• Cette structure syndicale fraîchement créée aura tant de défis à relever. Mais son démarrage est loin d'être prometteur… en attendant des jours meilleurs. Ça y est : «l'Union des syndicats des forces de sécurité intérieure» est née. Venu au monde dans la foulée de la mutation multidimensionnelle que connaît le pays, le nouveau-né a été fêté, l'autre jour,avec faste au cours d'une veillée ramadanesque organisée au club équestre de Radès, en présence du secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Intérieur chargé des Réformes et des membres de la famille élargie de la sûreté nationale. Pourquoi et comment cette Union a été créée? Quel sort l'attend ? Répondra-t-elle aux attentes de tous ceux qui ont misé sur elle ? Enquête. Délivrance sécuritaire D'emblée, une première remarque s'impose : notre appareil sécuritaire se libère et s'extériorise avec une marge de manœuvre d'une ampleur sans précédent. En effet, le temps où nos policiers bossaient tête basse et comme des forcenés et servaient de… robots pour un régime tyrannique est bel et bien révolu. Aujourd'hui, chose inédite, un simple flic peut s'adresser à la presse, peut s'afficher devant la télé, peut dire non à son supérieur et peut même contester les mesures prises par le ministère ! La délivrance, le soulagement et la métamorphose sont tels que nos policiers, une fois passé l'orage post-révolution, se sont aussitôt mis à l'heure syndicale qui était cyniquement prohibée, 23 ans durant. Au point que l'on compte aujourd'hui — tenez-vous bien — pas moins de 24 syndicats relevant des différents départements du ministère. Du jamais vu par le passé ! Sur cette lancée rampante, le vent de la liberté et de la démocratie pourrait encore souffler sur l'édifice de l'avenue Habib-Bourguiba d'où d'autres «exploits» du même genre pourraient surgir à tout moment. «Sous l'ère Ben Ali, et même bien avant, se remémore un chef de brigade, nous étions traités comme des animaux. Nous étions opprimés, déprimés, marginalisés. Et comme un malheur n'arrive pas toujours seul, le peuple ne nous aimait pas. Cette révolution historique sera assurément celle de notre réhabilitation». Resserrer les rangs Pour revenir à l'Union des syndicats des forces de sécurité intérieure, il faut signaler que sa création est venue couronner les appels au resserrement des rangs lancés par les différentes parties prenantes. Celles-ci ont fini enfin par se mettre d'accord, en signant officiellement le PV de la naissance de cet organisme unifiant les 24 syndicats et cela lors d'un congrès tenu récemment à Nabeul. Ledit accord prévoit notamment la création de commissions de suivi appelées à proposer des projets concernant les statuts, la logistique, l'organisation, la communication, le contentieux, les négociations et les affaires sociales et financières. Ces commissions auront la lourde tâche d'identifier les objectifs à atteindre. Le «modus operundi» (pour emprunter un terme policier, tant que nous y sommes) aura au final à relever de nombreux défis qui vont de la liberté de l'exercice syndical à la sauvegarde des droits des forces de sécurité intérieure, en passant par la satisfaction des revendications en suspens (augmentation de salaire, promotion, passage de grade, prestations sociales et sanitaires…). Or, pour prétendre gagner ces paris, il faut que tous les fans de l'Union soient sur la même longueur d'onde. Ce qui n'est pas, hélas, le cas, du moins pour le moment, comme en attestent les débats houleux qui ont émaillé la dernière réunion préparatoire de Nabeul, la poursuite de la guerre des communiqués et le peu d'enthousiasme que manifestent encore certains policiers et gradés à l'adresse de l'Union. Le tout sans négliger un autre détail non moins important, à savoir le pluralisme syndical que connaît le pays. Bon vent quand même!