• Les difficultés du développement dans le Nord-Ouest sont multiples et les priorités commencent à être appréhendées... selon un axe des priorités Les dernières intempéries qui ont dévasté une partie importante de l'infrastructure de la région nord-ouest sont encore au menu de plusieurs études notamment celles lancées par le Centre de réflexion stratégique pour le développement du Nord-Ouest. Ce dernier, en collaboration avec plusieurs associations nationales et régionales ainsi que des cadres de diverses spécialités, originaires de la région, tente d'élaborer toute une stratégie pour booster le développement dans la région. Il a été décidé, entre autres, de créer un bureau local du centre à Tabarka. Dans cette démarche de réflexion, une conférence régionale des associations de développement sera organisée vers la fin du mois de mars avec le concours de la Fédération mondiale des ingénieurs et l'appui de l'ambassade des Pays-Bas. Cette conférence-débat sera consacrée au renforcement du développement de la ville de Aïn Draham. Selon le président du Centre de réflexion stratégique pour le développement du Nord-Ouest, Kamel Ayadi, il est impératif de refaire l'infrastructure endommagée et de la développer afin qu'elle serve de point de départ pour les projets envisagés dans la région. Selon lui, il faut revoir le plan d'aménagement territorial de la ville de Aïn Draham pour délimiter les zones d'extension urbaine et les zones à risque. Dans ce sens, le centre a lancé dernièrement un appel pour créer un système d'alerte précoce. La mise en place d'un plan d'intervention pour désenclaver les zones isolées et d'un système d'évacuation des gens en cas de nécessité, sont deux autres propositions qui toucheront à l'aménagement des espaces et à la logistique à mettre à la disposition des intervenants en cas de catastrophes naturelles. La protection des villes sinistrées est un autre volet des études lancées. M. Ayadi affirme que la délocalisation des citoyens des zones à risque n'est pas une solution. Il ajoute: «Il faut protéger les villes concernées, comme Bousselem, à l'amont par des ceintures externes afin de dévier le cours des oueds. Cette opération est coûteuse. Il y a d'autres précautions à l'instar de la construction de barrages et le nettoyage des oueds dont les cours sont sédimentés. La capacité d'évacuation des oueds, dont les formes sont perdues, a été ainsi réduite de façon dramatique en l'absence d'entretien». Promouvoir les ressources naturelles La promotion des ressources forestières est un autre axe évoqué par M. Houcine Dellaï, directeur général de l'Office du développement sylvo-pastoral du Nord-Ouest. M. Dellaï confirme l'importance de la promotion des ressources montagneuses et forestières comme étant un pilier du développement rural et touristique de la région. «Je crois que le développement rural doit être participatif même si c'est une procédure lente. Ce modèle est à même de garantir l'efficience et la réussite des programmes de développement qui sont extensibles. L'implication des habitants est importante dans la gestion durable des ressources naturelles qui représente un facteur fondamental de développement économique et social dans la région», enchaîne M. Dellaï. L'Office du développement sylvo-pastoral du Nord-Ouest a entamé un nouveau cycle qui a commencé depuis le mois de juin 2011 pour s'étaler jusqu'en 2016. Ce cycle de développement des zones montagneuses et forestières couvre 23 délégations des gouvernorats de Béja, Siliana, le Kef, Jendouba ainsi que les trois délégations de l'ouest de Bizerte, à savoir Sejnen, Joumine et Ghézala. M. Houcine Dellaï précise que ce projet de développement va toucher 604 mille hectares habités par quelques 318 mille personnes. «Ce projet est cofinancé par la Banque mondiale et l'Etat tunisien. L'investissement s'élève à 58 millions de dinars dont 73% est un prêt de la Banque Mondiale, 16% (13 MD) provient de l'Etat, alors que la participation des habitants impliqués est de l'ordre de 11% du montant global, environ 8,8MD. Une extension du prêt de la Banque mondiale est envisageable pour atteindre 80 MD de prêt global, et ce, en cas de réussite de la phase en cours». Selon le directeur de l'office, des études socioéconomiques sont constamment élaborées pour définir les besoins des habitants et les objectifs à court et à moyen termes. Ces études de développement intégral sont effectuées dans chaque délégation avec plusieurs partenaires dont notamment les acteurs privés qui sont impliqués directement dans ce projet. Projets, certains lancés et d'autres suspendus En attendant la publication d'un rapport complet de la part du Centre de réflexion stratégique pour le développement du Nord-Ouest, qui englobera tous les facteurs de développement dans cette région, les conclusions actuelles des experts indiquent que la promotion des richesses naturelles et culturelles est la meilleure solution pour relancer le développement à moyen et à long terme. Le délégué de Tabarka, Habib Faïdi, affirme que les efforts sont actuellement déployés pour aider les sinistrés dans les zones touchées par les pluies diluviennes et pour faire le bilan des dernières intempéries. Selon lui, des projets de routes goudronnées et de liaison au réseau d'assainissement et de distribution d'eau potable seront lancés prochainement. Une route de 9 kilomètres de long devra relier Melloula et Bayadha et une autre de 5 kilomètres de long sera établie entre la route nationale Tunis-Tabarka et la route des sept Mchaeikh (Elaguiba). De même, un investissement de l'ordre de 165 mille dinars sera alloué pour raccorder la région de Khénafsa au réseau national de distribution d'eau potable. Le réseau routier de Tabarka a connu la mise en place de deux pistes agricoles vers la fin de 2011 à Aïn Sobh et à Hamdia pour un investissement de 40 mille dinars chacune. Un complément de 60 mille dinars sera alloué pour achever ses deux pistes. Améliorer le rendement agricole Ces projets viennent combler les défaillances existant dans l'infrastructure de la région, ce qui sera d'un apport certain quant au rendement agricole de ces zones rurales. Selon M. Faïdi, plusieurs grands projets sont dans la phase d'étude à l'image de la zone industrielle de Aïn Sobh et de la zone franche, tous deux proches de l'aéroport de Tabarka. Aussi, un complexe d'animation culturelle et touristique est prévu à Tabarka pour un investissement de 17 millions de dinars. «Plusieurs investisseurs tunisiens et étrangers s'intéressent à la région. Certains grands projets ont été contestés par les citoyens à l'instar de la zone industrielle. De même, un investisseur a affiché son intention de construire un port à Melloula, sauf que plusieurs lots dans cette zone sont la propriété de citoyens et ces derniers ne veulent pas céder leurs terrains, ce qui a bloqué le projet. Je crois que ce qui manque à Tabarka est l'animation touristique et culturelle alors que notre région dispose d'une bonne assise naturelle pour qu'elle attire le touriste tunisien et étranger», enchaîne le délégué de Tabarka. Par ailleurs, il ne faut pas négliger le rôle des associations nationales et régionales de développement dans ce processus et l'une de ces dernières qui a été saluée à l'occasion par le délégué de Tabarka, est l'association «Amal». Tant d'espoir mais tant de travail aussi pour revaloriser les richesses de ces zones, tant oubliées dans les plans de développement intégral de l'ancien régime...