Les jeunes demandeurs d'emploi issus de la zone du Nord-Ouest ont accentué leur grogne et leur pression face à l'inertie du gouvernement au sujet de la question de l'emploi et du chômage dans cette région où le nombre des sans-emploi a atteint en 2011 un chiffre inquiétant avec près de 40% de la population active, en particulier chez les jeunes, qui représentent plus de 80% des chômeurs. Au cours du forum interrégional sur l'emploi qui s'est tenu, mercredi, au Kef avec la participation de jeunes relevant des quatre gouvernorats du Kef, Jendouba, Béja et Siliana, les appels se sont multipliés pour inciter le gouvernement à relancer l'investissement privé, à faciliter l'accès aux crédits bancaires et à simplifier les procédures, en exigeant que les dossiers de création de projets ne transitent plus sous les fourches caudines de l'administration dont ils ont aussi souhaité l'épuration des symboles de la corruption. Au cours de leurs interventions, les jeunes diplômés de l'université, au demeurant relevant de divers horizons professionnels, ont fait montre d'une maturité économique en séparant, comme il se doit, le bon grain de l'ivraie. Fermement convaincus que le secteur public ne peut nullement, à lui seul, résorber la question du chômage dans le pays, ils ont exigé que le gouvernement encourage davantage le secteur privé, accorde plus d'avantages aux jeunes promoteurs et libère l'initiative privée, en ce qu'elle, ont-ils jugé, représente le seul moyen pour relancer l'emploi dans le pays. D'autres jeunes ont aussi appelé à la diversification de l'assise économique et à l'accélération du processus de retour au calme dans le pays en donnant aux forces de l'ordre les outils de travail nécessaires et le cadre légal pour exercer leurs fonctions, conformément aux lois en vigueur, sans dérapage. Face à la persistance de la crise et des signes de récession qui marquent l'activité socioéconomique dans tout le pays, les sans-emploi ont aussi souhaité l'aménagement de nouvelles zones industrielles dans de nombreuses villes et l'accélération des travaux d'aménagement des zones actuellement en cours de concrétisation. Même le ministre de la Formation professionnelle et de l'Emploi, qui a présidé les travaux de ce forum, n'a pas réussi à donner de solutions rapides et appropriées à cette question assez délicate, faisant toutefois la part des choses entre l'immédiat et la stratégie. Il a estimé qu'il est impensable que le secteur public puisse, d'un seul coup, répondre favorablement aux 750.000 postes d'emploi réclamés par les chômeurs dans le pays, parmi lesquels 88% font partie de la frange des jeunes, 33,6% des diplômés de l'université. L'espoir viendrait probablement de la volonté du gouvernement d'accorder la priorité des investissements aux zones défavorisées avec près de 70% du budget qui sera accordé à la question des prochains investissements publics prévus dans le cadre du projet de budget complémentaire de l'Etat. Avec la grogne des agriculteurs, en majorité lourdement endettés, en dépit d'un potentiel économique certain, le gouvernement devra agir rapidement et accorder un geste à ces professionnels et encourager les investissements dans le secteur agricole car cela pourrait être juteux pour le pays et pour tout le secteur agricole et, par ricochet, pour l'emploi des jeunes.