Choisir son avenir professionnel n'est guère facile. Faut-il que d'autres paramètres, endogènes ou exogènes, soient pris en considération ? Est-il toujours vrai que la passion pour un métier pourrait aboutir à la réussite ? Aussi, le marché du travail actuel, avec tous ses besoins pressants et variables, aurait-il son impact sur les motivations du choix ? Autant de points d'interrogation qui taraudent, aujourd'hui, l'esprit des jeunes bacheliers qui s'apprêtent à rejoindre la vie estudiantine, avec beaucoup d'espoir et de confiance. Sans pour autant oublier que l'université n'a jamais été le meilleur tremplin pour une accessibilité professionnelle souple et directe. Et les raisons, ici, sont multiples pour se rendre à l'évidence. Toutefois, au-delà de cette vérité qui dérange parfois, il ne faut pas lâcher prise. C'est, du moins, ce qu'on a ressenti auprès des élèves des classes terminales venant des différentes délégations de Siliana pour assister à une Journée carrière organisée, samedi dernier, à l'initiative de l'Association des Tunisiens des grandes écoles (Atuge). Pour eux, c'était une journée pas comme les autres. Loin de leur quotidien studieux, ces jeunes bacheliers, à la fleur de l'âge, n'ont point hésité à poser toutes les questions qui les préoccupent en matière d'orientation universitaire. Des questions, certes personnelles, mais qui se croisent avec d'autres d'intérêt commun. Elles sont liées, en grande partie, à leur devenir professionnel, au cursus de formation, aux filières les plus prometteuses, celles à forte employabilité et les perspectives qu'elles pourraient ouvrir à moyen et long termes. Cette nouvelle édition de ladite journée, après celle tenue l'année dernière dans la région, s'inscrit dans le cadre du projet pilote intitulé «Rev- Educ» que l'Atuge vise à généraliser aux gouvernorats intérieurs du pays. L'objectif, selon son responsable, Rafik Kanoun, est de sélectionner les bacheliers brillants issus des familles nécessiteuses, de chaque filière et de chaque lycée de la région, afin de les aider, les accompagner et de leur présenter les métiers qu'ils pourraient exercer plus tard, et faciliter leur choix d'orientation. Autrement, une façon de récompenser les jeunes talents ayant obtenu de bons résultats, mais qui sont, hélas, dépourvus des atouts d'encouragement scolaire. Au Centre régional d'éducation et de formation continue (Crefoc), ces élèves ont été répartis sur des salles-ateliers, correspondant aux spécialités où ils sont déjà inscrits. En fait, quelques centaines d'élèves ont été affectés dans des pôles de métiers portant sur la médecine, l'ingéniorat, la gestion, les lettres et le droit. Des filières dont certaines sont reconnues trop sollicitées sur le marché de l'emploi, alors que d'autres ont perdu leur image d'antan, suite à une reconsidération totale des besoins économiques en compétences qualifiées. La rencontre était d'autant plus importante qu'elle a mis en contact direct ces élèves avec des enseignants universitaires chevronnés et des professionnels confirmés dans leur métier. Ceux-ci n'ont ménagé aucun effort pour donner ce qu'ils ont de meilleur afin d'éclairer la lanterne de ces jeunes élèves. Fort impressionnés par leurs expériences, suivant attentivement les précieux conseils qui leur ont été prodigués, les élèves n'en finissaient pas de s'interroger sur les débouchés des études supérieures, les critères d'admission dans telle ou telle filière. Ils n'ont cessé de demander d'amples informations et détails. Un face à face riche en débat ouvert et interactif, au cours duquel ces ados n'ont rien caché sur les couleurs de la vie active dont ils ont toujours rêvé. Sameh, jeune lycéenne de Makthar, Bac lettres, a déclaré avoir profité de cette occasion pour connaître les dessous de certains choix universitaires et leurs scores sélectifs. «Au sortir de l'atelier «lettres et droit», j'ai saisi les conditions à remplir pour ces deux filières. J'ai, également, été édifiée sur les opportunités professionnelles qu'elles pourraient offrir...», a-t-elle souligné. Et de conclure, «mes options oscillent entre le droit et le journalisme». Rym est venue du lycée «Ibn Sina» de Laâroussa. «Depuis mon jeune âge, j'apprécie beaucoup les métiers de journaliste et d'animateur télé. Aujourd'hui, j'ai un grand désir de devenir journaliste ou animatrice», révèle-t-elle avec enthousiasme. Après avoir participé à l'atelier concerné, la jeune bachelière a été surprise par certaines réponses des professionnels disant que le secteur n'est pas assez porteur, en termes d'offres d'emploi. «Et pourtant, je suis décidée d'y aller... Car la majorité des filières présentent cette difficulté d'intégration», insiste-t-elle, formulant l'espoir de décrocher son Bac cette année. Sa collègue du même lycée à Laâroussa veut opter pour la médecine, un rêve qu'elle caresse depuis qu'elle était gamine. La jeune lycéenne espère se spécialiser en anesthésie ou en pédiatrie. «J'aime beaucoup les petits enfants. Un amour qui me pousse vers la pédiatrie, dont j'ai tant rêvé», précise-t-elle, en souhaitant ouvrir son propre cabinet. De son côté, Leïla, candidate au Bac, issue du lycée «Abou El Kacem Chebbi» à Kesra, a un penchant pour la philo. «Une filière dont beaucoup m'ont parlé de la faible employabilité», nous a-t-elle indiqué, affirmant, cependant, qu'elle s'attache encore à ses choix. «Rev-Educ», ou le rêve de l'éducation, comme l'a indiqué Nabil Bargaoui, chargé du projet à Siliana, est un nouveau champ d'action que l'Atuge s'engage, depuis l'année dernière, à réussir dans les régions intérieures. «Siliana a été choisie comme une expérience pilote pour aider les lycéens brillants à avancer dans leurs études, sans se soucier des difficultés matérielles...», nous explique M. Bargaoui. M. Rafik Kanoun, responsable du projet «Rev-Educ», de préciser que le projet est un axe parmi d'autres que l'Atuge œuvre à généraliser à tous les gouvernorats. Il s'agit également de parrainage scolaire, d'intégration des étudiants, de promotion de la culture scolaire et d'établissement des relations de jumelage inter-lycées. L'essentiel, selon lui, est de préparer les bacheliers à intégrer la vie professionnelle par le développement des relations personnelles et par le fait de jeter les ponts d'échange et du rapprochement entre les régions. Afin de réduire les disparités sociales et culturelles et intensifier les relations de partenariat.