Mongi Souab : nous ne connaîtrons pas la paix tant qu'Ahmed restera détenu !    Où partir sans visa quand on est Tunisien ? Le top 10 des destinations à découvrir    La Tunisie met en avant sa vision lors des dialogues approfondis sur l'éducation transnationale du British Council    La SNCFT transporte près de 780 000 tonnes de phosphate au premier semestre    Où étudier en France en 2025 ? Le top des villes pour les étudiants tunisiens    Orages violents et grêle : alerte météo cet après-midi en Tunisie    City Cars – Kia accompagne la Protection Civile de Tunis et de Sfax dans la formation aux véhicules électriques    L'UBCI soutient la créativité au Grand Défilé Annuel ESMOD Tunisie 2025    Tunisiens, ne tardez pas à déclarer et transférer vos avoirs avec « Jibaya »    Siliana : le ministre de l'Agriculture appelle à protéger la récolte de céréales    Etudier en Chine ? C'est possible grâce à un fonds tunisien qui soutient les talents arabes    Nuit de cauchemar entre Java et Bali : 30 disparus après un naufrage    Michket Slama Khaldi plaide pour une dette souveraine tournée vers le développement durable    Diogo Jota est mort : choc dans le monde du football    L'attaquant international de Liverpool Diogo Jota perd la vie dans un terrible accident de la route    Projet FEF Horizon Recherche : Vers une évaluation renforcée de la recherche scientifique en Tunisie    Wajih Dhakkar : nous gardons l'espoir de parvenir à un accord    Travaux sur le canal d'adduction à Bizerte : perturbation du service d'eau potable    Pendant que les conseils locaux rêvent, les jeunes médecins cauchemardent    Elle suffoquait : Lamia Kallel raconte trois heures de combat pour sauver une vie à l'hôpital public    Sidi Bou Saïd : vers un plan national pour prévenir les glissements de terrain    Le Front de salut national appelle à manifester le 25 juillet prochain    Slim Bouzidi : les agents de la Steg subissent des pressions constantes    Sécurité alimentaire en été : renforcement des contrôles sur les fruits, légumes, fourrages et eaux conditionnées    Expulsion, litiges, préavis : ce que tout locataire tunisien doit exiger dans son contrat    USM : Faouzi Benzarti jette l'éponge et quitte le club    Glissements de terrain à Sidi Bou Saïd : Lancement d'un plan d'urgence    Le Royaume-Uni et la Tunisie lancent un projet d'énergie propre pour les opérations de pêche artisanale    De Carthage à Mascate : Une histoire partagée, un partenariat renforcé    Kaïs Saïed menace de nouveau de remplacer les responsables par des chômeurs    Nucléaire : l'Iran suspend officiellement sa coopération avec l'AIEA    Dougga le 5 juillet : NOR.BE et 70 musiciens en live dans le théâtre antique    Les Etats-Unis cessent la livraison d'armes à l'Ukraine : Kiev vacille, Moscou à l'affût    Spinoza, Dieu et la nature à l'épreuve du Big Bang: vers une métaphysique cosmique    Vient de paraître : Paix en Palestine: Analyse du conflit israélo-palestinien de Mohamed Nafti    Tournoi scolaire de football 2025 : l'école primaire Al Mansourah à Kairouan remporte la finale nationale    Football-US Monastir : Faouzi Benzarti sur le départ?    Décès de Mrad Ben Mahmoud : Un photographe de grand talent nous quitte    Tournée de La Nuit des Chefs au Festival Carthage 2025, Festival Hammamet 2025 et à El Jem    Il ne fait rien... et pourtant il est payé : le métier le plus déroutant du monde    Trump annonce une trêve de 60 jours dans la bande de Gaza    Tunisie – Oman : Comment multiplier les 10.000 Tunisiens au Sultanat et les 97 millions de dinars d'échanges commerciaux    Amel Guellaty triomphe au Mediterrane Film Festival 2025 avec son film Where the Wind Comes From    Le programme d'aide à la publication Abdelwahab Meddeb (PAP) lancé dans sa 2ème session au titre de l'année 2025    Trump tacle Musk sur le montant des subventions qu'il touche    Vient de paraître - Paix en Palestine: Analyse du conflit israélo-palestinien de Mohamed Nafti    Wimbledon : Ons Jabeur contrainte à l'abandon après un malaise sur le court    Wimbledon 2025 : Ons Jabeur face à Viktoriya Tomova au premier tour    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



«Lourdes» de Jessica Hausner
Cinéma
Publié dans Le Temps le 28 - 07 - 2011

C'est un plan presque sorti de chez Buñuel. Une bonne sœur de dos, dont on ne voit que la cornette, joue aux cartes avec un prélat et un militaire. Pour un peu, on l'imaginerait fumer un gros cigare. Trois verres de vin sont posés sur un guéridon. Un serveur passe et propose de l'eau de Lourdes, miraculeuse. Réponse en chœur des trois attablés : «Ah non, merci.» C'est à peu près la seule franche vacherie dans le film de Jessica Hausner.
