Suite aux propos de Amor Ghédamsi, secrétaire général du syndicat des métiers des arts plastiques (Smap), parus sur le journal La Presse du 10-03- 2011, dans un compte rendu intitulé «Crise et coup de gueule» de Meysem Marrouki, je vous prie de m'accorder le droit de réponse en tant que président de la Fédération tunisienne des Arts plastiques (Ftap), visée dans ces propos. Pour ce qui est de l'idée de la création de la Fédération, elle remonte au conflit d'un groupe d'artistes de l'Union des plasticiens, dont moi-même, avec le secrétaire général et le trésorier de l'ancien bureau, en 2010. Le 22 janvier 2011, au rassemblement des artistes à l'espace le 4e Art, j'ai lu le manifeste des artistes indépendants, dissidents de l'Union qu'on a rédigé sur place et au terme duquel j'ai proposé la création d'une fédération : «Nous sommes solidaires avec les dramaturges, les cinéastes, les écrivains et les musiciens, nous les appelons à concrétiser cette solidarité par la création d'une fédération pour défendre nos intérêts moraux et matériels» (voir le texte au journal Assahafa du 26 janvier 2011). Contrairement aux allégations, la fédération est née au terme d'accumulation de faits et d'événements et non pas au bureau de M. Azedine Beshaouech, qu'on remercie, au passage, pour ce qu'il a fait pour le secteur des arts plastiques. Il a, en effet, transmis les dossiers des malversations du service des arts plastiques et celui du S.G. de l'Union à la Commission supérieure d'investigation sur la corruption et il nous a reconnus comme association, faisant preuve de sagesse pour mettre fin aux conflits entre les artistes. La Ftap n'a ni l'ambition ni les moyens de contrôler les associations, et nous refusons d'être sous la tutelle d'un ministère ou d'un syndicat; nous nous défendons très bien comme nous l'avons fait depuis les années 1970 avec H. Neili, A. Fehri, L. Larnaout et bien d'autres militants contre les directions d'arts plastiques, les commissions d'achat, le service culturel de la mairie de Tunis, l'Ecole de Tunis et aujourd'hui, je me trouve en face de Amor Ghédamsi qui, depuis la création et même avant quelques mois avant la création de la Fédération, s'est senti bousculé et bouleversé par cet événement. Ghédamsi s'est infiltré dans la commission d'achat grâce à une stratégie diabolique, en étant conseiller auprès de la direction du Centre d'art vivant, et proche de la direction des arts plastiques pour contrôler cette commission et pour se venger de l'ex-président de la Fédération et son fondateur Khélil Gouia. D'ailleurs, en visitant notre exposition annuelle en janvier 2011, la commission n'a acquis que 8 œuvres parmi les 170, montrant ainsi une hostilité sans limite pour punir une centaine d'artistes. Comme il est convenu que le syndicat ne peut être juge et partie, ce monsieur n'est pas appelé à être membre de la commission d'achat, afin de permettre aux artistes de réagir, lorsqu'ils se sentent victimes des agissements de cette commission. Les adhérents de la Ftap ont subi cette injustice avec la complicité du syndicat. Que faire alors ? Ghédamsi nous envie d'avoir été soutenus, «plus qu'il ne faut», par l'ex-ministre de la Culture. En fait, on nous reproche qu'avec la somme modique de 2.000 dinars comme avance sur la subvention qu'accordera le ministère à notre association et avec un petit local à Dar el Kateb et les frais de cotisations des adhérents, nous avons pu réaliser un colloque sur le marché de l'art à Sousse, une grande exposition —de qualité de l'avis de tous les observateurs—, en transposant 1'art dans la rue avec la réalisation de fresques murales sur les piliers du pont de la République. La réaction de Ghédamsi reflète une image qui sévit après la révolution et qui nous a révélé des pseudo-artistes qui se révoltent et se sentent mal quand leurs confrères réussissent. Voyez ce qu'on a fait à Lotfi Bouchnaq, quand il a été question qu'il inaugure le festival de Carthage, voyez ce qu'on a fait quand Fadhel Jaziri a présenté Saheb el himar... Quant à notre relation avec l'Union des plasticiens, lui et moi-même avons bataillé pour assainir le bureau corrompu (voir La Presse du 25 janvier 2011 : «Appel pour les plasticiens»), mais notre stratégie s'avérait différente : ma solution était d'écarter les corrompus, et lui, de détruire l'Union. Aujourd'hui, ce n'est pas le président de la Ftap qui décide de cette relation, c'est un bureau de 11 membres, et lorsque il y a intérêt des plasticiens, nous n'hésitons pas à collaborer avec l'Union. Quant aux propos sur la légitimé de la Ftap, Ghédamsi n'a qu'à vérifier auprès du ministère de l'Intérieur et dans le journal officiel, pour bien s'informer. Si l'existence de la Ftap le gêne au point de mentir, il y a deux solutions pour le ramener à la raison. La première c'est d'aller protester auprès du ministère de l'Intérieur pour nous avoir livré le visa un 16 août 2011. La deuxième solution, c'est d'aller boire à gogo l'eau fraîche de la Méditerranée. En conclusion, qu'il accepte ces conseils en s'occupeant plutôt de la condition des artistes tunisiens, en révisant les recommandations de l'artiste pour connaître les droits qu'il doit consacrer à les arracher. Mais avant, il est nécessaire qu'il fasse une formation à l'Ugtt pour apprendre le métier de syndicaliste. Pour l'instant, il est en train d'envier les artistes et de les diviser. Quant à la double ou triple adhésion dans le Syndicat des métiers et les autres associations, qu'il sache qu'en tant qu'adhérent de la Smpp, je ne renouvellerai pas mon adhésion dans un Syndicat qu'il préside et dont un membre du bureau dit, dans le press-book qui expose les activités du Syndicat, que «l'adhésion ne coûte que 12 dinars, le montant de deux bières, une bouteille de vin et une kémia». Une citation qui exprime l'imagination de ce comité.