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«Lourdes» de Jessica Hausner
Cinéma
Publié dans Le Temps le 28 - 07 - 2011

C'est un plan presque sorti de chez Buñuel. Une bonne sœur de dos, dont on ne voit que la cornette, joue aux cartes avec un prélat et un militaire. Pour un peu, on l'imaginerait fumer un gros cigare. Trois verres de vin sont posés sur un guéridon. Un serveur passe et propose de l'eau de Lourdes, miraculeuse. Réponse en chœur des trois attablés : «Ah non, merci.» C'est à peu près la seule franche vacherie dans le film de Jessica Hausner.
Pour le reste, la réalisatrice autrichienne se tient à une distance abandonnée, mettant face à face des plans incongrus, observant le ballet des pèlerins dans l'Accueil Notre-Dame, lieu d'hébergement des malades, étalant parfois ceux-ci sur l'herbe en plein soleil, jusqu'à ce que leur saleté humaine s'exprime en un jus de petites phrases nauséabondes. C'est de la satire lo-fi, lente, entrechoquée comme des atomes sous l'œil d'Epicure. Les pèlerins défilent, s'agrègent, débandent, entrent dans le champ, sortent au hasard. Une certaine image, dit Hausner, de cette peur «que rien de ce que l'on fait pendant notre vie n'importe. La vérité est difficile à trouver, notre vie est à la fois merveilleuse et banale».
Compétition. De fait, elle filme Lourdes comme Massimo Vitali photographie les plages, entre sadisme et sociologie. A côté des plans larges et théâtraux, Hausner use d'un autre truc buñuelien. On l'appellera le montage paranoïaque (critique). Des personnages parlent de choses un peu banales, ou du moins parlent banalement de choses un peu sérieuses. Ils semblent isolés, sans connexion avec ce qui est au-delà de l'écran. Quand, soudain, on passe à une autre image qui nous montre dans le même espace, mais un peu plus loin, un autre groupe, ou bien nous fait entendre un autre discours, qui entre en résonance avec le précédent, comme si chaque image était l'observatrice de l'autre, comme si un voyeurisme de l'attente s'était généralisé, qui mettrait chacun en contrechamp d'autrui, et en compétition avec lui.
Cette sursignification de ce qui ne fait pas sens, c'est l'histoire de Lourdes. Les gens sont rassemblés là, rien ne se passe, et ce désir même de miracle ou son impasse est ce qui les lie. Au centre, deux femmes. L'une, Christine (Sylvie Testud, meilleure actrice au European Film Award 2010 pour ce rôle), atteinte de sclérose en plaques et flottant du fond de sa chaise roulante au-dessus des choses et des êtres. Elle ne cesse de répéter qu'elle préférait son dernier pèlerinage au Vatican parce qu'au moins, à Rome, il y a de la culture. Et Cécile (la hiératique Elina Löwensohn), sœur supérieure de l'Ordre de Malte, qui mène ses ouailles avec une componction effrayante, comme si la mort elle-même guidait les hommes.
Dans cette petite comédie humaine, une troisième femme, Maria (Léa Seydoux, muette), jeune accompagnante dissipée, s'intéresse plus aux garçons qu'à Christine, dont elle a la garde et qu'elle nourrit à la cuillère.
Ebaubis. Tout le monde attend Godot, et Godot ne vient pas, même lorsque plusieurs miracles s'accomplissent sous les yeux ébaubis des pèlerins. Car le miracle est toujours incertain. La bande-annonce de Lourdes est trompeuse, qui annonce un confit de foi sur son lit de consolation. Le film est tout l'opposé. Comme l'écrit le journaliste Jean Mercier dans l'hebdomadaire chrétien la Vie, «ceux qui voudraient retrouver dans ce film l'ambiance des pèlerinages diocésains et la foi lumineuse et collective qui unit les malades et les brancardiers en seront pour leurs frais». On parle bien de la même œuvre.
Cette sursignification de ce qui ne fait pas sens, c'est l'histoire de Lourdes. Les gens sont rassemblés là, rien ne se passe, et ce désir de miracle ou son impasse est ce qui les lie.


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