottés par leurs rivaux appartenant pourtant à la même «boîte» ! La grogne de la tutelle En somme, le décor était devenu sombre, maussade et lugubre. Et la situation était celle d'une fuite en avant, ou presque. Ce qui a poussé la tutelle à sortir de sa réserve, en manifestant enfin sa grogne face à ce qu'elle considérait comme «un signe avant-coureur de la paralysie de l'appareil sécuritaire du pays». Le ras-le-bol a été heureusement reçu 5 sur 5, puisque lesdits syndicats, après avoir accompli le dur apprentissage du pluralisme, ont fini par remettre les pieds sur terre. Et cela par l'adoption d'un comportement plus responsable, d'une tendance à la désescalade et d'une gestion plus sage des revendications. Dans le même ordre d'idées, une meilleure transparence a été constatée dans la tenue des assemblées électives où semblent avoir été bannis interventionnisme et falsification des voix qui avaient émaillé certaines AG. A cet égard, il faut rendre hommage au syndicat national des forces de sécurité intérieure qui chapeaute les structures syndicales dépendant de lui, et qui a joué un rôle important dans le mûrissement de l'expérience syndicale. Signalons que le syndicat des fonctionnaires de la direction générale des BOP tiendra, dans les tout prochains jours, son AG élective qui, espérons-le, confirmera le saut qualitatif réalisé récemment.