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Le Printemps arabe frappe aux portes de l'Irak
Après l'hiver glacial américain
Publié dans La Presse de Tunisie le 03 - 04 - 2012

Par notre envoyé spécial à Bagdad Soufiane Ben Farhat
L'atmosphère est lourde à Bagdad, plombée même. La tenue du sommet arabe dans la capitale irakienne, ce 29 mars, équivalait à une espèce de promenade forcée dans un camp retranché.
Il est vrai qu'une semaine auparavant, le mardi 20 mars précisément, des attentats dans plusieurs villes irakiennes avaient fait au moins 44 morts. La journée sanglante, revendiquée par Al Qaïda, a coïncidé avec le 9e anniversaire de l'invasion américaine de l'Irak. Bagdad a été visée ainsi que la ville sainte chiite de Kerbala et Kirkouk dans le nord du pays.
Condamnant ces attentats, le président du Parlement avait dénoncé une tentative de faire échouer le sommet de la Ligue arabe et de “maintenir l'Irak dans la violence et la destruction”.
En fait, les Irakiens ont figuré en marge de ce congrès comme les Arabes dans les romans d'Albert Camus : de simples ombres évasives et vaporeuses.
Des Irakiens déplorent qu'un milliard de dollars ait été dépensé pour la tenue d'un congrès qui n'a duré que quelques heures. Certains parlent même d'un million de dollars destiné à la seule importation des fleurs ornementant la grande messe.
Le président de la commission financière au Parlement irakien a affirmé que le sommet arabe a coûté à l'Irak 2.250 millions de dollars. Une partie de ces sommes faramineuses aurait été, à l'en croire, octroyée à certains chefs d'Etat de pays arabes pauvres en vue de les inciter à faire le déplacement de Bagdad. En plus des cadeaux dont auraient bénéficié des membres de la Ligue des Etats arabes ! Ajoutons-y les frais des quelque 100.000 agents des forces intérieures préposés à la sécurité du sommet.
De leur côté, les Irakiens ont bénéficié d'un congé d'une semaine. Sans parler du couvre-feu de fait mais non déclaré, instauré dans le Grand-Bagdad, entouré d'une ceinture sécuritaire grandiose à 26 km à la ronde. Ce qui n'a guère empêché quelques groupes terroristes de tirer une roquette de mortier tombée à 150 mètres de l'ambassade iranienne et du fameux hôtel Errachid, réputé pour abriter les journalistes.
Entre-temps, le peuple irakien n'en finit pas de souffrir du renchérissement du coût de la vie, de l'insécurité et de la défaillance des infrastructures de base.
Nouvelle vague d'autoritarisme
Politiquement, les clignotants sont, eux aussi, au rouge. Le récent rapport de l'ONG américaine Human Rights Watch (HRW) en dit long là-dessus : “L'Irak est en train de reglisser rapidement dans l'autoritarisme, avec des forces de sécurité commettant des abus sur les manifestants, harcelant les journalistes et torturant les prisonniers”, soutient Sarah Leah Whitson, directrice de HRW pour le Moyen-Orient. “Bien que le gouvernement américain affirme avoir aidé à mettre sur pied une démocratie stable, la réalité est qu'il a laissé derrière lui un Etat policier en devenir”, estime-t-elle. L'armée américaine s'était retirée d'Irak le 18 décembre 2011.
L'Irak traverse par ailleurs une grave crise politique opposant des dirigeants de différentes communautés au Premier ministre Nouri al-Maliki qu'ils accusent d'autoritarisme. La misère rampante est doublée de luttes ethniques. A telle enseigne que Nouri al-Maliki se retrouve contesté par sa propre communauté chiite, par les Kurdes, par la minorité chrétienne comme par les Sunnites. Ses seuls appuis et amis sont les puissances occidentales qui l´ont porté au pouvoir.
Des voix s'élèvent pour accuser Al Maliki d'être “le Saddam des chiites.” Un véritable affront pour cet homme politique chiite qui s'est farouchement opposé à l'ancien président irakien.
Le vice-président irakien Tarek al-Hachémi avait accusé dans une revue américaine le Premier ministre Nouri al-Maliki de se comporter comme Saddam Hussein. Il s'est exprimé dans la revue américaine Foreign Policy. Dans cet entretien, M. Hachémi, membre de la confession sunnite irakienne, a accusé Al-Maliki de contrôler les institutions-clés du pays et de bénéficier du soutien à la fois des Etats-Unis et de l'Iran. “Beaucoup des comportements de Saddam (Hussein) sont aujourd'hui copiés par Nouri al-Maliki, malheureusement, déclare M. Hachémi. La justice est à sa botte. Maliki est inébranlable dans sa volonté de diriger le pays d'une façon violente et mauvaise, et il n'y a aucune chance qu'il trouve une résolution à la crise dans un avenir proche”. Saleh Moutlak, vice-Premier ministre irakien, a qualifié quant à lui, à la télévision irakienne, Nouri al-Maliki de “dictateur pire que Saddam Hussein”.
