• Dépassements, insécurité, recettes en baisse, le transport en commun connaît ces jours-ci ses pires moments C'est la deuxième de son genre, la première ayant été effectuée il y a quatre mois de cela. Une campagne renforcée de sécurisation des moyens de transport en commun a été menée, hier, sur la globalité du réseau du métro du Grand-Tunis ainsi que de la station de bus de la Place Ali-Belhouan à Bab El Khadhra. Assurer une reprise scolaire dans les meilleures conditions en est le principal objectif, comme l'a souligné le commandant Dheker Zaâtouri, qui a dirigé l'opération. Cette campagne est effectuée par les agents de la sous-direction de la police secours de Tunis ainsi qu'un renfort assuré par les forces de sécurité intérieure et de la sûreté publique, outre les agents en service dans les différents districts. «Cela fait quatre mois que nous procédons à des campagnes quotidiennes dans toutes les zones et tous les moyens de transport en commun. Désormais, nous allons les renforcer pour que le ratissage englobe, outre les métros et les bus, les stations et leur environnement. Sur chaque station, nous avons un effectif allant de dix à vingt agents de différentes catégories et un nombre équivalent dans chaque métro et bus. Il y a toute une stratégie de coordination qui vise à reconnaître rapidement les recherchés et cerner les malfaiteurs en cas de vol ou d'agression. Dans ce sens, je précise que la police de secours dispose de toute une base de données sur les voleurs», enchaîne M. Zaâtouri. Les locaux de la sous-direction de la police de secours à Bab El Khadhra ont connu, hier, une grande activité des agents de police mais aussi une présence des contrôleurs de la Société nationale des transports (Transtu). Les policiers étaient là pour mener les opérations de contrôle des papiers et de bagages des voyageurs ainsi que l'arrestation des personnes recherchées par la justice. D'autre part, des équipes de contrôleurs de la Transtu se sont chargées du contrôle des tickets des passagers. Des recettes en baisse Lotfi Bouzid, contrôleur à la SNT, affirme que la Transtu est en train de perdre une grande part de ses recettes, et ce, depuis un an à cause de l'insécurité qui règne dans le pays. «Plusieurs citoyens, a-t-il précisé, ont profité de cette situation pour prendre les bus et les métros sans pour autant payer leurs tickets». De son côté, Fathi Abderrahmane, contrôleur lui aussi, a souligné l'importance du déficit que la société nationale cumule de jour en jour à cause de ce phénomène. «Le dépôt de Bab Saâdoun a lui seul perdait plus de 30.000 dinars de recettes quotidiennement. On y cumulait plus de 35.000 dinars, alors que désormais le chiffre n'est que de 4.000 ou 5.000 dinars. Certains bus de longs trajets font des recettes variables entre 13 et 25 dinars sur trois voyages, ce qui est vraiment catastrophique pour la société», ajoute Abderrahmane. Selon Elaïd Jebali, un autre contrôleur des services communs, le problème «réside dans cette mentalité d'opportunisme que les Tunisiens cultivent de nos jours profitant de l'insécurité des moyens de transport en commun». Il a ajouté : «Il faut sensibiliser les gens à l'importance de leur rôle à maintenir le secteur en bonne santé, et ce, pour leur bien. Si la société nationale trouve des problèmes à se financer, le citoyen est le premier perdant». Les contrôleurs ont tous souligné les actes de violence dont les chauffeurs, les convoyeurs et les contrôleurs sont victimes. Des actes qui ne cessent de se reproduire ici et là en dépit du renforcement des équipes de contrôle sur toutes les lignes, notamment les longs trajets. Un autre contrôleur, Mouldi Hidri, a affirmé que plusieurs guichets fonctionnent très mal puisque les passagers ne payent pas leurs voyages. Selon lui, le guichet de la Place Barcelone faisait une recette de 800 à 1.000 dinars par jour alors qu'actuellement, il n'arrive pas à la barre des cent dinars. «Côté sécurité, les choses commencent à revenir à la normale depuis un peu plus d'un mois et les efforts de la police sont notables dans ce registre», a-t-il conclu. Abderrahmane, un jeune étudiant, souligne l'ampleur de l'insécurité dans les moyens de transport. «Le vol de PC est devenu monnaie courante pour certains délinquants. Pour ce, moi personnellement, je n'emporte presque jamais plus le mien...», ajoute l'étudiant. 22 recherchés arrêtés Après une heure de coordination via les téléphones portables et les sans-fil, la campagne a démarré vers 15h00 alors que toutes les équipes, comme l'a confirmé le commandant Zaâtouri, étaient en place dans les différentes stations de métro. Les lignes 3 et 5 étaient la cible principale de la journée. Les agents de la sécurité intérieure et ceux de la sûreté publique ont passé au peigne fin tous les métros qui partent ou arrivent à la station de la République. Au bout d'une heure, les forces de sécurité ont pu arrêter trois recherchés dont le premier pour violence caractérisée, le deuxième pour abus de confiance et le troisième pour vol. De même, plusieurs individus ont été interpellés pour transport de boissons alcoolisées dans un moyen de transport public et dont un, la soixantaine, a été arrêté alors qu'il était en train de consommer de l'alcool dans le métro. A la fin de la journée, 22 personnes ont été arrêtées alors qu'elles sont recherchées pour diverses raisons, dont la violence caractérisée, vol, port d'arme blanche, etc. Selon le commandant Zaâtouri, «une information nous est parvenue selon laquelle un passager dans un bus en provenance de l'intérieur du pays, transportait une importante quantité de bombes à gaz et des produits inflammables . Nos agents se sont mobilisés pour l'arrêter aussitôt arrivé à Tunis». Pour l'officier de police principal, Mounir Maârouf, l'effet de surprise est un facteur déterminant dans la réussite de ce genre d'opération de ratissage. Selon lui, les heures de pointe sont la meilleure période de la journée pour interpeller les délinquants et les recherchés par la justice.