Bien qu'ayant suivi un cursus universitaire tourné vers la science et qu'il s'intéresse beaucoup aux recherches scientifiques, de par son métier en tant que maître de conférence à l'Institut de l'Environnement, Ezzedine Ferjani pense avoir gardé un côté littéraire dont il ne peut s'en défaire. Sa vocation littéraire, c'est bien la poésie. « La poésie, dit-il dans la préface de son recueil, m'est tombée dessus un certain été 2002… » C'était comme un coup de foudre ! Et depuis, il devient amoureux des mots, des vers et des rimes. Quant au choix de la langue de Molière pour composer ses poèmes, il explique dans son avant-propos que le français est « une passion née avec la prime enfance… » Hantée par la muse, notre poète se met à composer ses vers qui trottent dans sa tête à tous moments qu'il transforme en strophes, puis en poèmes. « Je me souviens que, par moments, des strophes émergeaient dans ma mémoire et, encore mal organisé, je courais dans tous les sens, à la recherche d'un bout de papier, d'un stylo ou parfois d'un crayon de couleur. » a-t-il écrit dans la préface du livre. Jour après jour, une effusion poétique s'empare de lui jusqu'au jour où il décide de grouper tous ses poèmes dans ce recueil. Pourquoi ce recueil ? Le poète répond à cette question en disant : « le choix du recueil relève d'un besoin de communion (d'échange du moins) avec l'autre… » C'est donc par souci de communication et d'ouverture vers autrui, histoire de partager à travers le livre « ce compagnon de route » ses sentiments, ses idées, ses impressions. Ce recueil de poésie, écrit par un homme de science, est la preuve que science et littérature peuvent coexister et que la distinction entre le poète considéré comme ennemi de la science, et le scientifique connu plutôt pour sa rigueur qui ne lui laisse pas le temps de rêver ; cette distinction n'a plus de raison d'être, d'autant plus que les hommes, quels que soient leurs goûts, sentiments, vocations ou tendances, expriment leurs « maux » par les « mots », ce qui correspond merveilleusement au titre donné par l'auteur à son recueil : « Des mots pour les maux ». En effet, Que serions-nous sans les mots, comment exprimerions-nous nos joies et nos souffrances ? Le recueil, divisé en sept parties, rassemble des poèmes de thèmes divers allant de l'« enfance », jusqu'au « libres » en passant par « sentimental », « sagesse », « tourmente » et « révolte ». L'auteur a choisi de finir son recueil par une belle collection de citations qu'il a bien triées pour ses lecteurs et qui, d'ailleurs, vont de pair avec les intentions, les expériences, les souvenirs et les aspirations évoqués tout le long du recueil par le poète. C'est une poésie, en grande partie lyrique où le poète s'exprime à la première personne, et qui peut toucher tout le public, qu'il soit connaisseur ou néophyte. Les vers, tantôt libres, tantôt réguliers, dénotent la grande subtilité d'esprit et la profondeur des sentiments dont le poète fait preuve à travers tous les poèmes qui chantent le courage de surmonter tous les « maux », l'espoir, la confiance en la vie, en l'autre et, au bout du tunnel, la lumière, la « quintessence », titre donné à l'un des derniers poèmes du recueil où l'on peut lire ces beaux vers : « Goûter à la quintessence, voltiger dans le ciel Vivre son idéal, savourer ses vrais duels Planer au clair de lune, toucher mille étoiles Vaincre toutes les petitesses, atteindre l'idéal » Puisse cet extrait servir d'un avant-goût pour une lecture plus passionnante d'autres poèmes pleins de beauté et de bon sens ! Ne serait-ce que pour partager les « maux » du poète qui ne sont autres que ceux de tous les humains ! La poésie, quand elle est partagée, ressentie par les autres, est un remède qui fait sortir le poète de sa peine, du moins la rend supportable !. H.K.
** Poèmes « Des maux pour les maux » suivi de « Pensées libres » de Ezzedine Ferjani, édition octobre 2009, 156 pages