Sans se donner rendez-vous, salafistes et artistes se sont retrouvés, hier matin, nez à nez au cœur de l'avenue Bourguiba. Les premiers appartiennent au Front tunisien des associations islamiques. Ils étaient venus dénoncer la profanation des symboles sacrés, en général, et du Saint Coran, en particulier. Huit à dix mille manifestants, selon les estimations, ont appelé également à l'application de la charia et à son adoption comme source unique de législation. Les seconds s'étaient réunis pour fêter la Journée internationale du théâtre, fête gâchée par des manifestants fanatisés et que la création culturelle semble déranger. Les forces de l'ordre ont dû intervenir, à maintes reprises, pour s'interposer entre les deux groupes de manifestants identifiables de loin par leurs drapeaux et étendards. Certes, l'on a évité le pire, hier, mais une question s'impose : comment se fait-il que les services du ministère de l'Intérieur aient pu délivrer, le même jour, au même endroit pratiquement, une autorisation de manifester sans tenir compte des risques encourus ?