Confrontés à un environnement hostile, les habitants des régions semi-arides ont dû faire preuve d'ingéniosité pour assurer leur survie. Ils sont intervenus sur l'écosystème et l'ont transformé, afin de pouvoir développer l'agriculture dans un milieu aride. L'exemple des oasis illustre parfaitement la relation étroite qui s'est tissée, au fil des années, entre les hommes et la nature qui en ont exploité les ressources, tout en la préservant. Un milieu artificiel a été créé en aménageant des espaces qui ont été mis en culture, grâce à la mise en place d'un système de gestion des ressources en eau, ce qui a permis de développer l'agriculture. Mais le recours à un modèle de développement inapproprié, combiné à la pression démographique et à l'accentuation de la sécheresse, outre la diminution des ressources en eau menacent, aujourd'hui, les oasis. L'absence de mise en valeur par les politiques publiques et l'absence de considération des spécificités des oasis, notamment dans les domaines de la recherche, de l'agriculture, de l'éducation et de la formation continue, outre le désintérêt affiché par les jeunes habitants qui, attirés par les solutions de facilité, préfèrent partir et migrer vers la capitale plutôt qu'exploiter les oasis, ont conduit à l'abandon de ces dernières, ce qui présente un danger pour la survie des habitants des régions oasiennes et soulève, de ce fait, la nécessité d'élaborer une charte nationale pour la conservation et le développement dynamique des oasis en Tunisie. L'Association de sauvegarde de la Médina de Gafsa et le Bureau sous-régional de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture en Afrique du Nord organiseront, aujourd'hui et demain 13 et 14 avril, un séminaire national pour la validation de la charte nationale pour la conservation et le développement des oasis. Un débat sera engagé par les responsables et les experts participants sur les enjeux de développement des oasis et les mesures qui doivent être prises pour faire appliquer la charte. Il faut savoir que sur le plan juridique, cette dernière est soumise à plusieurs conventions internationales, dont la convention internationale pour la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel, la convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification dans les pays, ainsi que la convention internationale sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction. Outre la reconnaissance des aspects historique, économique, social et culturel du système oasien, cette charte va permettre d'inscrire ce dernier dans une politique de développement durable et intégral, en renforçant l'arsenal juridique en matière de protection et de préservation des oasis et en imposant à toutes les composantes, directement ou indirectement impliquées, l'obligation de protéger ces derniers en tant que patrimoine national et mondial. L'application de cette dernière permettra, en outre, la préservation des ressources naturelles et la rationalisation de leur utilisation, outre la mise en place d'outils pour le développement des investissements en milieu oasien. Quant à l'Etat, il sera appelé, vu l'importance des oasis traditionnelles, à mettre en place plusieurs stratégies afin de préserver ces oasis ,dont une stratégie efficiente d'exploitation des terres qui répond à la fois aux impératifs de la sécurité alimentaire, tout en respectant les spécificités des sols. Compte tenu, par ailleurs, de la rareté des ressources en eau dans les oasis, l'Etat devra, également, veiller à protéger les ressources en eau dans les oasis et mettre en place des mécanismes juridiques pour les préserver de toute surexploitation. Enfin, la mise en valeur du système oasien, par la création d'activités culturelles et de loisirs, devra contribuer à instaurer une dynamique culturelle et à drainer les touristes dans la région.