Sans doute, la poésie révèle le mieux la beauté d'une langue. Elle serait, sans la différence d'origine des mots, un langage universel. Certains l'ont compris et font des rimes un pont de dialogue interculturel. C'est ainsi que le club culturel Tahar Haddad et la section culturelle de l'ambassade des Etats-Unis d'Amérique en Tunisie ont organisé, vendredi dernier, une soirée de poésie américaine, avec Gina Loring et Laurence Michalak. La poétesse, chanteuse et actrice Gina Loring n'en est pas à sa première collaboration avec l'ambassade de son pays. A la demande de cette dernière, elle a sillonné les continents pour présenter son art, mais aussi pour animer des ateliers de poésie avec enfants et adolescents des pays visités (Koweït, Russie, Afrique de l'Ouest, Turquie...). Elle avoue l'influence de cette expérience sur son parcours, enrichi, par exemple, par des concerts avec des musiciens locaux, qui adaptaient à chaque fois ses chansons à leur manière. Le public de Tahar Haddad a eu droit à quelques titres a capella, merveilleusement interprétés par l'artiste. Gina Loring est aussi adepte de la poésie libre, au sens propre comme au sens figuré. Elle aime appeler la sienne «word collages» (collages de mots). Son poème le plus fameux «Somewhere there is a poem» (quelque part, il y a un poème) est devenu tout un concept, autour du partage de l'art et de la beauté, qu'elle emporte avec elle dans ses tournées. Marquée par les similitudes entre les êtres humains, d'où qu'ils viennent, elle le chante et l'écrit, tout en se racontant elle-même. Ses textes, entre slam et poésie urbaine, sont accompagnés par une interprétation rythmée. Gina Loring connaît bien ses mots et sait jouer avec, en les récitant, pour donner l'effet souhaité. Les présents ne sont pas restés indifférents à son charme artistique, surtout les jeunes, visiblement des étudiants en anglais, venus pratiquer leurs connaissances dans la culture de leurs études. La première partie de la soirée a été consacrée à une lecture plus classique, non moins intéressante, celle de Laurence Michalak. «Tunis and beyond» (Tunis et au-delà) est le titre de son recueil paru récemment, chez Calamus. Son histoire avec la Tunisie a commencé dès 1964, où il est venu comme volontaire pour enseigner l'anglais. Il est passé par Msaken, puis par le collège Sadiki, avant de consacrer sa thèse de doctorat aux marchés hebdomadaires de Jendouba. Il n'y a pas longtemps, Laurence Michalak a été à la tête du Centre d'études maghrébines à Tunis (Cemat). «Il a passé 10 des 50 dernières années en Tunisie. Ses poèmes sont à propos de cette expérience», peut-on lire en anglais au dos de son recueil, dont la couverture est signée David Bond. De par cette expérience, on peut, en effet, imaginer la profondeur de ce que le poète a à dire sur la Tunisie. Ses vers racontent son pays d'adoption, à travers les yeux d'un homme, sans cesse, en découverte. Il décrit les villes, les gens et les traditions locales avec beaucoup de tendresse et même de l'humour. De la générosité, il y en a également entre les vers de Laurence Michalak, dédiés à des amis, à de la famille ou à des inconnu(e)s. Dans ce sens, et lors de la soirée au club Tahar Haddad, il a présenté l'œuvre poétique «Confessions in Stone» (Confessions dans la pierre) de Claudia Jannone, enseignante universitaire, recueil entièrement consacré au patrimoine tunisien en mosaïque. Dans le poème éponyme du sien, «Tunis and beyond», Laurence Michalak dit que «Tunis is an olive tree at the center of a puzzle» (Tunis est un olivier au centre d'un puzzle) et cela résume tellement de choses, par le pouvoir et la magie des mots...