Deux femmes, dans une voiture, roulent à une vitesse vertigineuse. Elles ont volé un homme agonisant d'un hôpital, pour l'amener à une ville d'Asfahen. C'est l'histoire du long métrage Le soleil se lève sur tout le monde de Abbes Rifaaï, projeté jeudi dernier, à la maison de la culture Ibn-Rachiq, dans le cadre de La semaine du film iranien. Ces deux dames ne sont pas des criminelles. L'une est médecin, l'autre est une épouse accomplie qui croit aux miracles. Cette dernière n'a pas accepté la maladie de son époux et n'a jamais perdu l'espoir de sa guérison, malgré l'inefficacité des traitements médicinaux. Elle décide alors de le kidnapper. Dans ses rêves, elle a vu son amie d'enfance lui venir en aide. Elle lui envoie donc une lettre. « Janet » répond à l'appel. Abbes Rifaaï a construit son film autour de ce voyage à la quête de l'espoir. Dénoncées, les deux amies sont poursuivies par la police. Elles changent souvent d'itinéraire et évitent les routes principales, se laissant guider par une main invisible. Elles se trouvent tantôt au bord d'un lac, tantôt ou au cœur d'une forêt, ou encore au pied d'un mausolée en ruines. Chaque endroit insuffle comme des pulsations spirituelles aux personnages. On réfléchit sur le sensé et l'insensé, sur le rêve et la réalité, sur le possible et l'impossible, sur l'Homme et son Créateur... Les trois personnages paraissent parfois comme un seul être, partagé entre sa conscience, sa foi et ses maux intimes. On schématise le débat intérieur, entre croyance et doute, par la confrontation violente, surtout au début du film, entre les deux femmes. Chaque fois, le malade se met à suffoquer et à s'affaiblir reflétant peut-être la souffrance d'une âme en tourmente. Au fur et à mesure, le silence s'accroît et les idées s'éclaircissent. «Janet», le médecin, retrouve progressivement la foi. Les personnes croisées au cours de cette cavale, paraissent comme des messagers de Dieu, qui l'orientent vers une route onduleuse, pleine de brouillard et parfois sans traçage, celle de son être. Le rêve et les hallucinations rejoignent la réalité. Le sourire et l'espoir émergent des visages crispés et inquiets. Malgré le danger, la tension baisse. Le malade ouvre les yeux et prononce le nom de sa femme. Un beau miracle d'amour: un amour de soi et celui de Dieu.