En janvier Al-Maliki a aggravé la crise politique en signant un mandat d'arrêt contre le vice-président sunnite Tarek al-Hachémi, qui est l'un des dirigeants d'Iraqiya. Il a également demandé au Parlement de voter une motion de censure contre le vice-Premier ministre, sunnite, Saleh Moutlak.
De son côté, Iraqiya, deuxième groupe parlementaire du pays composé essentiellement d'élus sunnites, a boycotté le gouvernement “en raison de la détérioration du processus politique”. La même formation, qui ne dispose au Parlement que de 83 députés et de 9 ministres au gouvernement, a suspendu sa participation aux travaux du Parlement afin de dénoncer la “dictature” du Premier ministre.
Tarek al-Hachémi s'est réfugié il y a quelques mois dans la région autonome du Kurdistan irakien, qui a décidé de le soutenir et a refusé de le livrer au chef du gouvernement de Bagdad. L'un des dirigeants du Bloc de l'Etat de droit d'Al-Maliki n'a pas trouvé mieux que de déclarer que le président de la République kurde, Jalal Talabani, soutenait le terrorisme. Du coup, les députés kurdes du Parlement ont refusé d'y revenir tant que ce dirigeant n'aura pas présenté des excuses.
En même temps, Al-Maliki a essayé de se débarrasser du chef d'état-major de l'armée, Babekir Zebarî, qui est d'origine kurde. Ce faisant, il a voulu amener les dirigeants kurdes à changer d'avis et de positions vis-à-vis de sa ligne politique. Il est utile de savoir que les deux ministères de la Défense et de l'Intérieur, qui étaient promis à un sunnite et à un kurde, ne sont toujours pas pourvus depuis un an. La totale en somme.
Les jours s'en vont, le Tigre demeure
Aux dernières nouvelles, empêtré et en désespoir de cause, Nouri al-Maliki a proposé la tenue de la conférence nationale de réconciliation le 5 avril. Une conférence promise périodiquement sans en fixer le lieu et la date.
Un journaliste irakien confie sur un ton de confidences : “Bravo les Tunisiens pour le Printemps arabe”. Je l'en remercie et je réplique que ce printemps semble frapper aussi aux portes de l'Irak. Il s'esquive, silencieux et énigmatique.
En fait, une atmosphère de l'hiver glacial américain plane encore sur la Mésopotamie. George W. Bush avait réussi un exploit paradoxal : dérouler le tapis rouge sous les pieds d´Al Qaïda en Irak. Un pays où, avant l'invasion américaine, Al Qaïda n´avait alors aucune chance de prendre pied. Aujourd'hui, les victimes des attentats d'Al Qaïda en Irak se comptent, chaque fois, par dizaines. Et le modus operandi terroriste en Irak s'est propagé au Yémen et en Afrique, et s'est revigoré en Afghanistan.
Pourtant, les informations ne sont pas toujours mauvaises en Irak. En mars, les exportations de pétrole se sont élevées à 71.827 millions de barils, soit un niveau moyen de 2,317 millions de barils par jour. L'Irak n'avait pas atteint ce volume depuis 1979. Les recettes se sont élevées à 8.475 milliards de dollars. Le prix moyen a été de 118 dollars le baril, selon des sources autorisées irakiennes.
Il faut savoir que les ventes de pétrole représentent environ 90% des recettes budgétaires et les deux tiers du PIB de l'Irak.
Bagdad est, comme toujours, une ville captivante. Même blindée, même quadrillée et plombée. Ses palmiers légendaires sont toujours debout. A l'instar du peuple irakien meurtri par des décennies de guerre, d'embargo, de dictature et d'occupation.
L'atmosphère est lourde. Les façades des bâtisses sont grises, mornes et secrètes. Les gens sont silencieux. Il y a comme une menace qui plane sur le Tigre. Un fleuve mythique serpentant entre les quartiers de Bagdad, là même où la misère étale ses plaies béantes sur les semblants de places d'improbables marchés.
En parcourant des bribes de Bagdad encadrés par de puissants accompagnateurs, on rencontre des tranches d'un pays qui, quoi qu'on dise, a toujours l'allure d'une mosaïque éclatée. Mille images, mille coteries et un réveil pénible et douloureux à l'issue de mille et une nuits de privations, de haine, de préventions et de guerres.
Bien qu'il soit, comme partout ailleurs en Irak, surplombé d'infinies dalles de béton armé formant une muraille contre les balles et les tirs de roquettes, le Tigre demeure stoïque et rêveur, comme l'illustre poète qui a dit “Vienne la nuit/ sonne l'heure/ les jours s'en vont/ Je demeure”.


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