Dimanche dernier, la ville du Sousse a vécu au rythme de la 9e session du Festival international du film pour l'enfance et la jeunesse (Fifej), dont la soirée d'ouverture a été marquée par la présence de la guest star arabe Hind Sabri, venue présenter en première son film Asma de Amrou Salama et Iheb Amrou. Les nombreux spectateurs ont salué avec enthousiasme le talent de l'actrice et sa prestation dans le film. Auparavant, Hassen Alilèche, le président du Fifej, a fait remarquer lors de son allocution d'ouverture de la manifestation, que cette édition, qui célèbre cette année son 20e anniversaire, est «exceptionnelle» parce qu'il s'agit de la première post-révolution. Cette édition se caractérise par la participation de 120 films entre longs et courts métrages, 120 jeunes venus de différents pays, dont 50 Tunisiens prendront part à 22 ateliers de formation et d'initiation à l'image cinématographique. Hassen Alilèche a également tenu à présenter ses remerciements à Néjib Ayed, fondateur et son prédécesseur à la tête du Fifej. Ce dernier s'est félicité, non sans humour, d'avoir eu l'intelligence de «dégager» du Fifej tout seul, ce que, soit dit en passant, beaucoup de ses copains regrettent. Il a, d'autre part, reproché à la municipalité de Sousse de ne pas accorder d'importance au festival qui souffre d'énormes difficultés financières. Mais l'heure était aux festivités et Hind Sabri, par sa fraîcheur et sa spontanéité, a illuminé la scène du Théâtre municipal de Sousse. «Bienvenue dans mon pays», a susurré celle qui, à l'âge de 14 ans, a crevé l'écran dès son premier rôle au cinéma, dans le film Les silences du palais de Moufida Tlatli. «Il y a 16 ans, j'ai participé à cette manifestation dont je garde un excellent souvenir. Cette fois-ci, dès que les organisateurs m'ont contactée, je suis venue sans aucune hésitation, laissant ma fille au Caire, parce que le Fifej me met du baume au cœur». L'actrice a appelé à l'ouverture d'esprit, à la tolérance et au respect de l'autre dans sa différence. Par la suite, les trois jurys ont été présentés au public. Celui de la compétition enfants est composé de Nadine et Senda Boukadida, Faouez Chebil, Chaïma Miled et Ahmed Alilèche. Le jury de la compétition nationale est formé, quant à lui, de Taïeb Jallouli, Souad Ben Slimane et Khaled Barsaoui. La compétition internationale a pour «arbitres» Brahim Tsaki (Algérie), Jacques-Eugène Stauffer (France), Mustapha Alassane (Niger) et Jilani Saâdi (Tunisie). Relevons ici une petite «anomalie» : les membres de ce dernier jury sont tous du «troisième âge» et ne comportent pas de femme. Contradictoire pour une première session post-révolution, une révolution qui a été essentiellement menée par des jeunes et à un moment crucial où l'on veut consolider la place de la femme dans la future Constitution et dans la société. Le voile de l'intolérance Place a été, ensuite, cédée au film Asma qui a ému la salle. Hind Sabri y campe le rôle de Asma, une femme de 45 ans du rif égyptien installée au Caire avec son vieux père et sa fille adolescente. Atteinte du sida, elle travaille comme femme de ménage à l'aéroport. Elle doit se faire opérer de la vésicule biliaire, mais les médecins refusent de pratiquer cette opération de peur d'être contaminés par le sang de la patiente. Un animateur de télévision lui suggère de participer à son émission à visage découvert pour raconter sa mésaventure avec le corps médical, avec ses employeurs qui l'ont renvoyée du travail et avec la société qui appréhende cette maladie. Les réalisateurs Amrou Salama et Iheb Amrou ont employé, voire abusé, du flash-back pour raconter cette histoire adaptée d'un fait réel. Un excès de va-et-vient entre le passé de la protagoniste et son présent perturbe un peu la compréhension des événements. Même les tons des couleurs employées, chaudes pour le passé et froides pour le présent, pour souligner cette différence, n'enlèvent pas cette impression. La honte, la peur, l'intolérance, le manque d'éducation autour de certaines maladies, la position de la religion, la participation positive des médias à l'éducation des gens, autant de thèmes qui traversent ce film social porté par une Hind Sabri émouvante et plus que jamais talentueuse. Fortement ovationnée par le public, l'œuvre a touché et ému.