Pour le reste, la réalisatrice autrichienne se tient à une distance abandonnée, mettant face à face des plans incongrus, observant le ballet des pèlerins dans l'Accueil Notre-Dame, lieu d'hébergement des malades, étalant parfois ceux-ci sur l'herbe en plein soleil, jusqu'à ce que leur saleté humaine s'exprime en un jus de petites phrases nauséabondes. C'est de la satire lo-fi, lente, entrechoquée comme des atomes sous l'œil d'Epicure. Les pèlerins défilent, s'agrègent, débandent, entrent dans le champ, sortent au hasard. Une certaine image, dit Hausner, de cette peur «que rien de ce que l'on fait pendant notre vie n'importe. La vérité est difficile à trouver, notre vie est à la fois merveilleuse et banale».
Compétition. De fait, elle filme Lourdes comme Massimo Vitali photographie les plages, entre sadisme et sociologie. A côté des plans larges et théâtraux, Hausner use d'un autre truc buñuelien. On l'appellera le montage paranoïaque (critique). Des personnages parlent de choses un peu banales, ou du moins parlent banalement de choses un peu sérieuses. Ils semblent isolés, sans connexion avec ce qui est au-delà de l'écran. Quand, soudain, on passe à une autre image qui nous montre dans le même espace, mais un peu plus loin, un autre groupe, ou bien nous fait entendre un autre discours, qui entre en résonance avec le précédent, comme si chaque image était l'observatrice de l'autre, comme si un voyeurisme de l'attente s'était généralisé, qui mettrait chacun en contrechamp d'autrui, et en compétition avec lui.
Cette sursignification de ce qui ne fait pas sens, c'est l'histoire de Lourdes. Les gens sont rassemblés là, rien ne se passe, et ce désir même de miracle ou son impasse est ce qui les lie. Au centre, deux femmes. L'une, Christine (Sylvie Testud, meilleure actrice au European Film Award 2010 pour ce rôle), atteinte de sclérose en plaques et flottant du fond de sa chaise roulante au-dessus des choses et des êtres. Elle ne cesse de répéter qu'elle préférait son dernier pèlerinage au Vatican parce qu'au moins, à Rome, il y a de la culture. Et Cécile (la hiératique Elina Löwensohn), sœur supérieure de l'Ordre de Malte, qui mène ses ouailles avec une componction effrayante, comme si la mort elle-même guidait les hommes.
Dans cette petite comédie humaine, une troisième femme, Maria (Léa Seydoux, muette), jeune accompagnante dissipée, s'intéresse plus aux garçons qu'à Christine, dont elle a la garde et qu'elle nourrit à la cuillère.
Ebaubis. Tout le monde attend Godot, et Godot ne vient pas, même lorsque plusieurs miracles s'accomplissent sous les yeux ébaubis des pèlerins. Car le miracle est toujours incertain. La bande-annonce de Lourdes est trompeuse, qui annonce un confit de foi sur son lit de consolation. Le film est tout l'opposé. Comme l'écrit le journaliste Jean Mercier dans l'hebdomadaire chrétien la Vie, «ceux qui voudraient retrouver dans ce film l'ambiance des pèlerinages diocésains et la foi lumineuse et collective qui unit les malades et les brancardiers en seront pour leurs frais». On parle bien de la même œuvre.
Cette sursignification de ce qui ne fait pas sens, c'est l'histoire de Lourdes. Les gens sont rassemblés là, rien ne se passe, et ce désir de miracle ou son impasse est ce qui les lie.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.