Outre les structures gouvernementales et les associations, qui tentent d'apporter leur aide aux victimes des intempéries, certains chercheurs et scientifiques tunisiens se mobilisent aussi pour instaurer un système efficace de lutte contre les catastrophes. C'est le cas de ceux qui sont regroupés au sein d'un centre voué au développement du Nord-Ouest. Suite aux récentes chutes de neige qui ont provoqué le blocage du trafic routier ainsi que d'autres désagréments dans les régions du nord-ouest et du centre-ouest du pays, le Centre de réflexion stratégique pour le développement du Nord-Ouest a organisé, hier, une conférence de presse, qui a porté sur l'évaluation de la situation qui prévaut actuellement dans la région. Ce qui porte sur plusieurs aspects, dont le climat, l'infrastructure, la sécurité, l'approvisionnement des citoyens en produits de première nécessité, etc. Les membres de ce centre de réflexion, qui se présente en tant qu'association, ont présenté les grandes lignes d'une étude prospective sur les régions sus-mentionnées. Cette étude, dont le rapport sera rendu public dans les prochaines semaines, comportera, entre autres, des solutions pour prévenir les conséquences des tempêtes et réduire les dégâts qu'elles peuvent engendrer. Capitaliser les expériences M. Kamel Ayedi, président dudit centre, affirme que «cette catastrophe naturelle doit nous aider à mieux nous préparer dans l'avenir à ce genre de situations». Il ajoute : «On doit instaurer une commission nationale afin de cerner les responsabilités dans le but de combler les défaillances dans le futur. Nous, en tant que centre d'études stratégiques apolitique faisant partie de la société civile, nous voulons travailler avec tous les autres partenaires, sans aucune exclusion. C'est l'occasion de capitaliser nos expériences dans un cadre bien déterminé, étant donné qu'en Tunisie nous ne possédons ni les experts requis en la matière, ni l'ingénierie en matière de lutte contre ces phénomènes naturels. Partant de ce fait, nous voulons faire converger tous les efforts dans un seul sens : l'intérêt national. De même, nous voulons qu'une structure nationale soit mise sur pied avant que le gouvernement ne porte son attention sur d'autres sujets». M. Ayedi souligne, d'autre part, que les défaillances dans l'actuel système de gestion des catastrophes naturelles sont multiples, «à commencer par le système d'information, remarque-t-il, qu'on doit moderniser afin d'avoir des données fiables et instantanées». Cependant, il affirme que les médias ont joué un rôle positif dans l'information des citoyens sur la gravité de la situation, ce qui a permis de limiter les dégâts. Evoquant les facteurs qui ont amené au blocage des routes et des pistes dans les régions sinistrées, M. Houssine Dellaï, directeur général de l'Office de développement du Nord-Ouest, précise pour sa part que la fragilité du sol, la pauvreté du couvert végétal et l'absence d'entretien des dispositifs de protection contre l'érosion passent en tête. «Il y a aussi, remarque-t-il, un problème de coordination entre les différents acteurs concernés et un défaut flagrant en matière d'équipements». Après avoir énuméré d'autres facteurs, M. Dellaï a présenté quelques solutions en vue d'améliorer la capacité de ces régions à se protéger contre de telles catastrophes. L'amélioration de l'infrastructure, le lancement de projets écologiques dans les forêts et l'aide aux agriculteurs sont les principales solutions évoquées par l'ingénieur en agriculture qu'est M. Dellaï . Une deuxième vague de froid De son côté, M. Jamel Bouraoui, sous-directeur à l'Institut national de la météorologie (INM), souligne que ledit institut avait annoncé l'arrivée de la vague de froid 48 heures avant qu'elle ne survienne dans la région du Nord-Ouest, provoquant d'importantes chutes de neige. Il a fait savoir en outre qu'une deuxième masse d'air polaire est passée par la Méditerranée et qu'elle s'est installée, depuis hier soir, sur les mêmes régions du nord. Selon lui, les températures minimales sur les hauteurs se situeront aux environs de -3°C et elles seront de l'ordre de 3°C et 4°C ailleurs, alors que les maximales sur les hauteurs ne dépasseront pas -2°C. Prenant la parole, le cardiologue Fawzi Drissi attire l'attention sur les dangers de telles intempéries sur la santé des citoyens dans ces régions. Il indique que les conditions climatiques qui dominent vont favoriser des maladies telles que les rhumatismes articulaires aigus et la tuberculose chez les enfants et les jeunes. «Cette dernière, ajoute le cardiologue, peut se transformer en tuberculose pulmonaire qui est contagieuse. D'où la gravité de la situation sur la santé de toute la commune», enchaîne Dr Drissi. Avec cette deuxième vague de froid, l'on espère donc que la situation sera mieux maîtrisée pour éviter le pire...