Notre pays regorge d'oasis aussi belles et attrayantes les unes que les autres, couvrant une superficie globale de 36 000 ha, parsemant de leur habit verdoyant les terres semi désertiques ou arides du sud et conférant au paysage un aspect contrasté d'une rare beauté. Les unes flirtent à l'Est avec la mer de la Petite Syrte ; les autres fleurissent à l'Ouest au milieu d'un panorama impressionnant et enivrant, dans les replis d'un relief fracturé, rocailleux et aride ; d'autres encore, luxuriantes et majestueuses, se dressent altières aux abords salés du Chott El Djérid ou aux confins du Sahara. Où qu'elles soient et quelles qu'elles soient, maritimes, sahariennes ou montagneuses, les oasis constituent un milieu de vie renfermant des systèmes de production très diversifiés, fortement intensifs et productifs ayant fourni de façon durable des services et des biens multiples aux populations locales évoluant dans un contexte naturellement difficile, en leur assurant des siècles durant une sécurité alimentaire et des ressources de survie. Ces systèmes et ces paysages agricoles spécifiques, fruit indéniable du génie savant des générations passées d'agriculteurs et d'éleveurs et de leur savoir faire en matière de sélection variétales, d'aménagement du sol, d'exploitation rationnelle de l'eau d'irrigation et de conception d'outils agricoles adaptés au contexte oasien, constituent aujourd'hui un patrimoine national inestimable à préserver, faisant partie également des Systèmes Ingénieux du Patrimoine Agricole Mondial (SIPAM), reconnu comme tel par la FAO ( l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture). En 2002, cet organisme onusien a lancé une initiative traduisant son souci majeur de pérenniser la sécurité alimentaire des populations locales concernées et visant à établir les bases d'une reconnaissance nationale et internationale à même de contribuer à la conservation et la gestion durable de tels systèmes avec leurs paysages spécifiques, leur biodiversité, leurs connaissances et les cultures qui leur sont associées. Dans le cadre de cette initiative, des sites pilotes ont été identifiés au Pérou, au Chili, en Chine, aux Philippines, aux Kenya, en Tanzanie, en Algérie et en Tunisie aussi, à travers l'oasis historique de Gafsa qui, à l'instar des toutes les autres dans le pays, est confrontée à de sérieux problèmes et défis, dont la difficulté de commercialisation des produits oasiens due à l'évolution de l'économie de marché, la gestion irrationnelle du potentiel hydrique ayant engendré de fait la rareté de l'eau d'irrigation, la pression démographique ayant abouti à un urbanisme rampant en inadéquation avec les capacités limitées de l'écosystème oasien, le morcellement et l'abandon des parcelles à défaut de législation évolutive et appropriée, et l'absence de reconnaissance des systèmes oasiens par les politiques publiques. Pour le cas de la Tunisie, et dans le cadre du projet « Conservation et gestion adaptative des systèmes ingénieux du patrimoine agricole mondial » relatif aux oasis, un plan de travail a été mis en œuvre par le Bureau sous-régional de l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture pour l'Afrique du Nord, en partenariat avec l'Association pour la Sauvegarde de la Médina de Gafsa,, de façon à aboutir en fin de compte à l'élaboration d'une charte nationale pour la conservation dynamique des oasis tunisiennes et sa mise en œuvre, à la réalisation d'un film documentaire mettant en exergue pour sensibilisation les lacunes spécifiques de chacune des oasis représentées, et d'un dépliant portant sur le patrimoine national oasien. A cet effet, un programme de rencontres devant réunir pour concertation des ONGs opérant dans le domaine des oasis, des structures de développement et de recherche ( GDA et CRDA), des organismes publics et des organisations internationales de développement représentées en Tunisie, a même été planifié pour la période s'étendant entre les mois de juillet et décembre 2011. Dans ce contexte, un premier atelier de discussion et de réflexion sur la question de la préparation et de la mise en œuvre de cette charte nationale vient de se tenir à Gafsa, le mercredi 27 juillet en présence d'un expert juriste en réglementation agricole invité en tant que consultant pour discourir sur les réglementations en vigueur, et du représentant du Bureau sous-régional de la FAO en Tunisie. Une quinzaine de représentant d'ONGs, de GDA et de CRDA de plusieurs villes ou villages du sud, à savoir Gafsa, Mareth, Chénini, Kettana, Djerba, Nefta, et Kébili, se sont rencontrés pour apporter leurs témoignages édifiants et pour se concerter sur la matière du film documentaire à produire et les recommandations devant être prises en compte dans la constitution de la future charte.