On ne peut cacher aujourd'hui, après une année de la révolution l'inquiétude des professionnels du secteur du tourisme, encore dans le flou, eu égard à la situation sécuritaire, sociale et économique qui prévaut en Tunisie, et à l'image encore peu rassurante qu'elle a auprès des touristes, malgré les dernières améliorations enregistrées au début de l'année 2012. Deux millions de touristes perdus, trois mille emplois suspendus, 33% de recettes en moins. L'année 2011 s'est révélée désastreuse pour ce secteur stratégique qui a subi de plein fouet le contrecoup de la révolution. Aujourd'hui, le ministère de tutelle et les professionnels veulent redonner à ce secteur, qui représente 7% de l'économie du pays, son lustre d'antan. La relance de la destination est désormais tributaire de la mise en place d'une stratégie de promotion du site touristique appuyée par de nouveaux projets structurels visant à diversifier le tourisme. Le secteur du tourisme a commencé à reprendre son rythme d'avant-la révolution. Ainsi, le nombre des touristes a enregistré, du 1er janvier au 20 février 2012, une augmentation de l'ordre de 72,2%, soit 476.412 touristes. Cette croissance s'explique par l'évolution enregistrée sur le marché maghrébin (libyen, algérien et marocain) où le taux des arrivées en provenance de ces pays a augmenté de 75,9%, durant la période précitée. L'amélioration a concerné aussi le marché européen avec une augmentation des flux de l'ordre de 51,8%, notamment de nationalité française et allemande, dont le nombre de touristes a atteint 140,3%. Quant aux recettes, elles ont augmenté, du 1er janvier au 20 février 2012, moyennant 32,4%, à raison de 283 millions de dinars contre 213.7 millions de dinars, durant la même période de l'année précédente, avec un écart de 32,4%. Quant aux entrées des non-résidents toutes nationalités confondues, elles ont atteint 476.412 contre 276.607 en 2011. Durant la même année (janvier-décembre 2011), le nombre des résidents a atteint 4.781.896 de nationalités européenne, maghrébine, américaine et canadienne, et moyen-orientale (Africains, Japonais, Australiens, Chinois, Brésiliens), contre 6.902.749 confondues au cours de l'année 2010, avec un écart de -30,7%. En 2010, malgré une conjoncture difficile corrélée à une rude concurrence des destinations méditerranéennes, le secteur du tourisme tunisien a pu enregistrer des résultats positifs. En effet, les recettes touristiques ainsi que les nuitées ont progressé respectivement de 1,5% et 2,7%, et ce, en dépit d'une stagnation au niveau des arrivées. Par ailleurs, il est à noter que le secteur a réussi tout au long de ces dernières années à attirer plus de 6 millions de touristes par an et générer ainsi d'importantes recettes, mais ces résultats restent timides par rapport à nos concurrents directs. Le ministère de tutelle a fait son diagnostic, dressé un bilan et tracé la feuille de route pour la relance de l'industrie touristique tunisienne, à travers une étude de développement stratégique du secteur réalisée en 2009-2010. Cette dernière a, en effet, proposé des plans d'actions qui ont été regroupés en cinq axes stratégiques: la diversification et l'innovation de l'offre, la redéfinition de la politique marketing, la mise à niveau TIC vers un tourisme Web compatible, la modernisation du cadre institutionnel et la restructuration des finances du secteur. Ces plans d'action contribueront sûrement à hisser le tourisme vers le haut et à le prévaloir d'une nouvelle image qui permettra au tourisme tunisien de reprendre la place qui lui revient. Il est opportun de rappeler que la capacité d'hébergement disponible s'est élevée en 2010 à 241.528 lits contre 239.890 en 2009, marquant ainsi une légère hausse de 0,7%, soit une capacité additionnelle de 1.638 lits. A l'issue de la même année, le taux d'occupation relatif a enregistré une légère augmentation de 0,5 point en se situant à 50,7% contre 50,2% en 2009. Par région touristique, les meilleurs taux d'occupation ont été enregistrés à Djerba-Zarzis (60,3%), Monastir-Skanès (54,9%) et Sousse-Kairouan (52,1%). La Tunisie a enregistré, au cours de la même année, l'arrivée de 6,9 millions de touristes, avec une stagnation telle que celle observée en 2009. Le marché maghrébin a accusé une baisse de 2,4%. Par contre, le marché européen a connu une légère hausse de près de 2% entraînée notamment par des Anglais (+28,2%). Pour ce qui est du volume des nuitées recensées dans l'ensemble des unités hôtelières, il a atteint en 2010, 35.565 millions contre 34,623 en 2009, avec une augmentation de 2,7%. Le montant des recettes est passé de 3.471.9 millions de dinars en 2009 à 3.522.5 en 2010, soit une hausse de 1,5%. D'un autre côté, le montant des investissements touristiques réalisés durant l'année 2010 s'est élevé à 376,4 millions de dinars contre 309.3 millions de dinars en 2009, marquant une importante hausse de 22%. Après une année de crise qui a affecté le pouvoir d'achat et le budget voyage du touriste européen, la reprise du marché européen s'est relativement confirmée en 2010 avec une légère hausse tant au niveau des arrivées aux frontières qu'au niveau des nuitées. Ainsi, le nombre d'entrées européennes est passé de 3,744 millions en 2009 à 3,814 en 2010, marquant une hausse de 1,9%. Idem pour les marchés français, britannique et maghrébin dont les arrivées ont observé une hausse de 3% et de 28,2%, et ce, contrairement aux marchés allemand et italien qui ont enregistré successivement un fléchissement de 5,3%, 7,7% et 2,4%. Quant au marché intérieur, les nuitées des résidents se sont élevées à 3,428 millions de nuitées en 2010, contre 3,066 millions l'année précédente, soit une augmentation de 11,8%. Ces nuitées représentent 9,6% de l'ensemble des nuitées dans les établissements hôteliers.